La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Avignon Off 2012 : Entre esquisse de film muet et rêve de cinéma contemporain, l'alexandrin excelle ! - 23/07/2012

Vieux barbon cruel et jaloux, prince dévoyé découvrant la sagesse en devenant empereur sage, bandit d’honneur déchiré et amants et séparés : Point n’est besoin de connaitre l’intrigue de "Hernani", ni son fond historique en partie fantaisiste. Les invraisemblances de cette pièce sont nécessaires au sens qui est celui de l’affirmation glorieuse de la vitalité de la jeunesse. Olé ! Le fond est...  

Avignon Off 2012 : Un "théâtre documentaire" minimaliste et poignant... pour une nouvelle fraternité... - 22/07/2012

Depuis "Le Banquet de la Sainte-Cécile" joué près de mille fois, Jean Pierre Bodin, du rire aux larmes, construit une œuvre, fait entendre l’intimité, l’humanité de personnes discrètes de la vie quotidienne auxquelles il confère le statut de personnages. Œuvre de partage. Il avait engagé un travail sur les ouvriers de sa région natale lorsqu’un fait divers paru dans Libération du 15 avril 2009...  

Avignon Off 2012 : Abstraction, épure, apesanteur pour un rêve aérien... bleue - 22/07/2012

Dans "Blue", Marion Collé, fil de fériste - et avec elle l’équipe qui l’accompagne en régie - conduit une réflexion artistique passionnante. Servie par une scénographie précise et inventive, la proposition scénique raconte la parabole du corps physique de l’actrice oscillant entre la pure corporéité, la pesanteur et sa projection lumineuse, sa légèreté. Concentrée dans le passage et le maintien...  

Avignon In 2012 : Son et lumière à programmation informatisée pour vieilles pierres papales - 21/07/2012

Spectaculaire dans la Cour d’honneur, la proposition de Simon McBurney aura fait coup double en début de festival. Elle aura mis en images théâtrales l’œuvre complexe de Mikhaïl Boulgakov et couvert l’intégralité des murs de la Cour d’honneur d’images rétro-projetées. C’est complètement ouf (en commentaire contemporain) et pourtant, en dépit de son côté spectaculaire (ou peut-être à cause de...  

Avignon Off 2012 : Boucherie royale... Ou comment se payer une tranche de cervelas ubuesque en famille - 18/07/2012

Pas de festival d'Avignon sans un bon "Ubu". Celui-là, conduit par Jean-Louis Crinon, s’appuie sur une grande expérience de jeu de clown pour enfant. Les scènes de ménage entre père et mère Ubu se déroulent dans le laboratoire d’un boucher charcutier. Elles sont truffées de trouvailles. De chapelet de saucisses en rôti de veau farci à la webcam, les commis font démonstration de leur incurie et...  

Avignon Off 2012 : Quand Blanche est battue en Neige... Ou les frères Grimm version culinaire ! - 17/07/2012

Dans "La cuisine de Blanche-Neige", le spectateur assiste à un cours de conte illustré par la cuisine. Animé par une cuisinière (Peggy Semeria) pleine de faconde et de son assistant (Frédéric Chevaux) bien innocent, le spectateur apprend comment désosser le conte de Blanche-Neige et en extraire le suc et la moelle. Irréprochable sous le plan de la démonstration et du jeu, cette proposition est un...  

Avignon Off 2012 : Marsiho, élégiaque et paisible... sous le regard du poète - 16/07/2012

[Reprise] Philippe Caubère, comme un Ulysse ayant conquis la toison, entreprend un voyage du retour aux origines, à son âge d’or, à Marseille (Marsiho en provençal). C’est, barbu, les traits muris comme un Poséidon qu’il retrouve, dans la saveur des mots du grand écrivain trop oublié André Suarès, la complexité des sentiments. Partir, se détacher, revenir. Marseille dans les années trente....  

Avignon Off 2012 : C'est quoi le bonheur ? Une île utopique aux couleurs du temps... - 16/07/2012

Le "Bonheur titre provisoire" renoue avec une tradition féconde au théâtre, celle du dialogue sous sa forme la plus simple et la plus balancée de l'échange philosophique au cours duquel se partagent des arguments censés apporter la solution d’un problème posé. Ainsi de la définition du bonheur. Pauline Méreuze, Paul Camus et Alain Timar, dans les lieux où plane le souvenir de Pétrarque et de...  

Clown blanc sur fil rouge... en fol équilibre entre non-théâtre et cabaret métaphysique - 13/07/2012

De petites démonstrations en questionnements personnels, François Jenny, dans "Ça par exemple !", nous emmène dans un univers onirique et humoristique, celui du clown blanc... de celui qui sait que ce n'est pas lui mais l'Auguste qui fait rire le public. De ce postulat, il tisse une trame en forme de cabaret, décalé mais nourri de ces mille feux qui habillent la piste de cirque tout comme la...  

Avignon Off 2012 : Une performance physique, pleine d'énergie et de jeunesse... promesse d’insoumission... - 05/07/2012

En assistant au spectacle "Au bord de la route", le spectateur se sent happé par l’énergie et la vélocité des acteurs danseurs de l’école de Patrice Bigel. Ils traversent et retraversent, en tous sens l’espace vide de la scène. Celle-ci devient tout à la fois, lieu de passage, d’égarement, d’attente, de rencontres. Salle des pas perdus. Comme un écrin, elle devient pour celui qui regarde un...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024