Cette disposition rend les interprètes si proches qu'on pourrait les toucher en tendant le bras. Une intimité propice à cette rencontre avec le personnage qu'interprète Romane Bohringer dans ce monologue qui ne s'adresse pas directement au spectateur, mais à l'enfant qui vient de naître. Sa mère lui parle au travers la vitre qui protège les prématurés sous aide respiratoire du reste du monde.
Durant une heure, durant une longue nuit sans fin, elle va tendre le fil de la parole pour toucher l'être à qui elle vient de donner naissance et l'attirer à la vie, un flux de mots qu'elle lance comme on jette et rejette mille fois un filin vers celui qui est en train de se noyer au milieu de la tempête. Et c'est exactement cela qui éclate dans cette mise en scène, l'étrange impression qu'une tempête est là, en train de jeter son eau et son vent et sa fureur dans l'indifférence capitonnée du silence de la maternité.
Romane Bohringer porte, dès les premières secondes et jusqu'au terme du spectacle, cette tempête battant dans son cœur, ses tempes, ses tripes et surtout dans cette manière sans détours d'adresser cette impérieuse volonté de dire.
Durant une heure, durant une longue nuit sans fin, elle va tendre le fil de la parole pour toucher l'être à qui elle vient de donner naissance et l'attirer à la vie, un flux de mots qu'elle lance comme on jette et rejette mille fois un filin vers celui qui est en train de se noyer au milieu de la tempête. Et c'est exactement cela qui éclate dans cette mise en scène, l'étrange impression qu'une tempête est là, en train de jeter son eau et son vent et sa fureur dans l'indifférence capitonnée du silence de la maternité.
Romane Bohringer porte, dès les premières secondes et jusqu'au terme du spectacle, cette tempête battant dans son cœur, ses tempes, ses tripes et surtout dans cette manière sans détours d'adresser cette impérieuse volonté de dire.
Dire quoi ? Que dire à l'enfant qui hésite encore à vivre, à respirer par ses propres moyens sans l'aide de la machine, que dire à celui qui n'est encore et surtout qu'un futur possible probable, sa fille en train de presque être ? Dire le monde qui l'attend et ses merveilles, ses amours, ses bonheurs, ses joies ? Dire ce monde qui ne l'attend pas et ses défaites, ses guerres perpétuelles, ses débâcles et ses horreurs toujours renouvelées ?
Le personnage de "Respire" ne fait pas ce choix. Ses mots décrivent le monde qui attend la nouvelle née sans rien farder. Elle parle autant des étranges violences du passé que des sanglants cataclysmes d'aujourd'hui et ces cycles des civilisations dont la roue semble sans cesse passer du pire au meilleur et du meilleur au pire dans un manège que rien ne semble pouvoir stopper. Cette mère raconte ainsi tout, non pour effrayer son bébé, mais pour lui donner la force du choix, la force de décider de vivre.
Ce faisant, elle est elle-même la vie, dans tous ses extrêmes. Une vie qui éclate dans ce beau moment où elle se dresse contre la mort qu'elle vit arriver, l'apostrophe, la défie, et la met en fuite. Elle est la vie, toute droite, mais surtout toute cabossée, toute friable, toute impétueuse, pleine de cette belle ivresse de l'existence.
Sortant du cercle protecteur de l'amphithéâtre de la Piccola Scala, on garde longtemps dans l'oreille le timbre un peu rauque, velouté, de la voix de Romane Bohringer et, dans l'œil, son regard limpide et franc. Une présence grave, tenue, dépouillée, mais qui est comme le murmure de la vie qui accompagne quelque temps.
Le personnage de "Respire" ne fait pas ce choix. Ses mots décrivent le monde qui attend la nouvelle née sans rien farder. Elle parle autant des étranges violences du passé que des sanglants cataclysmes d'aujourd'hui et ces cycles des civilisations dont la roue semble sans cesse passer du pire au meilleur et du meilleur au pire dans un manège que rien ne semble pouvoir stopper. Cette mère raconte ainsi tout, non pour effrayer son bébé, mais pour lui donner la force du choix, la force de décider de vivre.
Ce faisant, elle est elle-même la vie, dans tous ses extrêmes. Une vie qui éclate dans ce beau moment où elle se dresse contre la mort qu'elle vit arriver, l'apostrophe, la défie, et la met en fuite. Elle est la vie, toute droite, mais surtout toute cabossée, toute friable, toute impétueuse, pleine de cette belle ivresse de l'existence.
Sortant du cercle protecteur de l'amphithéâtre de la Piccola Scala, on garde longtemps dans l'oreille le timbre un peu rauque, velouté, de la voix de Romane Bohringer et, dans l'œil, son regard limpide et franc. Une présence grave, tenue, dépouillée, mais qui est comme le murmure de la vie qui accompagne quelque temps.
"Respire"
Texte : Sophie Maurer
Mis en scène : Panchika Velez
Avec : Romane Bohringer et Bruno Ralle
Scénographie et lumières : Lucas Jimenez
Musique : Baloo Productions
Collaboration artistique : Mia Koumpan
Production : François Volard, Acte 2.
Durée : 1 heure.
À partir de 14 ans.
Du 15 septembre au 8 octobre 2022.
Du 3 février au 1er avril 2023.
Du jeudi au samedi 19 h 30.
La Scala, Salle La Piccola Scala, Paris 10e, 01 40 03 44 30.
>> lascala-paris.fr
Mis en scène : Panchika Velez
Avec : Romane Bohringer et Bruno Ralle
Scénographie et lumières : Lucas Jimenez
Musique : Baloo Productions
Collaboration artistique : Mia Koumpan
Production : François Volard, Acte 2.
Durée : 1 heure.
À partir de 14 ans.
Du 15 septembre au 8 octobre 2022.
Du 3 février au 1er avril 2023.
Du jeudi au samedi 19 h 30.
La Scala, Salle La Piccola Scala, Paris 10e, 01 40 03 44 30.
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