"La Femme silencieuse" © Xavier Lahache
Cette pièce, écrite par Monique Esther Rotemberg, désire nous plonger dans le Londres des années trente, où le célèbre auteur autrichien (Stefan Zweig) a décidé de s’exiler, très tôt conscient du danger que représente l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Là, sur les conseils de sa femme Fridericke, il embauche une nouvelle secrétaire pour l’aider à terminer sa biographie de Marie Stuart : ce sera Lotte, dont il tombera finalement amoureux, cette "femme silencieuse" (titre de son livret d’opéra créé à cette même époque).
Déception, oui da ! Déception par le travail scénographique d’abord (panneaux "en dur", couleur boueuse et verdâtre) de Bernard Fau. On croyait d’ailleurs ne plus trouver qu’au boulevard ces décors réalistes. Ici, le mobilier (tout droit sorti d’une brocante) est recouvert de grands draps blancs, comme si l’appartement était vide depuis bien longtemps… Or Zweig n’y vit-il pas depuis un mois ? "Effet visuel" pas garanti, mais bien souligné… au détriment de tout bon sens ! En revanche, tout n’est pas à jeter aux orties, à partir du moment où l’on mise par touches : les projections vidéos évoquent poétiquement des gouttes de pluie contre une vitre ou des branchages agités par le vent.
Déception ensuite quant au personnage incroyablement loquace de Zweig. Le texte est incontestablement brillant. Il fourmille de phrases bien léchées et de bons mots d’esprit. Les dialogues sont chargés de sens, d’idées, de réflexions (le plaisir de l’auteure est évident) et l’écriture suffisamment théâtrale pour largement passer la rampe. Mais comment imaginer ce torturé, (pessimiste ou clairvoyant ?), avec un caractère si bien trempé et si enjoué ? Même le rire avec sa compagne est léger… Absurde, non ? Quand on sait qu’au même moment, ses livres brûlaient dans les autodafés Nazis. Ce parti pris nous laisse vraiment perplexe…
Déception pas moins grande devant Pierre-Arnaud Juin pour incarner le rôle principal. S’il est physiquement parfait (cheveux courts, moustache, visage fin : la ressemblance est admirable), il ne suffit pas à dépoussiérer son jeu et à pallier son insuffisance articulatoire. Il finit par lasser.
Face à lui, heureusement, Olivia Algazi tire son épingle du jeu, mais (erreur de casting ?), le rôle n’est pas vraiment à sa taille, même si elle incarne avec finesse et douceur une Lotte au tempérament discret. Toutefois, plus le personnage s’efface, plus la comédienne attire notre attention par la sincérité de son jeu.
Enfin, on ne sent pas ce supplément d’âme si précieux qui fait qu’un spectacle vous marque durablement. Celui-ci pêche par son manque d’originalité, de fraîcheur et finalement… d’émotion. Peut-être est-ce à cause de Pascal Elso qui tartine sa mise en scène de poncifs redondants (temps nostalgique, longs fondus au noir pour symboliser les ellipses temporelles…) ? Cette histoire dans l’Histoire est pourtant passionnante. Les années sont charnières, à la fois pour Zweig et pour l’Europe. Le texte est certes très bien écrit, mais la mise en scène et l’interprétation apportent si peu. Et c’est là tout le problème.
À tous les passionnés de Zweig, je ne saurais que trop recommander plutôt la lecture de l’excellent roman de Laurent Seksik, Les Derniers jours de Stefan Zweig, publié chez Flammarion. Accepterons-nous de croire alors que l’Histoire conserve une place meilleure dans l’horizontalité des lignes d’un livre que dans la verticalité d’un comédien sur un plateau ?
