Un concert-événement exceptionnel à plusieurs titres. D'abord par l'extrême rareté de cette symphonie sur nos scènes - le plus souvent inconnue du public et, pour cause, elle nécessite un effectif monstre : deux orchestres, trois chœurs (dont un d'enfants). De là son surnom de "Symphonie des Mille" dû à l'imprésario chargé de la publicité à la création de l'œuvre à Munich en 1910.
L'événement consiste aussi dans les retrouvailles de l'Orchestre National de France, de l'Orchestre Philharmonique, du Chœur et de la Maîtrise de Radio France pour recréer cette "monumentale cathédrale sonore" (1) plus de quarante ans après l'avoir donnée dans le Théâtre Antique d'Orange (2). Événement toujours, aux côtés de nos grandes phalanges que cette distribution de haut-vol : huit solistes dont Ricarda Merbeth (Una poenitentium), Meagan Miller (Magna Peccatrix), Nikolaï Schukoff (Doctor Marianus) ou encore Albert Dohmen (Pater profondus), tous dirigés par le chef Jukka-Pekka Saraste.
Enfin la Symphonie n° 8 est une œuvre superlative à découvrir absolument. Elle constitue en soi un événement tant par ses dimensions (une heure vingt environ) que par son originalité tant dans l'histoire de la musique symphonique que dans l'œuvre de Mahler. Composée en deux mois dans le fameux Haüschen à Maiernigg pendant l'été 1906, la symphonie en deux mouvements - entièrement vocale (excepté une introduction au début du deuxième mouvement) - est fondée sur un hymne écrit par un moine bénédictin du IXe siècle (le "Veni Creator Spiritus") en latin célébrant l'Esprit Créateur et la scène finale du "Second Faust" de Goethe (en allemand) pour le deuxième mouvement le plus long jamais écrit par le compositeur autrichien. Un vaste chant mystique du propre aveu de Mahler qui se sentit, écrit-il en 1906, devenir "l'instrument de forces supérieures" pendant sa conception dans le Wörthersee.
L'événement consiste aussi dans les retrouvailles de l'Orchestre National de France, de l'Orchestre Philharmonique, du Chœur et de la Maîtrise de Radio France pour recréer cette "monumentale cathédrale sonore" (1) plus de quarante ans après l'avoir donnée dans le Théâtre Antique d'Orange (2). Événement toujours, aux côtés de nos grandes phalanges que cette distribution de haut-vol : huit solistes dont Ricarda Merbeth (Una poenitentium), Meagan Miller (Magna Peccatrix), Nikolaï Schukoff (Doctor Marianus) ou encore Albert Dohmen (Pater profondus), tous dirigés par le chef Jukka-Pekka Saraste.
Enfin la Symphonie n° 8 est une œuvre superlative à découvrir absolument. Elle constitue en soi un événement tant par ses dimensions (une heure vingt environ) que par son originalité tant dans l'histoire de la musique symphonique que dans l'œuvre de Mahler. Composée en deux mois dans le fameux Haüschen à Maiernigg pendant l'été 1906, la symphonie en deux mouvements - entièrement vocale (excepté une introduction au début du deuxième mouvement) - est fondée sur un hymne écrit par un moine bénédictin du IXe siècle (le "Veni Creator Spiritus") en latin célébrant l'Esprit Créateur et la scène finale du "Second Faust" de Goethe (en allemand) pour le deuxième mouvement le plus long jamais écrit par le compositeur autrichien. Un vaste chant mystique du propre aveu de Mahler qui se sentit, écrit-il en 1906, devenir "l'instrument de forces supérieures" pendant sa conception dans le Wörthersee.
Une œuvre optimiste qu'il veut "dispensatrice de joie", "un don à la nation invitée à entendre (…) l'univers entier en train de sonner et résonner. Il ne s'agit plus de voix humaines, mais de planètes et de soleils en pleine rotation". Plus grand triomphe public de Mahler, la création de cette cosmique "Symphonie des Mille" le 12 septembre 1910 à Munich en présence de nombreuses personnalités (3) est à tous égards l'apothéose de sa carrière. Alors même que le compositeur traverse une crise majeure dans sa cinquantième année. Entre les répétitions estivales, il a même rejoint Sigmund Freud en Hollande pour une séance-promenade (de thérapie) de quatre heures. N'est-il pas bouleversé par l'infidélité d'Alma, une santé précaire due à ses problèmes cardiaques et même par les critiques venues d'Amérique dues au déficit engrangé par ses concerts aux Etats-Unis à la tête du Philharmonique de New York (4) ?
Quoi qu'il en soit, le succès énorme des deux concerts qu'il dirigera aura de quoi lui redonner du baume au cœur. C'est à l'issue de la première que Thomas Mann a pour la première fois "l'impression de rencontrer un grand homme authentique", compositeur d'une symphonie qu'il a trouvée "tout à fait splendide", et qu'il décidera de prendre pour modèle pour le Gustav Aschenbach de "Mort à Venise". Korngold, quant à lui, notera la "transformation faustienne de Mahler et son ascension dans les hautes et pures cellules de la création musicale qu'il dirige".
