La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Sous les masques... Tombent les masques ! - 29/10/2011

Dérouté le spectateur. Dès l’entrée. Tant les codes primordiaux de la représentation ne sont pas respectés. À l’instar d’un théâtre forain, dans "Masques et nez", assis dans son fauteuil, la salle toujours éclairée, le spectateur est confronté sur scène à un casting, un défilé de caricatures, une forme de radio-crochet des médiocres masqués, un groupe de parole des réjouis et trouillards....  

Une douce amertume amusée... Comme une réconciliation - 27/10/2011

Philippe Adrien met en scène "Les Chaises" d’Eugène Ionesco avec la Compagnie du Troisième Œil de Bruno Netter qui mêle comédiens valides et moins valides (aveugle, sourd…). C’est, dans un caisson cylindrique éclairé par deux jours de souffrance, le quotidien d’un couple âgé, très âgé (Monica Companys, Bruno Netter). Avec juste ce qu’il faut de souplesse dans les articulations pour déplacer des...  

"Quartier lointain" ou le voyageur du temps - 27/10/2011

Un manga au théâtre ? Cherchez l’erreur ! On ne savait d’ailleurs même pas que c’était possible ! Et mieux, on imaginait encore moins qu’on pouvait aimer les mangas ! Celui-ci, "Quartier lointain" de Jirô Taniguchi, est un concentré de poésie. Dorian Rossel, sur la scène du Monfort Théâtre, a réussi à en extraire son essence avec non moins de beauté et de délicatesse. Ce qui frappe, d’emblée, est...  

Histoire d'une chute annoncée... Du monarque au tyran... - 26/10/2011

Dans "Marie Tudor" de Victor Hugo, une reine et son amant sont emportés par le tourbillon mortel du désir et du pouvoir. Au rythme talentueux d’un bonimenteur, d’un bateleur, l’auteur, qu’il faut savoir découvrir hors de tout fatras patrimonial, enchaine les scènes et livre une extraordinaire lecture de la société. Le mépris exercé par la caste aristocratique, les ostracismes ordinaires, la foule...  

On peut rire partout, même à Sunderland ! - 25/10/2011

Pas vraiment de larmes à l’œil, mais le cœur gros. Pas non plus d’éclats de rires, mais le sourire aux lèvres. On ressort du Petit Théâtre de Paris, en se disant qu’on a assisté à une pièce comme on aimerait en voir plus souvent… "Sunderland" est une "Maison de poupées" version moderne, le drame d’une famille ordinaire mis en scène par Stéphane Hillel (directeur du Théâtre de Paris et molière du...  

Tambour battant, le Théâtre de Belleville ouvre ses portes - 17/10/2011

C’est, en contre bas du grouillant carrefour du métro Belleville, un petit immeuble au 16, passage Pivert. Il donne l’image d’un de ces nombreux cabarets qui ont offert aux parisiens du XVIII et XIX siècle un petit vin joyeux défiscalisé… Le passant en s’adossant à la grille du 7 bis (tournant ainsi le dos à un joli immeuble ancien nouvellement restauré) se trouve face à ce qui reste de la cour...  

Instants Critiques... Un cinéma néo paradiso - 07/10/2011

Jean Louis Bory et Georges Charensol étaient critiques de cinéma ; Du duo, ils avaient la complicité, la complémentarité : chacun son rôle ; Du duel, ils avaient le combat franc, sans merci, les passes d’armes : chacun sa botte. Ils étaient les duettistes de légende de l'émission radiophonique "Le Masque et de La Plume" : le moderne et l’ancien. Comme d’autres de la cape et de l’épée, ils...  

Claude Rich vend son âme au diable - 06/10/2011

À la Comédie des Champs-Élysées, "L’Intrus" a du mal à nous convaincre. Le texte d’Antoine Rault est raté, alambiqué, plutôt prétentieux… La mise en scène de Christophe Lidon, qui travaille à la chaîne, est carrément de mauvais goût… Reste cependant deux comédiens exceptionnels et un sujet qui aurait pu être passionnant. Pour sa troisième collaboration avec Claude Rich, après les très réussis Le...  

Entre surcharge et sobriété, les Francos balancent - 05/10/2011

Écriture simple, brutale, ou récit labyrinthique ? Pour dire la violence, la littérature francophone oscille entre ces deux pôles. Parfait observatoire de l'évolution des thèmes et du langage de la dramaturge africaine, les Francophonies en Limousin soulèvent chaque année leur lot de questions. En cette 28e édition, la pièce-phare de Dieudonné Niangouna, "Le Socle des vertiges", pose avec force...  

Quand les maux des mots sont les maux du monde - 30/09/2011

[Reprise] Au théâtre, le spectateur retrouve (ou découvre) les héroïnes des chroniques "Déshabillez mots" diffusées sur France Inter de 2008 à 2010 : Flor Lurienne et Léonore Chaix. Toutes deux auteures et interprètes partagent un sens de l’observation aigu et un goût immodéré pour le langage. Leur présence sur scène, assurément, égale leurs sensuelles et sensationnalistes voix de radio. Dans une...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024