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Une politique de la chaise vide pour nos festivals ?  24/03/2021

Les festivals à jauge debout ne se voient toujours laisser aucun autre choix que de forcer leur public à s'asseoir ou d'annuler leur édition 2021. Les organisateurs de ces festivals en appellent une dernière fois au ministère et mobilisent leurs publics.

Au-delà de la logistique coûteuse et complexe qu'implique pour ces organisateurs la mise en place d'une configuration assise, et leur réduction à 5 000 spectateurs avec distanciation, cette disposition dénature l'essence même de leurs festivals.

Comme en témoignent plusieurs sondages récents, en lien avec le "Dehors en Citoyen", nouveau slogan du gouvernement face au Covid, si les festivaliers dans leur immense majorité acceptent les règles sanitaires (port du masque et présentation d'un résultat de test notamment), ils désapprouvent le fait d'être privés de festivals en raison des règles du jeu fixées par le ministère de la Culture.

Ces règles s'imposent, alors même que les producteurs de spectacle sont actuellement engagés dans l'organisation d'expérimentations sous la forme de concerts-tests précisément pour permettre la tenue de spectacles debout dans les meilleures conditions sanitaires possibles, et tandis que d'autres secteurs (transports en commun, commerces, etc.) permettent déjà cette proximité debout, sans que cette situation n'interroge.

Aujourd'hui, partout en France, les organisateurs de festivals à jauge debout sollicitent le soutien de leurs publics : ils les appellent à relayer des photos représentant des chaises vides, prises sur le site même de leurs festivals favoris. Le message adressé au gouvernement est le suivant :

Le ministère de la Culture impose aux festivals des conditions impossibles à tenir, en limitant le nombre de spectateurs et en les forçant à rester assis.
Soutenez-nous en partageant cette publication ! #deboutlesfestivals


Le hashtag #deboutlesfestivals accompagnera la diffusion de ces messages sur les réseaux sociaux, portés par les organisateurs de festivals à jauge debout. La chaise, imposée par le ministère de la Culture, restera vide : dans leurs versions initiales, les festivals concernés par cette mobilisation se tiendront debout ou ne se tiendront pas !

Les jours à venir seront décisifs pour ces festivals. Les organisateurs de festivals devaient rencontrer la ministre de la Culture ce mardi 23 mars, réunion reportée - à cette occasion, nous souhaitons un prompt rétablissement à Madame la Ministre Roselyne Bachelot. Si les règles qui s'imposent à eux n'évoluent pas, et si aucun calendrier à moyen terme n'est proposé (le schéma de reprise présenté par le gouvernement en février ne concernant pas les spectacles à jauge debout), ce seront des centaines de milliers de festivaliers, dont une majorité de jeunes, qui seront privés de leurs festivals un été de plus. Les délais incompressibles d'organisation seront en effet bientôt trop courts pour permettre aux organisateurs de confirmer et maintenir les festivals cet été.

Communiqué de presse du PRODISS du 23 mars 2021.

#DEBOUTLESFESTIVALS
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La Rédaction

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"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
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"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

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Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

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