La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.

Les Appels d’Offres : Piège et Arnaque en bande organisée  07/11/2011

Depuis quelques années, nous recevons toutes sortes d’appels d’offres relayés par des institutions comme les Centres de Ressources et le CND. Ce système, apparemment bienveillant car ouvert à tous, peut s’avérer un piège redoutable lorsque l’appel ne respecte pas le code du travail de notre profession.

En effet, certains organisateurs peu scrupuleux utilisent ces appels d’offres pour sélectionner des œuvres et les intégrer dans leur programmation sans aucune rémunération.

Par exemple, dans l’intitulé d’une offre, nous lisons que, sous des prétextes fallacieux de "la rencontre des arts, de l’ouverture et l’accessibilité à tous en offrant une large diversité de propositions, de l’expérimentation de processus de création artistique autour du thème qui lui est cher : le Corps", les conditions pour être programmé sont les suivantes : "le lieu étant mis à disposition, les participants bénéficieront d’un temps de répétition, de création lumière, d’échanges en amont et en aval de l’événement. Le Théâtre met également en place un programme de communication et une mise en réseau auprès des diffuseurs".

Il est déjà peu honorable qu’un théâtre fasse jouer l’offre et la demande pour construire un événement au lieu de faire un réel travail de programmation. Nous estimons encore plus honteux de considérer les œuvres comme des marchandises en se cachant derrière de bons sentiments.
Nous voyons de plus en plus souvent ce type de proposition de programmation à moindre coût.
Nous considérons qu’il est scandaleux d’envisager une programmation artistique sans aucune contrepartie pour les artistes. Par contre, l’organisateur verse les salaires des techniciens et de l’administrateur du lieu : Cherchez l’erreur !

Le syndicat Chorégraphes Associés dénonce ces abus et exige des théâtres et des organisations, qui pratiquent les appels d’offres, une conformité aux règles du droit du travail dans le spectacle vivant, c’est-à-dire une rémunération des structures produisant des spectacles, dans le cadre d’une programmation organisée avec une billetterie.
Le syndicat demande à tous les organismes d’État tels que les DRAC, le Centre National de la Danse ainsi qu’à toutes les institutions, de ne pas relayer ces appels d’offres frauduleux afin de ne pas favoriser ces pratiques douteuses, malveillantes et illégales.

Le syndicat Chorégraphes Associés maintiendra sa vigilance et appelle tous les chorégraphes à s’insurger contre ces pratiques. Les accepter, c’est signer la mort de notre métier à brève échéance.

Chorégraphes, ne vous laissez pas tenter, ce sont des illusions conçues par des programmateurs qui se font une réputation sur notre dos. Merci de nous tenir informés lorsqu’une situation semblable se présente.

Communiqué du syndicat Chorégraphes Associés, le 6 novembre 2011.

Chorégraphes Associés - Maison des Auteurs
7, rue Ballu, Paris 9e.
choregraphes.associes@yahoo.fr
>> www.choregraphesassocies.org

Photo : "L'ombre des jumeaux", chorégraphie de Michel Kelemenis © Gil Chauveau.
La Rédaction

Nouveau commentaire :






Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024