La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Les particules élémentaires"… Un récit-théâtre qui devient action et parole protéiformes - 27/10/2014

Ayant adapté le texte de Michel Houellebecq, Julien Gosselin en propose une mise en scène où la parole devient action et événement, dans une scénographie donnant à chaque scène son atmosphère propre. La pièce démarre dans l’obscurité, soutenue par une voix au micro. La présence d’une femme se découpe dans l’obscurité baignée par un tamis de lumière. Puis un autre personnage apparaît, ressemblant...  

Un théâtre qui revient à un de ses fondamentaux : celui de la "farce à la rigolade" - 24/10/2014

Le "Grand Hôtel de l'Europe" est un hôtel minable qui rêve d'une conciergerie stylée et qui n'a de clients qu'à son image. Le hall est témoin d'allers et venues fébriles, trépidantes. Clients, employés et gérant, tous à leur manière traîne-savates et crève-la-faim, portefaix et porte-serviettes, voudraient bien avoir l'air mais n'ont pas l'air du tout. Le grand hôtel de l'Europe, entre ses clefs...  

"Macbeth" par Mnouchkine… Une mise en scène qui bouscule les lieux et les époques - 20/10/2014

[Reprise] Mnouchkine propose une mise en scène où le Temps bouscule les époques faisant de Macbeth une figure tragique éternelle. Vue sur un champ de bataille où trône un monticule de terre. Une troupe de personnes apparaît en poussant des cris d'allégresse. Puis des bruits de guerres couvrent ceux des soldats de la première guerre mondiale. Auparavant, trois sorcières étaient juchées sur ce...  

"Les Nègres" de Genet par Wilson : Un théâtre cérémoniel et esthétique... étoilé de nègres au firmament - 16/10/2014

Dans "Les Nègres" de Jean Genet*, il est question d'un fait divers : de la mise en jugement du meurtrier d'une femme blanche et de ce qui s'en suit. La pièce est jouée par une troupe d'acteurs noirs qui jouent… et les blancs (forcément en posture d'autorité) et les noirs. L'ironie du propos n'échappe à personne, ni sa provocation. Le dialogue qui s'appuie sur le balancement d'archétypes met en...  

L'étrange et assourdissant silence de nos encombrants déchets - 14/10/2014

Petit retour sur l'été des festivals avec Teatro a Corte qui fut encore cette année riche en révélations, tant du côté des compagnies italiennes que du côté des compagnies européennes invitées. Le deuxième week-end - ce festival se déroulant sur trois ! - nous a offert quelques petits bijoux dont l'étonnant et dérangeant "Silence Encombrant" de la Compagnie Kumulus. Teatro a Corte, le festival...  

"Liliom" par Bellorini... Une certaine manière de faire se rejoindre la fable et la parabole - 07/10/2014

Le personnage de Liliom, de la pièce éponyme de Ferenc Molnár, est un fait divers ambulant à lui tout seul, il monte même au ciel et en redescend. À la fête foraine où, entre douceurs et brutalités, l'on vient de fort loin pour rêver à de forts lointains, il a mauvaise réputation Liliom. À la fête foraine, il est le boni-menteur que toutes les filles s'arrachent, y compris la patronne du manège....  

Les égarés du Chaco… une guerre au cœur du désert - 01/10/2014

Jean-Paul Wenzel nous plonge au cœur de la guerre du Chaco dans une mise en scène où la troupe bolivienne Amassunu déploie un jeu truculent et d'une belle trempe émotionnelle. Sur scène s'étire une lande de sable rouge sur laquelle sont disposées quelques souches d'arbre. Un régiment de l'armée bolivienne est perdu avec à sa tête le lieutenant Contreras (Antonio Peredo Gonzales). Le régiment...  

Chants d'amour... Quand les chœurs touchent les cœurs et les tréfonds de l'âme humaine - 27/09/2014

Ariane a perdu le sens de sa vie après le départ de son héros grec Thésée et se lamente. Ni sa beauté ni son rang ni les divertissements de toutes natures ne la ravissent. Les lamentations d'Ariane de Monteverdi sont des chants de l'amour blessé où se lisent et se lient le désir de vengeance et d'oubli, la permanence de la douleur tout autant que la douceur du souvenir. De l'œuvre (l'opéra)...  

"Hôtel Europe"… une qualité de jeu au rendez-vous sur un propos un peu court - 26/09/2014

Bernard-Henry Lévy reprend du service au théâtre. Dans sa dernière pièce, l'Europe est au centre mais son propos politique manque toutefois de pertinence bien que la qualité de jeu de Jacques Weber reste indéniable. Son ombre apparaît sur scène. Côté jardin, un bureau sur lequel un Macintosh trône. Jacques Weber investit la scène de toute sa présence corporelle et vocale. Il incarne un homme qui...  

Le Prince de Machiavel par Laurent Gutmann : une adaptation libre, drôle et joyeuse - 30/09/2014

Niccolo M. aimerait bien un peu d'harmonie. Mais, en tant que directeur pédagogique d'une improbable formation à la gouvernance des peuples, il est bien obligé de constater la médiocrité de ses stagiaires. Ils ont bien du mal à comprendre lors des exercices pratiques, dans les jeux de rôle, les principes du chef, le jeu du prince... De comprendre dans la quête du pouvoir, le jeu de la flatterie,...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024