La Revue du Spectacle : Votre saison se démarque de la ligne artistique de Jean-Michel Ribes axée sur les écritures contemporaines. Est-ce une saison de transition ?
Stéphane Ricordel : C'est une année de transition évidemment, car c'est la première.
Laurence de Magalhaes : Au départ, les écritures contemporaines étaient la marque de Jean-Michel, mais, au fil du temps, la programmation est devenue plus éclectique, avec du cirque, de la musique… Il y avait un côté un peu hybride, comme au Monfort. Il a quand même programmé Les Chiens de Navarre…
S. R. : D'ailleurs, nous allions souvent voir des spectacles au Rond-Point et Jean-Michel venait aussi beaucoup au Monfort.
L. D. M. : Oui, parce qu'il est comme nous, il aime prendre des risques. Il est joueur. Et nous sommes très joueurs. Si nous ne programmons que des choses carrées, déjà vues, c'est facile. Mais ce n'est pas ça le métier de directeur ; il nous faut prendre des risques, être des découvreurs, des défricheurs.
Stéphane Ricordel : C'est une année de transition évidemment, car c'est la première.
Laurence de Magalhaes : Au départ, les écritures contemporaines étaient la marque de Jean-Michel, mais, au fil du temps, la programmation est devenue plus éclectique, avec du cirque, de la musique… Il y avait un côté un peu hybride, comme au Monfort. Il a quand même programmé Les Chiens de Navarre…
S. R. : D'ailleurs, nous allions souvent voir des spectacles au Rond-Point et Jean-Michel venait aussi beaucoup au Monfort.
L. D. M. : Oui, parce qu'il est comme nous, il aime prendre des risques. Il est joueur. Et nous sommes très joueurs. Si nous ne programmons que des choses carrées, déjà vues, c'est facile. Mais ce n'est pas ça le métier de directeur ; il nous faut prendre des risques, être des découvreurs, des défricheurs.
En quoi votre programmation au Rond-Point diffère-t-elle de celle déjà pluridisciplinaire du Monfort ?
L. D. M. : Elle change du fait que nous avons une salle de 700 places, et plus de moyens aussi. Nous pouvons donc aller sur des têtes d'affiche un peu plus importantes, par exemple, la chorégraphe cap-verdienne Marlene Monteiro Freitas.
S. R. : Nous allons pouvoir prendre davantage d'artistes étrangers et de plus gros plateaux. En revanche, notre patte pluridisciplinaire restera. Ce qui diffère, ce sont les textes, avec le Comité de lecture et la piste d'envol [NDLR, des lectures d'auteurs contemporains proposées en entrée libre à 12 h 30] qui font partie de l'ADN de ce théâtre et que nous allons garder, tout en les faisant évoluer.
L. D. M. : La piste d'envol fait partie des choses que nous venions voir au Rond-Point. C'est important pour de jeunes auteurs de pouvoir se montrer. On y découvre souvent des petits chefs-d'œuvre. Là, nous défendons les textes contemporains.
S. R. : En fait, nous gardons tout, mais en y mettant notre touche. Par exemple, pour les lectures d'auteurs contemporains, nous allons passer commande à des auteurs étrangers pour qu'ils écrivent, dans le cadre des JO, sur un sport ou un sportif de leur pays.
L. D. M. : Et puis, l'équipe est également plus importante. Il y a donc plus de possibilités de faire de choses. Et nous sommes sur les Champs-Élysées, dans un cadre magnifique, avec de la verdure, à côté du Petit Palais et du Grand Palais. Nous allons sortir les spectacles hors les murs. Nous avons aussi rêvé à ce théâtre en nous disant que nous pourrions faire des choses en extérieur.
Votre programmation présente-t-elle des recoupements avec celle du Festival Paris l'été que vous dirigez depuis 2016 ?
