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Théâtre

Pantagruel, prince d'un royaume d'utopie et de liberté joyeuse... le bonheur de l'émerveillement !

"Pantagruel", Athénée Louis Jouvet, Paris

Érudits. Argotiques. Savants. Populaires. Farcesques. Les récits des géants Gargantua et Pantagruel sont tout cela à la fois. L’auteur François Rabelais, alias Alcofibras Nasier, à la fois moine, médecin et écrivain, dans une totale liberté d’écriture et de ton, ouvre une voie maitresse de la Littérature qui n’hésite pas à dire, à faire rire, à faire lire... quitte à se mettre en danger. Légendaires, les personnages sont célébrissimes et peu connus. Restent à découvrir.



© Nathaniel Baruch.
© Nathaniel Baruch.
En mettant en scène le livre un de Pantagruel, Benjamin Lazar relève (et avec quel brio) le défi d’une présentation sur la scène. Et Olivier Martin-Salvan est un interprète remarquable. En comédien presque timide sur un plateau nu qu’il remplit sans prévenir de sa présence immense, donnant de la voix et de la main, précis et généreux, il joue de tous les registres apparaissant tour à tour enfant vagissant ou géant tonitruant. Subtilement expressif et matois, Pantagruel apparait en figure de la Renaissance, en prince riche et puissant, peint par un Holbein ; ou simple paysan agile comme l’empaillé d'un carnaval médiéval.

Accompagné, bercé par deux musiciens complices de jeu (au cornet et au luth ; à la flute et à la guitare), il est tout à la fois chanteur d’opéra, conteur et comédien dans tous les registres du saltimbanque. Il fait osciller le récit, le fait tanguer, le fait respirer, le fait miroiter. Avec art et manière.

© Nathaniel Baruch.
© Nathaniel Baruch.
Dans "Pantagruel", c’est l’art du conteur qui est exprimé et sublimé. Avec ses capacités de métamorphoses, ses avatars de nulle part et de partout présents dans l’imaginaire collectif. Que la machine du théâtre excelle à souligner, à amplifier pour atteindre des sommets d’épopée. Par son balancement et son rythme, dans un art consommé d’un contre-chant, d’un contre jeu, Benjamin Lazar fait apparaitre la très grande unité stylistique de l’œuvre et lui donne une dimension opératique.

Le spectateur et le public tout entier est emporté dans un récit burlesque sans queue ni tête, sans fin. Encore et encore.

Assurément Pantagruel est le prince d’un royaume d’utopie dont la scène est le lieu. Peuplé de figures de la Beauté et du Merveilleux : fugaces. Les sélénites voisinent avec les créatures des abysses, les ballons d’enfants avec les soldats mirlitons dorés. La passion baroque et les mansions de l’art roman. Il souffle un tel air de liberté joyeuse qu’il n’est pas nécessaire d’être savant pour éprouver le bonheur de l’émerveillement.

Tout simplement.

"Pantagruel"

© Nathaniel Baruch.
© Nathaniel Baruch.
Texte : François Rabelais
Mise en scène : Benjamin Lazar.
Texte : François Rabelais
Mise en scène : Benjamin Lazar, assisté de Amélie Enon.
Conception artistique et adaptation : Benjamin Lazar et Olivier Martin-Salvan.
Avec : Olivier Martin-Salvan.
Musiciens : Benjamin Bédouin et Miguel Henry.
Composition et direction musicale : David Colosio.
Recherche dramaturgique : Mathilde Hennegrave.
Scénographie : Adeline Caron, assistée de Sylvie Bouguennec.
Lumières : Pierre Peyronnet.
Costumes Adeline Caron et Julia Brochier, assistées de Margaux Sardin.
Durée : 1 h 35.

Du 7 au 30 novembre 2013.
Mardi à 19 h, mercredi au samedi à 20 h , dimanche à 16 h.
Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Grande salle, Paris 9e, 01 53 05 19 19.
>> athenee-theatre.com

Jean Grapin
Vendredi 15 Novembre 2013

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