Une table faisant face au public, avec deux chaises de chaque côté et une bouteille remplie d'eau où dialoguent côte à côte un vieil homme, cynique et désabusé, et une jeune femme, grave.
Le texte est d'Éric Fottorino, journaliste et écrivain français. Il a dirigé Le Monde (de 2007 à 2011) puis est devenu cofondateur de l'hebdomadaire "Le 1" et les trimestriels "Zadig", "America" (paru de 2017 à 2021 durant le mandat de Trump) et "Légende".
On ne sait rien de ces deux personnages. Ni leur nom, ni leur statut social, ni leur métier sauf l'activité macabre, pour le vieil homme, de pêcher des "migrants" noyés dans la Méditerranée. Par cette approche à dessein de non-précision, l'auteur représente ainsi ce néant humanitaire dans lequel beaucoup d'États, de gouvernements et de politiques européens se sont engouffrés pour refuser d'ouvrir dignement à ceux-ci leurs frontières. Sauf à leur jeter discrédit et anathèmes pour les trier très drastiquement en alimentant une peur feinte ou réelle, mais assurément calculée, de fantasmes de terrorisme et de "viols sur nos femmes et nos filles".
Le texte est d'Éric Fottorino, journaliste et écrivain français. Il a dirigé Le Monde (de 2007 à 2011) puis est devenu cofondateur de l'hebdomadaire "Le 1" et les trimestriels "Zadig", "America" (paru de 2017 à 2021 durant le mandat de Trump) et "Légende".
On ne sait rien de ces deux personnages. Ni leur nom, ni leur statut social, ni leur métier sauf l'activité macabre, pour le vieil homme, de pêcher des "migrants" noyés dans la Méditerranée. Par cette approche à dessein de non-précision, l'auteur représente ainsi ce néant humanitaire dans lequel beaucoup d'États, de gouvernements et de politiques européens se sont engouffrés pour refuser d'ouvrir dignement à ceux-ci leurs frontières. Sauf à leur jeter discrédit et anathèmes pour les trier très drastiquement en alimentant une peur feinte ou réelle, mais assurément calculée, de fantasmes de terrorisme et de "viols sur nos femmes et nos filles".
C'est toute cette honte qu'Éric Fottorino rappelle dans cette fable cruelle. Il donne aussi certaines précisions, comme ce triage inhumain effectué par les pays, pour essayer de débusquer hypothétiquement chez les enfants des adultes qui auraient maquillé leur âge afin d'être considérés comme des mineurs, et les rejeter beaucoup plus facilement.
Jacques Weber incarne ce vendeur qui pêche lui-même ces corps plus ou moins esquintés comme il le dit. Lola Blanchard, de son côté, est la jeune femme qui visite les lieux en posant des questions sur les cadavres entassés et répertoriés selon leur nationalité.
Qui est-elle ? Et que veut-elle ? À ces questions, le vieil homme, qui symbolise l'attitude des puissances occidentales et qui profite d'une situation dramatique pour créer un commerce macabre en écho aux politiques déshumanisantes d'exclusion et de rejet de très nombreux pays, donne une réponse sans détours.
Jacques Weber incarne ce vendeur qui pêche lui-même ces corps plus ou moins esquintés comme il le dit. Lola Blanchard, de son côté, est la jeune femme qui visite les lieux en posant des questions sur les cadavres entassés et répertoriés selon leur nationalité.
Qui est-elle ? Et que veut-elle ? À ces questions, le vieil homme, qui symbolise l'attitude des puissances occidentales et qui profite d'une situation dramatique pour créer un commerce macabre en écho aux politiques déshumanisantes d'exclusion et de rejet de très nombreux pays, donne une réponse sans détours.