L. D. M. : Oui. Nous avons, par exemple, découvert la danse grâce au festival. La danseuse et chorégraphe Sharon Eyal, présente cette saison au Rond-Point, a été programmée à Paris l'été. Il y a des artistes que nous avons programmés dans le cadre du festival parce que nous n'avions pas les moyens de le faire au Monfort et nous les avons ramenés ici. Dans notre programmation, on va retrouver du Paris l'été, du Monfort et du Rond-Point. Christophe Alévêque, un fidèle du lieu, est programmé en même temps que le Birgit Kabarett qui fait aussi du politiquement incorrect, mais avec un discours de femme de 40 ans, engagée et féministe, et un public plus jeune. C'est pareil avec Emma Dante ou Kery James. Nous ne sommes pas là pour enlever le passé. Au contraire, nous vivons avec le passé.
L. D. M. : Elle change du fait que nous avons une salle de 700 places, et plus de moyens aussi. Nous pouvons donc aller sur des têtes d'affiche un peu plus importantes, par exemple, la chorégraphe cap-verdienne Marlene Monteiro Freitas.
S. R. : Nous allons pouvoir prendre davantage d'artistes étrangers et de plus gros plateaux. En revanche, notre patte pluridisciplinaire restera. Ce qui diffère, ce sont les textes, avec le Comité de lecture et la piste d'envol [NDLR, des lectures d'auteurs contemporains proposées en entrée libre à 12 h 30] qui font partie de l'ADN de ce théâtre et que nous allons garder, tout en les faisant évoluer.
L. D. M. : La piste d'envol fait partie des choses que nous venions voir au Rond-Point. C'est important pour de jeunes auteurs de pouvoir se montrer. On y découvre souvent des petits chefs-d'œuvre. Là, nous défendons les textes contemporains.
S. R. : En fait, nous gardons tout, mais en y mettant notre touche. Par exemple, pour les lectures d'auteurs contemporains, nous allons passer commande à des auteurs étrangers pour qu'ils écrivent, dans le cadre des JO, sur un sport ou un sportif de leur pays.
L. D. M. : Et puis, l'équipe est également plus importante. Il y a donc plus de possibilités de faire de choses. Et nous sommes sur les Champs-Élysées, dans un cadre magnifique, avec de la verdure, à côté du Petit Palais et du Grand Palais. Nous allons sortir les spectacles hors les murs. Nous avons aussi rêvé à ce théâtre en nous disant que nous pourrions faire des choses en extérieur.
Votre programmation présente-t-elle des recoupements avec celle du Festival Paris l'été que vous dirigez depuis 2016 ?
L. D. M. : Oui. Nous avons, par exemple, découvert la danse grâce au festival. La danseuse et chorégraphe Sharon Eyal, présente cette saison au Rond-Point, a été programmée à Paris l'été. Il y a des artistes que nous avons programmés dans le cadre du festival parce que nous n'avions pas les moyens de le faire au Monfort et nous les avons ramenés ici. Dans notre programmation, on va retrouver du Paris l'été, du Monfort et du Rond-Point. Christophe Alévêque, un fidèle du lieu, est programmé en même temps que le Birgit Kabarett qui fait aussi du politiquement incorrect, mais avec un discours de femme de 40 ans, engagée et féministe, et un public plus jeune. C'est pareil avec Emma Dante ou Kery James. Nous ne sommes pas là pour enlever le passé. Au contraire, nous vivons avec le passé.
Votre direction à deux têtes n'est pas sans rappeler une autre direction bicéphale. Quel est, pour vous, l'héritage du couple Renaud-Barrault (1981-1991) ?
L. D. M. : Le Rond-Point est un lieu emblématique que tout le monde connaît. Et c'est ça qui est joli, c'est qu'il y a eu plein de propositions différentes et nous, nous arrivons et nous construisons la nôtre. C'est un beau défi, stressant et excitant. Parce qu'il y a une histoire et que nous ne voulons surtout pas la nier, c'est un héritage ; et il faut amener d'autres choses tout en restant dans la cohérence du passé. Nous nous inscrivons dans une continuité. Nous sommes des passeurs. Et nous espérons laisser nos traces comme tous l'ont fait, et puis ça continuera parce que ce lieu restera. Et il y a cette charpente extraordinaire qui nous vient de Renaud-Barrault. Moi, elle m'émeut cette charpente. Dès que je passe, je la regarde. Même avant, quand je venais au Rond-Point, je m'arrêtais là bêtement à la regarder. Alors, forcément, nous pensons à eux, car ils existeront toujours avec cette charpente.
