La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Entre rire et désespoir... Éric Lacascade rend concret un théâtre de l’inexprimé - 12/03/2014

Dans "Oncle Vania", présenté actuellement au Théâtre de la Ville, Éric Lacascade mêle deux œuvres de Tchekhov : "Oncle Vania" et "L'homme des bois"*. Ces "scènes de la vie de campagne en quatre actes" donnent à voir des joies simples, des gaités exubérantes et le poids de la solitude. Il est question des retrouvailles familières. Du projet de vente de la maison de famille. De l’abandon de ce...  

"Noir de boue et d’obus"… Noirs d’Afrique et des Antilles, tous combattants pour la France - 10/03/2014

Le spectacle rend compte de "la force noire" déployée dans les tranchées pendant la première guerre mondiale où des artilleurs d’Afrique de l’Ouest étaient en première ligne pour défendre le drapeau français. La chorégraphie est découpée en différents segments artistiques, théâtre et danse se donnant la répartie. Le spectacle démarre avec des paroles lancées par un artilleur d’Afrique noire....  

"Vaterland"... Un "road-memories" des plus attachants ! - 04/03/2014

C’est la vie de l’après-guerre des petites gens. Celle de ces êtres écartelés, embarrassés, piégés par l’Histoire qui est rendu tangible. Celle de l’amour trompé et véritable et perdu. Du frère vengeur qui enquête et traque. De l’enfant parti 35 ans plus tard à la quête du père. L’auteur alterne...  

L'histoire haletante d’un périple amoureux interdit à la fin de la seconde guerre mondiale - 03/03/2014

Jean-Paul Wenzel ne pouvait pas donner meilleur titre à ce texte qui confronte la France et l’Allemagne, distanciées par une frontière et deux cultures, et dont l’histoire dans les manuels scolaires s’apprend avec la chronologie des conflits qui ont écrits la grande Histoire du monde et des hommes....  

● AVIGNON OFF 2016 ● L'histoire de Mary Prince... Pour ne jamais oublier que l’esclavage est un crime contre l’humanité - 26/02/2014

Pour la première fois, une esclave antillaise raconte ce qu’elle a vécu. Avec sobriété et truculence, Souria Adèle devient Mary Prince qui livra, en 1831, un témoignage de grande valeur sur l’esclavage, crime contre l’humanité, avant même que son abolition ne soit promulguée. Une grande femme, dans une longue robe noire à fleurs, est sur scène. Elle raconte comme un livre ouvert son histoire avec...  

Les Enfants du Paradis au théâtre... Une adaptation à saluer... mais perfectible ! - 24/02/2014

Dès l’origine, le cinéma a vampirisé le roman populaire et le répertoire théâtral mais il est rare que le théâtre se réapproprie la matière cinématographique pour la restituer à la scène. C’est pourquoi la création au Lucernaire des "Enfants du Paradis" d’après Jacques Prévert, hors le film réalisé par Marcel Carné, est à saluer. Traité de manière contemporaine, reprenant des tics de montage du...  

"Knock", une comédie prémonitoire du monde marchandisé contemporain - 20/02/2014

C’est déjà dans un monde mondialisé par les microbes et les virus que Knock, étudiant en lettres médiocre, bonimenteur né, découvre avec délectation les pouvoirs de la médecine et excelle à exploiter l’hypocondrie congénitale des populations. En digne avatar de Sganarelle* qu’il dépasse en efficacité, Knock, grâce aux méthodes modernes, est devenu médecin. Par suggestion, fascination, hypnose,...  

"Hamlet" en version musicale et en italien envoûte la scène de l'Espace Cardin - 19/02/2014

Daniele Martini, un artiste dont la garde-robe porte sur cintres l'expérience et la reconnaissance de son talent décliné au pluriel. La composition musicale, un univers, le sien, qu'il lui convient de partager avec un public avide de découvrir des spectacles haut en couleur et empreints d'une émotion sans cesse renouvelée. Essere o non essere, traduction italienne de la célèbre tirade de...  

Ici, la polyphonie des chœurs/cœurs prend le pas sur la dureté, l'âpreté du texte de Gogol - 14/02/2014

Effectuer une nouvelle "lecture" du "Journal d'un fou" de Gogol n'est pas en soi une performance exceptionnelle tant cette pièce fait l'objet de l'intérêt régulier de nombreux metteurs en scène. Mais lorsque cette relecture passe par le filtre d'une jeune compagnie qui nous gratifia précédemment d'une adaptation plus qu'originale - et jubilatoire - de "La Surprise de l'amour" de Marivaux, il fut...  

"Les Temps modernes"... façon Yeung Faï - 13/02/2014

L’histoire de ses origines est une fable… il était une fois un marionnettiste chinois du nom de Yeung Faï. Originaire du Fujian, il a hérité d’une tradition de la marionnette vieille de plus de deux mille ans. Héritage, transmission, finesse et beauté définissent ce maître. Assister à ses créations est toujours un événement. "Hand Stories", son précédent spectacle (aussi au Monfort), était un...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024