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Nomination de Julien Gosselin à la direction du Théâtre national de l'Odéon - Théâtre de l'Europe  21/06/2024

© Simon Gosselin
Sur proposition de Rachida Dati, ministre de la Culture, le Président de la République a décidé de nommer Julien Gosselin à la direction du Théâtre national de l'Odéon - Théâtre de l'Europe.

Julien Gosselin naît en 1987 et grandit dans le Pas-de-Calais. Il se forme à l'École Professionnelle Supérieure d'Art Dramatique (ESPAD) de Lille sous la direction de Stuart Seide, désormais devenue École du Nord - Théâtre du Nord. En 2009, il fonde avec six comédiens de sa promotion sa compagnie "Si vous pouviez lécher mon cœur" et crée en 2010 "Gênes 01" de Fausto Paravidino au Théâtre du Nord.

Son adaptation du roman de Michel Houellebecq, "Les particules élémentaires", créé l'événement lors de l'édition 2013 du Festival d'Avignon. Le spectacle est présenté au Théâtre de l'Odéon en octobre 2014 et le propulse, à 26 ans, sur la scène internationale.

Présenté en France, en Europe et à travers le monde, son travail se caractérise par des traversées romanesques magistrales, servies par l'écriture d'un langage scénique où la vidéo tient une place importante. Ses mises en scène en 2016 de "2666", roman-fleuve de Roberto Bolaño, lauréat du Grand Prix de la critique ou, en 2018, de trois romans de Don DeLillo – "Les Noms", "Joueurs" et "Mao II" – imposent son style. Artiste associé à la Volksbühne de Berlin, il poursuit son exploration d'un théâtre rebelle et radical, ancré en Europe, où se croisent cultures et langues différentes. En 2023, avec les actrices et acteurs de la Volksbühne, il créait "Extinction" d'après Thomas Bernhard et Arthur Schnitzler.

Le projet de Julien Gosselin pour le Théâtre national de l'Odéon s'inscrit donc dans une approche résolument tournée vers l'Europe et vers la création, sous toutes ses formes. Il souhaite, grâce à la polyvalence offerte par le théâtre de l'Odéon et les Ateliers Berthier, proposer une programmation ouverte aux artistes du monde entier, à des concerts et des conférences sur le site historique, et écrire des temps forts de festivals aux Ateliers Berthier. Julien Gosselin, qui enseigne au Théâtre national de Strasbourg et au Conservatoire national supérieur d'art dramatique, entend ouvrir le théâtre aux étudiants en théâtre et organiser des rencontres avec des personnalités du monde artistique et intellectuel, pour faire de l'Odéon un lieu d'échanges.

Julien Gosselin prendra ses fonctions au 15 juillet 2024, pour un mandat de cinq ans. Il succèdera à Stéphane Braunschweig dont Rachida Dati salue la vision et l'ouverture à une jeune génération d'artistes et en particulier de femmes metteuses en scène, comme Caroline Guiela Nguyen, Tiphaine Raffier ou encore Rebecca Chaillon, mais aussi son énergie déployée à développer des coproductions à l'international pour affirmer l'identité européenne du théâtre.
La Rédaction

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"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
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"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024