Déception, oui da ! Déception par le travail scénographique d’abord (panneaux "en dur", couleur boueuse et verdâtre) de Bernard Fau. On croyait d’ailleurs ne plus trouver qu’au boulevard ces décors réalistes. Ici, le mobilier (tout droit sorti d’une brocante) est recouvert de grands draps blancs, comme si l’appartement était vide depuis bien longtemps… Or Zweig n’y vit-il pas depuis un mois ? "Effet visuel" pas garanti, mais bien souligné… au détriment de tout bon sens ! En revanche, tout n’est pas à jeter aux orties, à partir du moment où l’on mise par touches : les projections vidéos évoquent poétiquement des gouttes de pluie contre une vitre ou des branchages agités par le vent.
Déception ensuite quant au personnage incroyablement loquace de Zweig. Le texte est incontestablement brillant. Il fourmille de phrases bien léchées et de bons mots d’esprit. Les dialogues sont chargés de sens, d’idées, de réflexions (le plaisir de l’auteure est évident) et l’écriture suffisamment théâtrale pour largement passer la rampe. Mais comment imaginer ce torturé, (pessimiste ou clairvoyant ?), avec un caractère si bien trempé et si enjoué ? Même le rire avec sa compagne est léger… Absurde, non ? Quand on sait qu’au même moment, ses livres brûlaient dans les autodafés Nazis. Ce parti pris nous laisse vraiment perplexe…
Déception pas moins grande devant Pierre-Arnaud Juin pour incarner le rôle principal. S’il est physiquement parfait (cheveux courts, moustache, visage fin : la ressemblance est admirable), il ne suffit pas à dépoussiérer son jeu et à pallier son insuffisance articulatoire. Il finit par lasser.
Face à lui, heureusement, Olivia Algazi tire son épingle du jeu, mais (erreur de casting ?), le rôle n’est pas vraiment à sa taille, même si elle incarne avec finesse et douceur une Lotte au tempérament discret. Toutefois, plus le personnage s’efface, plus la comédienne attire notre attention par la sincérité de son jeu.
Enfin, on ne sent pas ce supplément d’âme si précieux qui fait qu’un spectacle vous marque durablement. Celui-ci pêche par son manque d’originalité, de fraîcheur et finalement… d’émotion. Peut-être est-ce à cause de Pascal Elso qui tartine sa mise en scène de poncifs redondants (temps nostalgique, longs fondus au noir pour symboliser les ellipses temporelles…) ? Cette histoire dans l’Histoire est pourtant passionnante. Les années sont charnières, à la fois pour Zweig et pour l’Europe. Le texte est certes très bien écrit, mais la mise en scène et l’interprétation apportent si peu. Et c’est là tout le problème.
À tous les passionnés de Zweig, je ne saurais que trop recommander plutôt la lecture de l’excellent roman de Laurent Seksik, Les Derniers jours de Stefan Zweig, publié chez Flammarion. Accepterons-nous de croire alors que l’Histoire conserve une place meilleure dans l’horizontalité des lignes d’un livre que dans la verticalité d’un comédien sur un plateau ?
"La femme silencieuse"
"La Femme silencieuse" © Xavier Lahache
(Vu le 07/06/2011)
Texte : Monique Esther Rotemberg.
Mise en scène : Pascal Eslo.
Assistante : Sonia Sariel.
Avec : Pierre-Arnaud Juin, Corinne Jaber, Olivia Algazi.
Décors : Bernard Fau.
Lumières : Franck Thevenon.
Costumes : Caroline Martel.
Du 7 juin au 10 juillet 2011.
Théâtre du Petit Hébertot, Paris 17e, 01 42 93 13 04.
petithebertot.fr
Texte : Monique Esther Rotemberg.
Mise en scène : Pascal Eslo.
Assistante : Sonia Sariel.
Avec : Pierre-Arnaud Juin, Corinne Jaber, Olivia Algazi.
Décors : Bernard Fau.
Lumières : Franck Thevenon.
Costumes : Caroline Martel.
Du 7 juin au 10 juillet 2011.
Théâtre du Petit Hébertot, Paris 17e, 01 42 93 13 04.
petithebertot.fr