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Théâtre

"Tout va bien" Notre monde emporté par le rire salvateur et désespéré du Groupe Chiendent

Dérision, autodérision et déréliction mènent la haletante sarabande écrite et jouée par Nadège Cathelineau et Julien Frégé… Mais également, dans la profondeur de leur inspiration, une noirceur brûlante mêlée à une trouille monumentale. Bref, un cocktail tonique, coloré et bien corsé.



© Christophe Raynaud de Lage.
© Christophe Raynaud de Lage.
"Tout va bien" se moque allègrement de tout ce qui fait injonction. De ces injonctions qui tapissent tous nos écrans, qu'ils concernent la bouffe, la santé, les comportements, le sexe, les manières, les pensées bien-pensantes, nos besoins, nos désirs, nos manques, nos goûts. Notre époque regorge de tous ces conseils qui sonnent comme des menaces. Les deux créateurs du spectacle s'emparent à la pelle de tous ces mots d'ordre pour inventer deux personnages quasi clownesques pris dans cette avalanche d'injonction qu'ils avalent, digèrent à leur manière, et recrachent à la vitesse de la mitraille.

Ils sont sur scène dans un simple carré de lumière qui pourrait être la piste d'un cirque vu par l'esprit pratique d'une IA. Jonglant avec les mots, se glissant dans les situations qu'ils modifient à chaque instant, s'amusant d'accessoires multifonctionnels tels que ces habits-tente qu'ils transforment en une sorte de ver géant, matrice gonflée qui les absorbent et les régurgitent, ils forment un duo absurde et grandiloquent qui finit dans une sorte de délire loufoque.

© Christophe Raynaud de Lage.
© Christophe Raynaud de Lage.
Cette fin nuit d'ailleurs à toute la lisibilité du spectacle, quittant la sphère de la critique sociale pour dériver vers l'affabulation grotesque. Mais la représentation à laquelle j'ai assisté était la première au CDN de Rouen, la version présentée fin novembre et début décembre au Théâtre Silvia Montfort aura sans doute gagné en sobriété et en brio.

Malgré cette partie du spectacle un peu trop longue, "Tout va bien" est un bel, franc et purificateur éclat de rire qui se moque autant des contradictions perturbantes de l'ordre social qui bombarde nos petites vies de principes et de peurs que de nous-mêmes, perdus dans ces vagues de conseils et de tutos qui jouent avec nos convictions comme à la roulette. Au-delà de cette critique salutaire, l'angoisse de ce monde en devenir pulse tout au long des scènes : peur des dérives racistes, des dérèglements de la nature, des violences. Et réussir ceci avec humour relève d'une belle performance qui repose sur le talent de comédien Nadège Cathelineau et Julien Frégé.
◙ Bruno Fougniès

Vu le 16 octobre 2024 au CDN de Normandie-Rouen.

"Tout va bien"

© Christophe Raynaud de Lage.
© Christophe Raynaud de Lage.
Conception et écriture : Nadège Cathelineau et Julien Frégé.
Mise en scène : Nadège Cathelineau et Julien Frégé.
Avec : Nadège Cathelineau et Julien Frégé.
Dramaturgie et collaboration artistique : Sephora Haymann.
Scénographie, costumes : Élizabeth Saint-Jalmes.
Création lumière : Cyril Leclerc.
Création son : Ella sombre.
Régie générale et lumière : Marie Roussel.
Production : Groupe Chiendent.
Durée estimée : 1 h 30.
Dès 14 ans.

Du 26 novembre au 7 décembre 2024.
Du mardi au vendredi à 19 h 30, samedi à 18 h.
Théâtre Silvia Monfort, La Cabane, Paris 15e, 01 56 08 33 88.
>> theatresilviamonfort.eu

Tournée
29 avril 2025 : Le Tangram - Scène nationale, Évreux (27).
13 mai 2025 : La Mégisserie, Saint-Junien (87).

© Christophe Raynaud de Lage.
© Christophe Raynaud de Lage.

Bruno Fougniès
Lundi 25 Novembre 2024

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

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Gil Chauveau
14/06/2024
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© Betül Balkan.
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On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

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Gil Chauveau
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© Philippe Hanula.
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Gil Chauveau
26/03/2024