La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Une Flûte Enchantée revisitée dans une version opéra-théâtre dynamique et pleine de surprises - 05/06/2014

Si Mozart avait pu glisser deux mots à l’oreille de Jean-Philippe Daguerre : "Wie Ihre Zauberflöte schön ist! (Comme elle est belle votre Flûte Enchantée)", lui aurait-il dit après avoir assisté à l’une des représentations du spectacle éponyme. Les mises en scène de Jean-Philippe Daguerre, une invitation à traverser les époques de Molière, d’Edmond Rostand... et Mozart de s’inscrire en lettres...  

Résister… ce jour du 27 mai 1943 où la France s’est construite - 03/06/2014

Reprise ! Le 27 mai 1943 se déroulait, au 48 rue du Four à Paris, la première réunion du Conseil National de la Résistance qui allait dessiner le futur visage politique et social de la France de l’après-guerre. "Partisans" relate, avec une truculence qui laisse peu de place aux partis pris, les coulisses de cette réunion. Sur une chanson de Léonard Cohen "The Partisan", trois personnages entrent...  

"Peer Gynt", une matière merveilleuse qu'Ibsen, avec beaucoup d’humour, a concrétisé - 26/05/2014

Malmené par les trolls, ces esprits espiègles de la montagne de Norvège, et secoué par la ruine inexorable de la maison familiale, ce moins que rien de Peer Gynt, ce vaurien, galopin de village qui, après avoir enlevé la jeune mariée, disparut un jour au-delà des montagnes sans laisser d’adresse, est devenu une légende poussée par les rumeurs successives concernant sa vie. L’histoire de "Peer...  

Côtoyer les estats et empires de la lune et du soleil du vrai Cyrano de Bergerac... sans le savoir vraiment - 21/05/2014

L'action vue par Dominique Pitoiset, qui met en scène Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, se déroule dans la salle commune d’un établissement de neurologie et raconte l’histoire d’un gars qui aime la vie. Le protagoniste est un peu caboche, cabossé à force d’aller à la castagne, à la fête à la cocarde. Entier... Fou de poèmes, de beauté et de sincérité, il est prompt à combattre, de près ou de...  

Dans la vallée de l’étonnement, le comédien apporte le réconfort du théâtre à la science - 19/05/2014

21 ans après "L’homme qui" et après avoir ausculté les relations entre Luria et Shereshevsky*, Peter Brook, dans son dernier spectacle "The Valley of Astonishment" (avec la complicité de Marie-Hélène Estienne), propose au spectateur de rencontrer de nouveau des hommes et des femmes remarquables doués de mémoire exceptionnelle. Rien ne les distingue des autres jusqu’au jour où… perçue par un...  

À la fois léché et à la diable, un "Macbeth" qui évacue le surnaturel et surexpose la réalité - 12/05/2014

1964, 2014 : le Théâtre du Soleil - Société coopérative ouvrière de production* - a cinquante ans… Et en interrogeant "Macbeth" écrit en 1606, il sent de nouveau le mal sourdre à la surface d’un monde contemporain dont les différents pouvoirs s’exacerbent. Macbeth, vaillant à la guerre, prend peur aux marches du pouvoir qu’il rêve (et conquiert probablement en sous-main depuis longtemps). Poussé...  

Témoignages prolétaires à l'usage des générations futures - 09/05/2014

Délocalisations, plans sociaux, licenciements, mises à la retraite anticipées, propagande sur les vertus du sacro-saint tertiaire sont les mauvaises plaisanteries économiques que nous sert au quotidien l'actualité... Et on en finit par oublier qu'il existe encore une classe ouvrière. Bon, d'accord, l'espèce est en voie de disparition ! En bon ethnologue et cueilleur d'histoires, Nicolas Bonneau a...  

Tempête sous un crâne... Une rencontre abstraite de la littérature hugolienne et du théâtre contemporain - 05/05/2014

"Tempête sous un crâne", une adaptation des Misérables de Victor Hugo dimensionnée à la puissance Jean Bellorini et magistralement interprétée par le cri de jeunesse de Mathieu Coblentz, Karyll Elgrichi, Camille de la Guillonnière, Clara Mayer, Céline Ottria, Marc Plas, Hugo Sablic. Depuis le 28 avril, la scène francilienne est une nouvelle fois frappée par une collision entre littérature et...  

Un poème en prose fantastique où les êtres appartiennent au monde des spectres - 14/04/2014

Joël Pommerat, dont le spectateur connaît la manière de clair-obscur, met en scène pour la première fois un texte qui n’est pas de lui. Il s’empare du premier texte de Catherine Anne, "Une année sans été" édité en 1987. Cette proposition théâtrale est pour Joël Pommerat et ses jeunes comédiens une manière de mise en abyme et de mise en danger personnelle. La pièce imprégnée de l’œuvre de Rainer...  

Appeler la mémoire pour questionner nos résignations et leurs conséquences - 11/04/2014

Le 7 octobre 2006, Anna Politkovskaïa rentre des courses et décharge ses sacs de provisions. Elle a l'habitude de les monter en deux fois et a déjà effectué un premier voyage... Elle est découverte morte dans sa cage d'escalier, un pistolet et 4 balles à ses côtés... et le restant de ses courses renversé près d'elle. 4 balles dont une à la tête... Un an avant, Vladislav Sourkov, le très puissant...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024