Vous avez dirigé le Monfort pendant 13 ans. Comment travaillez-vous ensemble ?
L. D. M. : Nous voyons beaucoup de spectacles, à Paris et ailleurs. Nous allons dans les festivals : Avignon, la Biennale de la danse de Lyon, le Printemps des Comédiens à Montpellier, les Marionnettes à Charleville… Nous voyons souvent les spectacles à deux. Mais il arrive aussi que Stéphane programme sans que j'ai vu, et inversement, parce que nous nous faisons totalement confiance. Dans les moments de rush, nous n'hésitons pas à nous séparer. En même temps, j'ai aussi besoin d'être dans le lieu, de sentir l'ambiance de l'équipe, du public, des artistes. Et puis, au Rond-Point, il y a une personne qui s'occupe aussi de la programmation, donc nous sommes trois.
À propos d'héritage, quel est votre premier souvenir de spectateur au Rond-Point ?
L. D. M. : Pour moi, c'est Pippo Delbono et Emma Dante. Je crois que c'est d'abord Pippo, un de ses premiers spectacles. Je m'étais dit qu'est-ce que c'est que ce truc ? J'avais trouvé ça génial. Il y a une telle folie sur le plateau...
S. R. : Et moi, c'était Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault dans "Oh les beaux jours" de Beckett. J'ai eu cette chance.
Théâtre du Rond-Point
2bis, avenue Franklin D. Roosevelt Paris 8e, 01 44 95 98 00.
>> theatredurondpoint.fr
>> Programmation
L. D. M. : Le Rond-Point est un lieu emblématique que tout le monde connaît. Et c'est ça qui est joli, c'est qu'il y a eu plein de propositions différentes et nous, nous arrivons et nous construisons la nôtre. C'est un beau défi, stressant et excitant. Parce qu'il y a une histoire et que nous ne voulons surtout pas la nier, c'est un héritage ; et il faut amener d'autres choses tout en restant dans la cohérence du passé. Nous nous inscrivons dans une continuité. Nous sommes des passeurs. Et nous espérons laisser nos traces comme tous l'ont fait, et puis ça continuera parce que ce lieu restera. Et il y a cette charpente extraordinaire qui nous vient de Renaud-Barrault. Moi, elle m'émeut cette charpente. Dès que je passe, je la regarde. Même avant, quand je venais au Rond-Point, je m'arrêtais là bêtement à la regarder. Alors, forcément, nous pensons à eux, car ils existeront toujours avec cette charpente.
Vous avez dirigé le Monfort pendant 13 ans. Comment travaillez-vous ensemble ?
L. D. M. : Nous voyons beaucoup de spectacles, à Paris et ailleurs. Nous allons dans les festivals : Avignon, la Biennale de la danse de Lyon, le Printemps des Comédiens à Montpellier, les Marionnettes à Charleville… Nous voyons souvent les spectacles à deux. Mais il arrive aussi que Stéphane programme sans que j'ai vu, et inversement, parce que nous nous faisons totalement confiance. Dans les moments de rush, nous n'hésitons pas à nous séparer. En même temps, j'ai aussi besoin d'être dans le lieu, de sentir l'ambiance de l'équipe, du public, des artistes. Et puis, au Rond-Point, il y a une personne qui s'occupe aussi de la programmation, donc nous sommes trois.
À propos d'héritage, quel est votre premier souvenir de spectateur au Rond-Point ?
L. D. M. : Pour moi, c'est Pippo Delbono et Emma Dante. Je crois que c'est d'abord Pippo, un de ses premiers spectacles. Je m'étais dit qu'est-ce que c'est que ce truc ? J'avais trouvé ça génial. Il y a une telle folie sur le plateau...
S. R. : Et moi, c'était Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault dans "Oh les beaux jours" de Beckett. J'ai eu cette chance.
Théâtre du Rond-Point
2bis, avenue Franklin D. Roosevelt Paris 8e, 01 44 95 98 00.
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