Elle veut voir de ses propres yeux pour s'émouvoir, hypocritement, d'une tragédie sans agir, en fermant les yeux pour l'accuser, lui, de mettre ses mains dans le cambouis quand elle, de mains, elle n'en a pas. Il débarrasse ainsi l'Europe de ce qu'elle ne désire pas voir ni accepter. Au travers de ses colères et de ses propos, il exprime aussi le fait de nettoyer l'Europe de sa honte, selon lui, en faisant disparaître les "migrants".
L'importance et la justesse du texte sont servies avec beaucoup d'émotion et de force. Celui-ci est puissant, émouvant et pose un constat sans concessions. Chaque mot, chaque réplique, chaque phrase portent un message et font écho à l'actualité. Ayant parfois sous les yeux le texte, Weber et Blanchard en font une lecture incarnée, par moments, sans pour autant que l'émotion et le propos ne perdent en qualité.
Ce sont ainsi deux personnages dont l'un assume de façon détachée et cruelle la situation en en profitant quand l'autre ne veut rien assumer, mais s'en émeut. Fottorino montre ses deux visages qui caractérisent et amplifient la tragédie actuelle qui se déroule sous nos yeux en Méditerranée.
L'importance et la justesse du texte sont servies avec beaucoup d'émotion et de force. Celui-ci est puissant, émouvant et pose un constat sans concessions. Chaque mot, chaque réplique, chaque phrase portent un message et font écho à l'actualité. Ayant parfois sous les yeux le texte, Weber et Blanchard en font une lecture incarnée, par moments, sans pour autant que l'émotion et le propos ne perdent en qualité.
Ce sont ainsi deux personnages dont l'un assume de façon détachée et cruelle la situation en en profitant quand l'autre ne veut rien assumer, mais s'en émeut. Fottorino montre ses deux visages qui caractérisent et amplifient la tragédie actuelle qui se déroule sous nos yeux en Méditerranée.
"Vous désespérez de Dieu quand moi je désespère des hommes", c'est par cette réplique que se finit cette tragique et très belle pièce. À saluer aussi, au-delà de la qualité de jeu des deux artistes, la dignité qu'ils ont eue de ne pas revenir sur scène pour un rappel coutumier malgré les applaudissements nourris, le propos ne s'y prêtant pas.
Depuis 2014, plus de vingt mille personnes sont mortes en essayant de traverser sur des embarcations de fortune la Méditerranée pour fuir la torture, l'extorsion, la détention, le viol et/ou les travaux forcés.
Bien que cette actualité disparaisse de plus en plus de nos écrans, l'année 2021 a été la plus meurtrière depuis 2015 avec plus de quatre mille quatre cents morts ou disparus en mer.
Toutes les recettes des représentations sont reversées à SOS Méditerranée.
Depuis 2014, plus de vingt mille personnes sont mortes en essayant de traverser sur des embarcations de fortune la Méditerranée pour fuir la torture, l'extorsion, la détention, le viol et/ou les travaux forcés.
Bien que cette actualité disparaisse de plus en plus de nos écrans, l'année 2021 a été la plus meurtrière depuis 2015 avec plus de quatre mille quatre cents morts ou disparus en mer.
Toutes les recettes des représentations sont reversées à SOS Méditerranée.
"La Pêche du jour"
Texte : Éric Fottorino.
Mise en voix : Jean-Michel Ribes.
Avec : Lola Blanchard et Jacques Weber.
Durée : 1 h.
Du 21 janvier au 19 février 2022.
Du vendredi au samedi à 18 h 30.
Théâtre du Rond-Point, Salle Jean Tardieu, Paris 8e, 01 44 95 98 00 .
>> theatredurondpoint.fr
Pour faire un don à SOS Méditerranée :
>> don.sosmediterranee.org
Mise en voix : Jean-Michel Ribes.
Avec : Lola Blanchard et Jacques Weber.
Durée : 1 h.
Du 21 janvier au 19 février 2022.
Du vendredi au samedi à 18 h 30.
Théâtre du Rond-Point, Salle Jean Tardieu, Paris 8e, 01 44 95 98 00 .
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