Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.
Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.
La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.
Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.
La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.
Plus qu'un théâtre de l'absurde, il s'agit ici d'un théâtre à la recherche de nos humanités perdues, de nos relations détruites, dans une société se confortant dans la rupture grandissante des échanges humains, de nos rapports à la vie sociale. Ainsi, le choix de cette pièce par Pierre Val (également à la traduction et à la mise en scène) est plus que judicieux, le propos d'Albee n'étant pas démenti par le cauchemar vers lequel nous courons, bernés par les nouvelles technologies et la prolifération d’écrans qui, en réalité, nous isolent davantage des autres chaque jour.
Pour porter ce texte à la structure dramatique dense et rythmée, il fallait le couple Sylvain Katan et Pierre Val, complices depuis plus de vingt ans et ayant acquis une capacité à capter, écouter, tels des musiciens, chaque respiration, chaque mouvement, chaque niveau d'intensité dans les attitudes de l'autre, et à en comprendre la signification pour en donner la juste réplique. Tous deux interprètent cette partition avec exactitude, usant de toutes les possibilités qu'offre l'écriture d'Albee, sa musicalité, sa forme narrative frontale.
"Zoo Story" est une proposition bienvenue en ce début de rentrée théâtrale qui, finalement, au travers de ce récit à la dualité antagonique, nous rappelle qu'il est encore temps et possible de vivre ensemble !
Pour porter ce texte à la structure dramatique dense et rythmée, il fallait le couple Sylvain Katan et Pierre Val, complices depuis plus de vingt ans et ayant acquis une capacité à capter, écouter, tels des musiciens, chaque respiration, chaque mouvement, chaque niveau d'intensité dans les attitudes de l'autre, et à en comprendre la signification pour en donner la juste réplique. Tous deux interprètent cette partition avec exactitude, usant de toutes les possibilités qu'offre l'écriture d'Albee, sa musicalité, sa forme narrative frontale.
"Zoo Story" est une proposition bienvenue en ce début de rentrée théâtrale qui, finalement, au travers de ce récit à la dualité antagonique, nous rappelle qu'il est encore temps et possible de vivre ensemble !
"Zoo Story"
Texte : Edward Albee.
Traduction : Pierre Val.
Mise en scène : Pierre Val.
Avec : Sylvain Katan et Pierre Val.
Lumières : François Loiseau.
Durée : 1 h 10.
Production Théâtre de Poche-Montparnasse.
À partir du 1er septembre 2023.
Du mardi au samedi à 21 h, dimanche à 17 h.
Théâtre de Poche Montparnasse, Paris 6e, 01 45 44 50 21.
>> theatredepoche-montparnasse.com
Traduction : Pierre Val.
Mise en scène : Pierre Val.
Avec : Sylvain Katan et Pierre Val.
Lumières : François Loiseau.
Durée : 1 h 10.
Production Théâtre de Poche-Montparnasse.
À partir du 1er septembre 2023.
Du mardi au samedi à 21 h, dimanche à 17 h.
Théâtre de Poche Montparnasse, Paris 6e, 01 45 44 50 21.
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