Une pièce où le "a" privatif prime. Une trame atemporelle. Le décor est constitué de rideaux d'horloges indiquant toutes un horaire différent. Les Smith affirment qu'ils n'ont pas l'heure. On ne sait pas à quel moment de la journée se déroulent les faits, ni combien de temps il s'écoule. L'action défile, s'arrête, s'accélère, décélère, se rembobine, se répète, se multiplie… Le temps se distord, se crée, se rompt, se réinvente.
Des personnages sans visage, qui sont interchangeables. Les hommes parlent d'une voix de femme, les femmes d'une voix d'homme. Le couple des Smith devient le couple des Martin et le couple des Martin devient le couple des Smith. La famille de Bobby Watson se compose uniquement d'individus portant le même nom de Bobby Watson.
Des dialogues sans logique, sans contenu, sans échange. Ce n'est plus du langage, c'est de la langue dans la forme la plus pure qui soit. C'est une association de mots, une suite de syllabes, de sonorités, un assemblage d'images... Le concret laisse place à l'abstrait. Le sens n'a plus sa place. L'esthétique le remplace.
Des personnages sans visage, qui sont interchangeables. Les hommes parlent d'une voix de femme, les femmes d'une voix d'homme. Le couple des Smith devient le couple des Martin et le couple des Martin devient le couple des Smith. La famille de Bobby Watson se compose uniquement d'individus portant le même nom de Bobby Watson.
Des dialogues sans logique, sans contenu, sans échange. Ce n'est plus du langage, c'est de la langue dans la forme la plus pure qui soit. C'est une association de mots, une suite de syllabes, de sonorités, un assemblage d'images... Le concret laisse place à l'abstrait. Le sens n'a plus sa place. L'esthétique le remplace.
Les corps sont sobres et élégants, vêtus de noir. Les visages clownesques, fardés de blanc et les pommettes roses, allusion aux farceurs de cirques. Car c'est exactement ça : une énorme farce, une farce qui se joue des conventions sociales. Ionesco ridiculise les codes de la société. Il caricature la bourgeoisie anglaise, les conversations insipides et inutiles où la banalité devient conformité…
Et la force du dramaturge est d'avoir déguisé son drame en comédie. Les artistes lui rendent honneur en invoquant le comique tout en sauvegardant l'aspect tragique. Sophie Le Garles, dans le rôle de la bonne, vous envoûte tout autant qu'elle vous émeut lorsqu'elle récite le feu. Vous ne pouvez détourner le regard de ses yeux qui s'emplissent de larmes. Les comédiens possèdent tous une vraie force de jeu, un pouvoir magnétisant qui vous tient pendant toute la durée du spectacle.
Une fois celui-ci achevé, vous ne pouvez qu'ovationner l'incroyable travail de mise en scène. Que vous ayez aimé ou non, vous ne pouvez pas nier la qualité de la prestation. Avec une synchronisation parfaite, les comédiens sont à l'écoute les uns des autres et à l'écoute d'eux-mêmes. Ils débitent les répliques à un rythme effréné mais tout en restant tout le temps parfaitement cohérent… dans la limite du possible en tenant compte du texte.
La seule critique que l'on peut émettre est peut-être cette sensation de longueur que l'on perçoit vers la fin. Enfin… même dans cet éventuel reproche, l'adaptation reste dans le thème : celui de la perception du temps. Un spectacle de théâtre où le terme d'acteur est trop réducteur ; nous voyons évoluer des performeurs. La performance s'apparente à une danse. Les membres de la compagnie Ubu Pop Corp' sont tour à tour comédiens, instruments, chanteurs, danseurs, conteurs… Un bonheur.
* Référence à Stephen Hawking, physicien théoricien et cosmologiste britannique, et son livre "Une brève histoire du temps" (A Brief History of Time).
Et la force du dramaturge est d'avoir déguisé son drame en comédie. Les artistes lui rendent honneur en invoquant le comique tout en sauvegardant l'aspect tragique. Sophie Le Garles, dans le rôle de la bonne, vous envoûte tout autant qu'elle vous émeut lorsqu'elle récite le feu. Vous ne pouvez détourner le regard de ses yeux qui s'emplissent de larmes. Les comédiens possèdent tous une vraie force de jeu, un pouvoir magnétisant qui vous tient pendant toute la durée du spectacle.
Une fois celui-ci achevé, vous ne pouvez qu'ovationner l'incroyable travail de mise en scène. Que vous ayez aimé ou non, vous ne pouvez pas nier la qualité de la prestation. Avec une synchronisation parfaite, les comédiens sont à l'écoute les uns des autres et à l'écoute d'eux-mêmes. Ils débitent les répliques à un rythme effréné mais tout en restant tout le temps parfaitement cohérent… dans la limite du possible en tenant compte du texte.
La seule critique que l'on peut émettre est peut-être cette sensation de longueur que l'on perçoit vers la fin. Enfin… même dans cet éventuel reproche, l'adaptation reste dans le thème : celui de la perception du temps. Un spectacle de théâtre où le terme d'acteur est trop réducteur ; nous voyons évoluer des performeurs. La performance s'apparente à une danse. Les membres de la compagnie Ubu Pop Corp' sont tour à tour comédiens, instruments, chanteurs, danseurs, conteurs… Un bonheur.
* Référence à Stephen Hawking, physicien théoricien et cosmologiste britannique, et son livre "Une brève histoire du temps" (A Brief History of Time).
"La Cantatrice chauve"
Texte : Eugène Ionesco.
Mise en scène : Judith Andrès.
Avec : Judith Andrès, Brice Borg, Sophie Le Garles, Sara Lo Voi, Luca Teodori et Célian D'Auvigny en alternance avec Martin Van Eeckhoudt.
Compagnie Ubu Pop Corp'.
Durée : 1 h.
Du 11 juillet au 15 septembre 2017.
Du mardi au samedi à 19 h 15 (relâche les 12, 15 et 16 août).
Théâtre de Belleville, Paris 11e, 01 48 06 72 34.
>> theatredebelleville.com
Mise en scène : Judith Andrès.
Avec : Judith Andrès, Brice Borg, Sophie Le Garles, Sara Lo Voi, Luca Teodori et Célian D'Auvigny en alternance avec Martin Van Eeckhoudt.
Compagnie Ubu Pop Corp'.
Durée : 1 h.
Du 11 juillet au 15 septembre 2017.
Du mardi au samedi à 19 h 15 (relâche les 12, 15 et 16 août).
Théâtre de Belleville, Paris 11e, 01 48 06 72 34.
>> theatredebelleville.com