La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"C'est Noël tant pis"… Et tant mieux pour nous ! - 20/12/2016

C'est l'époque des fêtes de fin d'année. Dans la pièce de Pierre Notte, Noël est renvoyé aux calendes grecques avec une dinde transformée en poulet, autour d'une famille qui oublie parfois de s'aimer et où la mort, pour la fête de la natalité du Christ, est au rendez-vous. Bref, tout est inversé. Une famille pas aussi banale que cela. Qui se déteste jusqu'à ce qu'un événement, aussi inattendu que...  

Toute recherche sur la condition de l'homme passe nécessairement par l'épreuve du rire - 19/12/2016

Reprise Quarante ans de présence maternante de la mère, et de fables apprises soumises à l'épreuve de vérité de la vie, vingt ans de psychanalyse et autant d'enseignement difficultueux, les deuils et les amours n'auront pas suffi. L'homme décrit par Régis Vlachos est toujours assailli par le doute terrible, asséné avec aplomb. Un doute sur lequel s'amoncelle tout un faisceau de présomptions de...  

Un esprit de troupe avérée et la passion de l'alexandrin - 16/12/2016

Dans une forme de récidive, car coutumier du fait, la Cie Le Grenier de Babouchka représente un classique en Alexandrin, le bien nommé "Cid", au Théâtre le Ranelagh dans une mise en scène de Jean-Philippe Daguerre et dans une manière de troupe devenue rare dans le privé avec une dizaine de comédiens et deux musiciens sur scène. Et, chose plaisante, la réussite est au rendez-vous. Depuis quelques...  

"Sonnets"… Sur les chemins d'une sophistication pleine de tact de délicatesse - 14/12/2016

"… il manque un art à nos yeux, ils peignent ce qu'ils voient ; rien du cœur..."* Il est possible que l'on ne connaisse jamais les réels protagonistes des poèmes d'amour attribués à Shakespeare. Peu importe… De cette Renaissance anglaise, plus que toutes les autres, touchée par la mélancolie, il persiste à travers les siècles cet hommage étonnant fait à la beauté et à l'être aimé. Et...  

"Les Émigrés", l'espoir caché d'un possible ailleurs - 12/12/2016

Émigrés. Pas encore immigrés. La pièce de Slawomir Mrozek a été créée en 1975 dans un monde coupé par un implacable "rideau de fer", un monde absurde. Un monde de dissidents. Elle réunit deux "émigrés", deux réfugiés, l'un politique, l'autre économique. Le dialogue fait apparaître les différences culturelles et les préjugés de l'un par rapport à l'autre. Repris en 2016 et porté par deux comédiens...  

"Wycinka Holzfällen" de Bernhard vu par Krystian Lupa offre la possibilité d'un vide positif - 06/12/2016

Ricaneurs modernes. Peintres prometteurs post Kubin ou poètes joyciens, tenants de la tradition, professionnels de la profession. Tâcherons de l'art et tenants de la critique officielle. Vaine écrivaine en veine de succès. Cantatrice réduite au silence. Comédien célèbre et décrié. Ancienne jeune première devenue alcoolique tout juste enterrée… Tous réunis pour un repas culturel qui s'éternise....  

"Iphigénie en Tauride"… Naissance d'une lumière qui a l'éclat de l'évidence - 30/11/2016

"Iphigénie en Tauride" de Goethe, inspiré d'Euripide, est une œuvre de jeunesse peu connue en France. Le poète y fait le portrait d'une femme exceptionnelle. La voir à Paris, sous les traits de Cécile Garcia Fogel, mise en scène par Jean-Pierre Vincent, est un bonheur de spectateur. La femme s'appelle Iphigénie. Elle appartient à la lignée épouvantable des Atrides qui depuis le grand ancêtre...  

"Hamlet Transgression", à la fois un grand air d'opéra et un cri - 28/11/2016

"Hamlet transgression" est une courte pièce à la façon expérimentale et performative. À partir de fragments d’œuvres ("Hamlet-Machine" d'Heiner Müller et le "Winterreise" de Franz Schubert dans une version rock progressif époustouflante du groupe Excursus), Dominique Jacquet (comédienne) et Laurence Malherbe (cantatrice) entament et aboutissent un dialogue artistique raffiné ayant pour objet la...  

Ne pas être pas considérées comme issues des quartiers populaires mais comme appartenant au Peuple - 15/10/2017

Les comédiennes ont sculpté de vrais personnages contemporains hauts en couleur qu'elles évoquent sans fard et qu'elles expriment avec une grande de joie de vivre et ce, en dépit du contenu des propos d'un quotidien souvent difficile. Ces jeunes femmes sont typées, à certains égards extravagantes....  

Saisir dans l'intensité et la vitalité, l'instant éphémère de la rencontre - 10/11/2016

Girovagues. Ils se retrouvent en rade sans havre ni port d'attache. Les personnages, qui se retrouvent regroupés avec verve par Armando Llamas sous le titre énigmatique "Meurtres de la princesse juive, bon titre, publicité mensongère", sont épinglés comme autant de spécimens. Ils appartiennent au genre humain. L'histoire en douze tableaux et une coda les suit à la trace. D'aérogares en aérogares,...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024