La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Concerts

Vassilis Varvaresos, le plus français des pianistes grecs en récital à Gaveau

Le jeune pianiste Vassilis Varvaresos, né à Thessalonique et parisien d'adoption depuis ses études au CNSMD de Paris avec Michel Dalberto, donnera un récital consacré à l'esprit de Vienne et à la valse, le 15 mai Salle Gaveau.



© DR.
© DR.
"Apothéose de la Valse", c'est sous ce titre ravélien qu'a été dévoilé le programme du récital parisien du pianiste Vassilis Varvaresos, trente-cinq ans (il est né en 1983), et déjà une réputation d'artiste à suivre bien établie. Il a étudié à la Juilliard School et donc au CNSMD et il joue très souvent avec ses amis, des artistes français tels que le violoniste Noé Inui, son maître Michel Dalberto ou le violoncelliste Henri Demarquette. Ce pianiste grec très francophile pense son instrument et ses possibilités comme "le plus métaphysique et transcendant" de tous - on ne lui donnera pas tort.

Il s'est distingué très jeune en réussissant de nombreux concours, ce qui lui vaut l'honneur de jouer (en tant qu'espoir du clavier) pour Barack Obama et ses invités à la Maison Blanche. Les critiques lui reconnaissent virtuosité, engagement et haute inspiration dans le répertoire romantique et moderne.

Le 15 mai, à l'occasion de la sortie d'un nouveau CD chez Aparté ("Valse"), Vassilis Varvarasos donnera un récital qui reprendra en grande partie le programme de son dernier enregistrement - qui sortira au même moment. La valse (sans Chopin dans ce programme), cette danse fondée sur un rythme à trois temps, est comme l'émanation presque mythique de l'esprit viennois au XIXe siècle. Elle relève surtout pour le pianiste d'une spiritualité et d'un "esprit dionysiaque" ; un esprit confirmé par le choix d'un fil de compositeurs qui court de Beethoven à Ravel - preuve s'il en était du grand avenir au XXe siècle de cette forme.

© DR.
© DR.
Le pianiste a choisi de réunir la Sonate n° 26 opus 81 A, dite "Les Adieux", composée entre 1809 et 1810 pour son élève l'archiduc Rodolphe. Son premier mouvement construit sur un motif rythmique de trois notes (formant les trois syllabes de "lebewohl") est célèbre. Ce sera ensuite aux "Scènes de Carnaval de Vienne" opus 26 de Schumann (composées en 1839) de déployer leur redoutable défi technique pour l'interprète. Elles citent de surcroît "La Marseillaise" dans leur premier mouvement, l'opus 26 de Beethoven précédemment donné et la "Valse noble" de Schubert. Un des sommets de la sonate romantique dans l'esprit de la fantaisie.

La réécriture par Liszt d'une "Soirée de Vienne" de Schubert, pièce dans laquelle le pianiste a élu la septième de ces neuf valses, sera l'occasion pour ce dernier de montrer énergie et souffle. Un souffle et une énergie bien nécessaires pour la valse suivante. La "Mephisto Waltz" n°1 composée par Liszt entre 1859 et 1881 met en musique la scène de banquet du "Faust" de Lenau. C'est une danse diabolique (Méphisto fait danser la noce) qui permettra à Vassilis Varvaresos de montrer l'étendue de sa virtuosité.

© DR.
© DR.
Scriabine ("Valse" opus 38) et Ravel ("La Valse") concluront ce programme, tels des héritiers de ces grands ancêtres germaniques. Elle devient même pour le compositeur du "Boléro" un "tournoiement fantastique et fatal". Rendez-vous le 15 mai avec le pianiste grec qui devrait ainsi gagner sa légitime place dans l'affection du public français.

Récital le 15 mai 2018 à 20 h 30.
Salle Gaveau.
45-47, rue de la Boétie, Paris 8e.
Tél. : 01 49 53 05 07.
>> sallegaveau.com

Christine Ducq
Samedi 21 Avril 2018

Nouveau commentaire :

Concerts | Lyrique





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.







À Découvrir

"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres !

© DR.
Ce spectacle, c'est avant tout un livre publié par les Éditions Flammarion en 2019 et qui a reçu en 2021 le 1er prix " La Science se livre". L'auteur en est Manu Houdart, professeur de mathématiques belge et personnage assez emblématique dans son pays. Manu Houdart vulgarise les mathématiques depuis plusieurs années et obtient le prix de " l'Innovation pédagogique" qui lui est décerné par la reine Paola en personne. Il crée aussi la maison des Maths, un lieu dédié à l'apprentissage des maths et du numérique par le jeu.

Chaque chapitre de cet ouvrage se clôt par un "Waooh" enthousiaste. Cet enthousiasme opère aussi chez les spectateurs à l'occasion de cet one-man-show exceptionnel. Un spectacle familial et réjouissant dirigé et mis en scène par Thomas Le Douarec, metteur en scène du célèbre spectacle "Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus".

N'est-ce pas un pari fou que de chercher à faire aimer les mathématiques ? Surtout en France, pays où l'inimitié pour cette matière est très notoire chez de nombreux élèves. Il suffit pour s'en faire une idée de consulter les résultats du rapport PISA 2022. Rapport édifiant : notre pays se situe à la dernière position des pays européens et avant-dernière des pays de l'OCDE.
Il faut urgemment reconsidérer les bases, Monsieur le ministre !

Brigitte Corrigou
12/04/2025
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024