La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Hughie", le bon tuyau ! - 28/10/2013

Jean-Yves Ruf revient cette saison avec "Hughie", un texte d’Eugène O’Neill. La proposition est plus "modeste" qu’au Français la saison passée avec "Troïlus et Cressida". Mais la mise en scène et la direction d’acteurs sont non moins réussies. L’idée vient d’abord de Philippe Buquet, directeur de l’Espace des Arts (Scène nationale Chalon-sur-Saône) où s’est créée la pièce. Érié Smith est client...  

Hamlet au Français : Une proposition à l'ironie prometteuse... mais sur la pente boulevardière ! - 28/10/2013

Les circonstances exactes de l’extinction de la famille de Danemark, rapportées par William Shakespeare dans la pièce "Hamlet", restent en partie une énigme. En effet, l’histoire de la fin des Hamlet, l’enchainement des meurtres et la prise du pouvoir par Fortinbras, n’est connue que par le seul récit d’Horatio présenté comme ami du prince Hamlet et témoin unique de la continuité des événements....  

"Nana" toute crue ! - 22/10/2013

Porter une œuvre de Zola à la scène ? Culot ? Inconscience ? Folie ? En une heure ? Vu le pavé, on craint forcément les raccourcis un peu rapides. D’autant qu’il s’agit d’un Théâtre-récit : Céline Cohen et Régis Goudot prennent la parole et racontent… "Nana". Et pourtant cela fonctionne : l’adaptation est intelligente, l’interprétation osée mais brillante. Lorsqu’on entre dans le théâtre rouge du...  

Comédie sociale, satire paradoxale qui délivre un message d’optimisme - 22/10/2013

Dans le cheminement vers l’autel du Veau d’Or du commerce, il existe des haltes à l’hôtel des voyageurs où l’on fait grise mine. Années soixante, années deux mille. "La Grande et Fabuleuse Histoire du commerce" de Joël Pommerat s’intéresse au métier de base des sans grades, relate en deux épisodes le quotidien, les illusions perdues d’une équipe de vendeurs au porte à porte. Des VRP dans le huis...  

Roméo et Juliette au pays du soleil levant ! - 15/10/2013

Omar Porras dépayse la pièce de William Shakespeare dans la version de François-Victor Hugo. Jouée par une troupe helvético–japonaise, la version est celle du Japon des mangas, des karaokés, le Japon mignon "kawai" qui, en suivant comme autant de chromos les scènes de la célèbre pièce de Shakespeare, se revêt des atours du Kabuki, du Bunraku et du No… Et, comme en une montée d’émulsion, découvre...  

Adieu l’Ami... Hommage à Patrice Chéreau - 14/10/2013

La nouvelle de ta mort m’a surprise chez moi vers vingt-deux heures, lundi. Incompréhension, sidération, tristesse. Comme tout le monde. Un ami m’a appelée. Besoin de se répéter notre incrédulité. Tu m’as fait de la peine pour la première fois. Avec cette impression tenace d’avoir perdu un membre de ma famille... Un frère, un demi-frère peut-être, plus âgé, plus doué, plus cultivé, plus...  

Les écrits de Mr Girardot de Nozeroy... Oyez, oyez ! - 09/10/2013

Christian Pageault présente en ce moment au Lucernaire (attention, plus que quelques dates), un spectacle bien surprenant basé sur les réflexions personnelles de Girardot de Nozeroy, né quelque 400 ans plus tôt. Un petit bijou, lu et interprété par un comédien remarquable. Peu connu, même des spécialistes du XVIIe, Girardot de Nozeroy suscite une réelle curiosité. La modernité de ses écrits...  

"L’École des femmes" par Philippe Adrien... Une mise en lumière de la fragilité des destins - 08/10/2013

L’histoire de "L’École des femmes" de Molière est connue : elle est celle de la séquestration d’une jeune fille abandonnée, Agnès. Son bourreau, Arnolphe alias M. de La Souche, veut la forcer au mariage tout en ne voulant pas être un mari trompé. Il a tout fait pour qu’Agnès soit bête et inculte. La tenue de la maison est absolument irraisonnable. Les femmes y passent pour le potage de l’homme et...  

La rue D… Une belle balade entre rêve et réalité - 30/09/2013

Dans une mise en scène subtile et efficace, Anne-Sophie Aubin raconte la rue où elle vit avec ses charmes, ses commerces et ses commerçants. Une belle balade entre rêve et réalité, nourrie par l’imagination de la conteuse et la réalité de son quotidien. Elle est sur scène, le regard ouvert et le sourire en coin. Anne-Sophie Aubin raconte le quotidien de sa rue, avec ses magasins, ses commerçants...  

Rouge Tango… ou la danse Passion - 16/09/2013

Théâtre et danse se partagent la scène dans une belle dualité représentée par un couple de tangueros... vivant intensément leur relation amoureuse au travers de la danse. C’est un camaïeu de sentiments et d’émotions qui enlace le couple dans des rapports faits de passion. Tango et théâtre, l’idylle s’y prête. Comme un homme avec une femme. Comme ce couple (Yves Thuillier et Valérie Choquard) sur...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024