Lumières sur scène où une vague de balles de ping-pong blanches la recouvrent. Telle une avalanche, tout se déverse sur les planches, donnant une atmosphère un peu surréaliste d'un monde où tout semble imaginaire. Ces petites boules blanches sont une invitation à un rêve éveillé, dans un monde où marcher devient autre, presque événementiel, car le sol devient un lieu autant de déséquilibre que de glissades heureuses.
Ils sont quatre, un couple qui s'aime plus ou moins, un homme quasiment amant de la femme et un technicien des surfaces "bouleuses" avec sa grosse pelle en forme de râteau pour tirer à lui et pousser vers l'extérieur les balles de ping-pong. L'équilibre reste donc précaire dans les déplacements. Les accessoires de décor sont poussés, emboîtés, mis en biais tels des caractères principaux d'une pièce. Ils en deviennent la colonne vertébrale. Nul mot, nul propos, nul rire, nul pleur, car tout est silence et questionnement.
Cela démarre par un comédien, avant même que le rideau ne se lève, ou alors sans doute s'est-il levé, sur une scène pas éclairée, avec un regard vers le public, un peu perdu, comme à essayer de comprendre ce qu'il fait, lui ici et nous peut-être aussi. C'est cette relation d'ambivalence qui se dégage durant toute la représentation. C'est aussi de savoir qui est qui, et quelle relation unit les personnages. On s'observe. Tout est regard et attitudes.
Ils sont quatre, un couple qui s'aime plus ou moins, un homme quasiment amant de la femme et un technicien des surfaces "bouleuses" avec sa grosse pelle en forme de râteau pour tirer à lui et pousser vers l'extérieur les balles de ping-pong. L'équilibre reste donc précaire dans les déplacements. Les accessoires de décor sont poussés, emboîtés, mis en biais tels des caractères principaux d'une pièce. Ils en deviennent la colonne vertébrale. Nul mot, nul propos, nul rire, nul pleur, car tout est silence et questionnement.
Cela démarre par un comédien, avant même que le rideau ne se lève, ou alors sans doute s'est-il levé, sur une scène pas éclairée, avec un regard vers le public, un peu perdu, comme à essayer de comprendre ce qu'il fait, lui ici et nous peut-être aussi. C'est cette relation d'ambivalence qui se dégage durant toute la représentation. C'est aussi de savoir qui est qui, et quelle relation unit les personnages. On s'observe. Tout est regard et attitudes.
Parfois, au travers de vidéos, un peu désuètes, qui donnent, de façon décalée, une profondeur cinématographique avec un protagoniste sur les planches qui pousse l'écran sur lequel est projetée une vidéo de ce qui se joue sur le plateau pour le faire rencontrer au personnage situé à un autre endroit des planches. L'imaginaire devient réel, la fiction réalité, le film un théâtre. C'est le mariage entre ces mondes, à la frontière desquels un comédien se situe autant dans le film que dans un décor de théâtre.
La représentation est découpée en tableaux pouvant exister seuls à seuls et sans qu'il y ait réellement une continuité entre eux. Et pourtant tout se suit, comme dans une trame avec un début et une fin. Si on les reprenait tous pour les mélanger dans un grand saladier artistique pour les en ressortir, l'ordre, même différent, ferait l'affaire. Car qu'est-ce qui prime avant tout ? Ce n'est pas un lien de cause à effet qui amène à une action, grande ou petite, parce qu'ici, point d'action, du moins finie, car tout est en suspens. Seules existent des situations avec des protagonistes souvent fixes dans des relations où la présence de chacun suffit presque.
Il y a peu de déplacement. Les caractères ne se parlent pas et sont à distance, sauf pour le couple où l'homme a quelques touchés vers la femme, réfrénés ensuite par elle. Les gestuelles font paroles, répliques, conversations sans pour autant que celles-ci soient volubiles. Tout est concis, sans fioritures.
La représentation est découpée en tableaux pouvant exister seuls à seuls et sans qu'il y ait réellement une continuité entre eux. Et pourtant tout se suit, comme dans une trame avec un début et une fin. Si on les reprenait tous pour les mélanger dans un grand saladier artistique pour les en ressortir, l'ordre, même différent, ferait l'affaire. Car qu'est-ce qui prime avant tout ? Ce n'est pas un lien de cause à effet qui amène à une action, grande ou petite, parce qu'ici, point d'action, du moins finie, car tout est en suspens. Seules existent des situations avec des protagonistes souvent fixes dans des relations où la présence de chacun suffit presque.
