La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Pitchouns

Une comédie musicale survitaminée et réussie sur fond de message écologique

"Polluair la sorcière et le petit peuple vert", Comédie de la Passerelle, Paris

"Ce que j’ai préféré dans le spectacle ? Le spectacle ! Me dit-il d’une voix assurée du haut de ses 4 ans." Connaissez-vous la méchante sorcière ? Cheveux noirs et cœur de pierre ? Qui avait un balai aussi long que son menton ? Une voix aussi rocailleuse qu'un démon ? Des potions made in "maison", des fripes en carton et des godillots en peau de saumon ? Cauchemar ! Trois, deux, un, zéro : Au placard ! Et du balai la sorcière.



© DR.
© DR.
Enfants de 4 à 77 ans : réveillez-vous doucement…
Savez-vous à quoi ressemble la fée ? Peau douce et enveloppe de coton. Robe bleue soyeuse et yeux brillants. Pieds nus, elle se balade dans la forêt caressant de ses jolies mains la surface de la rivière, chantonnant des comptines pour ses amis les animaux et autres fleurs aux noms imaginaires...
Elle porte toujours des noms incroyables comme… Ondine ou Adryade.
Le rêve. Trois, deux, un, zéro : faites entrer les fées s’il vous plaît.

Enfants de 4 à 77 ans : ouvrez les yeux maintenant.
Le rêve devient réalité. Comédie de la Passerelle. Avec une tête blonde de trente ans mon cadet à quelques graines de sésame près… me voilà installée à ses côtés, tous deux les yeux rivés sur l’eau qui recouvre le plateau. Soyez rassurés ! Tout est faux… Ce n’est pas de l’eau qui mouille mais un magnifique tissu qui longe les abords de la scène.

Chut petits et grands… la fée dort. Paisiblement. Les oiseaux se font rares mais ils sont présents, un peu partout, on les entend.

La voilà. Elle se réveille. Adryade elle s’appelle. Ondine, et ses beaux yeux bleus, s’approche, pas légers et jeunesse éternelle.

Bien habillées, tissus recyclés s'il vous plait... belles et naturelles, elles sont sacrées les fées. Ensemble, elles se serrent les ailes pour combattre la méchante… Polluair. C'est le nom étrange de cette sorcière.

© DR.
© DR.
Polluair : Pire qu'un dégât des eaux dans un appartement Haussmannien. Pire qu'une ordure jetée sur le trottoir par un gamin. Pire qu'un lièvre chassé par un bourrin. Polluair la sorcière veut éradiquer le petit peuple vert, empoisonner les jolies fées, endormir la rivière et maltraiter la nature. Son vœu le plus cher est de voir ce paradis se transformer en enfer. Et que trône avec elle, du haut de son château, les poux, les cafards et ses amis les vers de terre.
Carnassière.

Elle a une qualité. Elle chante. L’air est drôle mais les paroles inquiètent. Voilà qu'à côté de moi, mon petit bonhomme sursaute ! Allez ! Les fées, faites-lui sa fête. Ne la laissez pas contaminer les eaux, bousiller la forêt, polluer ce paradis. Chantez-vous aussi. Oui. Elles fredonnent. Se mettent à chanter petit à petit.

Mais elle est douée cette sorcière. Pas le genre à se laisser faire. Tour à tour, mauvaise, déjantée, barrée …elle donne un spectacle survitaminé pour conquérir les bois et les rivières.

Et les fées dans tout ça ? Où sont-elles ? Apeurées ? Non. Impossible que les gentilles soient les plus faibles. Comédie de la Passerelle, on revisite les contes. Les enfants ne veulent pas que la méchante l’emporte. Les petits participent, les grands aux éternelles âmes d’enfants s’en donnent à cœur de joie et a capella les "cui cui", les "baisers doux" et autres potions douces fusent de la jauge au plateau.

Et la sorcière, soudain, fait moins la maline.

J’applaudis devant tant de magie.

Dans ce spectacle écrit habilement par Corinne Aubert et mené baguette battante par Lætitia Richard (qui signe là sa première mise en scène), un trio de comédiennes s’amuse, s’éclate et passe surtout un magnifique message sur une musique tantôt endiablée, tantôt douce et animée pour le plaisir des enfants et des plus grands.

Oui, j’avoue. Mercredi après-midi, à la sortie, j’ai croisé le regard de mon petit bout de 4 ans et dans ses yeux : moi aussi j’avais 4 ans... Par les temps qui courent, ça fait beaucoup de bien.

Poudre de Perlimpinpin !

"Polluair la sorcière et le petit peuple vert"

Comédie musicale écologique de Corinne Aubert.
Mise en scène : Laetitia Richard.
Musique : Régis Delbroucq.
Avec : Angélique Pléau, Marie-Hélène Aubert, Marie Lemiale et, en alternance, Clémentine Stépanoff.
Décor : Camille Debray et Bernard Aubert.
Costumes : Sandrine Lucas et Angélique Pléau.
Par la Cie du Saut de l'Ange.
À partir de 4 ans.

Du 8 janvier au 5 février 2014.
Mercredi à 15 h et samedi à 14 h.
Du 8 février au 1er mars 2014.
Mercredi et samedi à 15 h.
Pendant les vacances scolaires de février :
du mardi au samedi à 15 h.
Comédie de la Passerelle, Paris 20e, 01 43 15 03 70.

Isabelle Lauriou
Jeudi 16 Janvier 2014

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter







À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024