Quoi qu'il en soit, le succès énorme des deux concerts qu'il dirigera aura de quoi lui redonner du baume au cœur. C'est à l'issue de la première que Thomas Mann a pour la première fois "l'impression de rencontrer un grand homme authentique", compositeur d'une symphonie qu'il a trouvée "tout à fait splendide", et qu'il décidera de prendre pour modèle pour le Gustav Aschenbach de "Mort à Venise". Korngold, quant à lui, notera la "transformation faustienne de Mahler et son ascension dans les hautes et pures cellules de la création musicale qu'il dirige".
Pour ce 150e anniversaire du plus ancien festival lyrique, le chef Jukka-Pekka Saraste aura besoin en tout cas de tout son talent pour fédérer les gigantesques forces de Radio France et de Munich en plein air : cordes à vingt-quatre selon les vœux de Mahler, pupitres formés de clarinettes, flûtes, bassons, cors, trompettes, trombones à cinq, six, sept, huit (par exemple), sans oublier d'impressionnantes percussions et timbales, des cloches, un glockenspiel, un célesta, un harmonium, un orgue, un piano, une mandoline et des harpes.
Fondre, dans une vision commune forte, les identités propres à chaque formation sera un des défis du chef finlandais qui voit, dans cette gigantesque œuvre, la narration d'une même histoire sur l'Amour éternel écrite en deux styles différents : un oratorio d'abord en latin puis un véritable opéra en allemand pour le deuxième mouvement. Gageons que nos superbes musiciens et chanteurs, membres d'orchestres et de chœurs habitués des Chorégies depuis 1971, sauront nous faire accéder aux hauteurs sublimes de cette symphonie unique. Et pas de panique, si vous ne pouvez rejoindre les sept mille spectateurs du Théâtre Antique, le concert sera diffusé en direct sur France Musique et sur France 5.
Fondre, dans une vision commune forte, les identités propres à chaque formation sera un des défis du chef finlandais qui voit, dans cette gigantesque œuvre, la narration d'une même histoire sur l'Amour éternel écrite en deux styles différents : un oratorio d'abord en latin puis un véritable opéra en allemand pour le deuxième mouvement. Gageons que nos superbes musiciens et chanteurs, membres d'orchestres et de chœurs habitués des Chorégies depuis 1971, sauront nous faire accéder aux hauteurs sublimes de cette symphonie unique. Et pas de panique, si vous ne pouvez rejoindre les sept mille spectateurs du Théâtre Antique, le concert sera diffusé en direct sur France Musique et sur France 5.
(1) La Huitième fut donnée aux Chorégies d'Orange une première fois en 1977 par les quatre formations de Radio France sous la direction de Vàclav Neumann.
(2) Les citations de cet article sont extraites de la somme consacrée à Gustav Mahler par Henry-Louis de la Grange (Éditions Fayard).
(3) Dans le cadre du Festival de Munich, sont présents à la création en 1910 Kolomann Moser, Pierre Clémenceau, Camille Saint-Saëns, Siegfried Wagner, Alfred Roller, Arthur Schnitzler, Hugo von Hoffmannsthal, Richard Strauss, Stefan Zweig…
(4) L'auteure de cet article sait bien qu'il faudrait écrire "La Philharmonique" mais ne s'y résigne pas.
29 juillet à 21 h 30.
Théâtre Antique d'Orange.
Orchestre National de France.
Orchestre Philharmonique de Radio France.
Chœur de Radio France (Martina Batic, chef de chœur).
Chœur Philharmonique de Munich (Andreas Herrmann, chef de chœur).
Maîtrise de Radio France (Sofi Jeannin, chef de chœur).
Jukka-Pekka Saraste, direction.
>> maisondelaradio.fr/concerts-classiques
>> choregies.fr
(2) Les citations de cet article sont extraites de la somme consacrée à Gustav Mahler par Henry-Louis de la Grange (Éditions Fayard).
(3) Dans le cadre du Festival de Munich, sont présents à la création en 1910 Kolomann Moser, Pierre Clémenceau, Camille Saint-Saëns, Siegfried Wagner, Alfred Roller, Arthur Schnitzler, Hugo von Hoffmannsthal, Richard Strauss, Stefan Zweig…
(4) L'auteure de cet article sait bien qu'il faudrait écrire "La Philharmonique" mais ne s'y résigne pas.
29 juillet à 21 h 30.
Théâtre Antique d'Orange.
Orchestre National de France.
Orchestre Philharmonique de Radio France.
Chœur de Radio France (Martina Batic, chef de chœur).
Chœur Philharmonique de Munich (Andreas Herrmann, chef de chœur).
Maîtrise de Radio France (Sofi Jeannin, chef de chœur).
Jukka-Pekka Saraste, direction.
>> maisondelaradio.fr/concerts-classiques
>> choregies.fr