Il y a peu de déplacement. Les caractères ne se parlent pas et sont à distance, sauf pour le couple où l'homme a quelques touchés vers la femme, réfrénés ensuite par elle. Les gestuelles font paroles, répliques, conversations sans pour autant que celles-ci soient volubiles. Tout est concis, sans fioritures.
Car, après tout, quelle est l'histoire, la fable de ce spectacle ? Ce sont surtout des souvenirs d'Aurélien Bory quand il a vu, pour la première fois en 1994, alors qu'il avait 22 ans, "Le ciel est loin la terre aussi" mise en scène par Mladen Materic auprès duquel il s'est formé en 1998 durant deux ans en intégrant sa troupe. Il en a été marqué. Pour cette création, il s'est aidé de son metteur en scène, des comédiens de l'époque et des décors, pour rejouer une pièce devenue autre, car nourrie d'oublis, de raccourcis et d'une reconstruction influencée par sa personnalité. De l'œuvre initiale, qu'en est-il resté ? Nous n'en savons rien et ce n'est pas ce qui compte. Sauf à occulter l'intention primordiale d'Aurélien Bory qui est de construire sa propre version en s'aidant de son propre cheminement artistique. Un hommage autant à l'œuvre qu'à Mladen Materic.
Créé le 27 septembre 2019 au Théâtre Garonne (Toulouse), dans le lieu où avait été joué "Le ciel est loin la terre aussi", le spectacle dégage un rayonnement presque irréel, oscillant entre théâtre et mouvements pouvant s'apparenter à de la danse et du mime. Un spectacle corporel où le geste en est l'alpha et l'oméga, le regard en étant la grammaire. Audacieux et inspirant !
Créé le 27 septembre 2019 au Théâtre Garonne (Toulouse), dans le lieu où avait été joué "Le ciel est loin la terre aussi", le spectacle dégage un rayonnement presque irréel, oscillant entre théâtre et mouvements pouvant s'apparenter à de la danse et du mime. Un spectacle corporel où le geste en est l'alpha et l'oméga, le regard en étant la grammaire. Audacieux et inspirant !
"Je me souviens le ciel est loin la terre aussi"
Conception, scénographie, mise en scène : Aurélien Bory, Mladen Materic.
Avec : Aurélien Bory, Haris Haka Resic, Jelena Covic, Mickael Godbille.
Composition musicale : Joan Cambon.
Création lumière : Arno Veyrat.
Conception technique décor : Pierre Dequivre.
Construction décors : Pierre Pailles, Jérémy Sanfourche, Olivier Jeannoutot.
Peinture : Isadora De Ratuld
Accessoires : Stéphane Chipeaux-Dardé.
Costumes : Manuela Agnesini.
Régie générale et lumière : Thomas Dupeyron.
Régie plateau : Mickael Godbille, Yarol Stuber-Ponsot.
Régie son : Stéphane Ley.
Production Compagnie 111.
Durée : 1 h 15.
Le spectacle s'est joué du 24 novembre au 3 décembre 202.
Au Monfort théâtre, Grande salle, Paris 15e, 01 56 08 33 88.
Avec : Aurélien Bory, Haris Haka Resic, Jelena Covic, Mickael Godbille.
Composition musicale : Joan Cambon.
Création lumière : Arno Veyrat.
Conception technique décor : Pierre Dequivre.
Construction décors : Pierre Pailles, Jérémy Sanfourche, Olivier Jeannoutot.
Peinture : Isadora De Ratuld
Accessoires : Stéphane Chipeaux-Dardé.
Costumes : Manuela Agnesini.
Régie générale et lumière : Thomas Dupeyron.
Régie plateau : Mickael Godbille, Yarol Stuber-Ponsot.
Régie son : Stéphane Ley.
Production Compagnie 111.
Durée : 1 h 15.
Le spectacle s'est joué du 24 novembre au 3 décembre 202.
Au Monfort théâtre, Grande salle, Paris 15e, 01 56 08 33 88.