La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Lyrique

"Je suis un homme ridicule", une fable musicale inaboutie à l'Athénée - 01/03/2017

Adapté d'une nouvelle de Dostoïevski, le nouvel opus du compositeur Sébastien Gaxie et du librettiste et metteur en scène Volodia Serre se veut un "spectacle électro-onirique", une expérience sensorielle et théâtrale unique. L'opéra nous laisse pourtant à quai, malgré une équipe artistique de qualité sur le plateau. À quoi tient ce sentiment d'inachèvement quand on sort d'un spectacle ? On aurait...  

"Fantasio" d'Offenbach, fantaisie charmante… et oubliable ? - 22/02/2017

Pour lancer en fanfare la nouvelle saison de l'Opéra Comique, a été choisie une partition rare (partiellement perdue et reconstituée par Jean-Christophe Scheck) du roi de la fête impériale Jacques Offenbach. Une fête devenue gueule de bois en 1872 quand le compositeur retire de la scène son opéra-comique en trois actes, "Fantasio", boudé par le public. Aujourd'hui, avec un livret partiellement...  

Sébastien Guèze, ténor de haut niveau - 20/02/2017

Alors qu'il s'apprête à confirmer la réussite de sa nouvelle prise de rôle avec un Werther charismatique et bouleversant à l'Opéra de Massy, après Metz et avant Reims, le jeune ténor Sébastien Guèze a bien voulu répondre à nos questions. Le ténor ardéchois - comme il aime à le rappeler lui-même - est un chanteur au charisme et au charme vocal évidents, que de nombreuses scènes internationales...  

La Jeanne d'Arc de Honegger et le spectateur au bûcher - 31/01/2017

Jusqu'au 3 février 2017, le public peut découvrir la nouvelle production de "Jeanne d'Arc au bûcher", l'oratorio d'Arthur Honegger, à l'Opéra de Lyon dans la mise en scène radicale de Romeo Castellucci. Une lecture en forme de refus de la dimension spirituelle de l'œuvre que transcendent avec talent chanteurs et orchestre sous la direction de Kazushi Ono. En décembre 1935, Arthur Honegger, membre...  

"Iphigénie en Tauride" à Garnier ou le miroir de nos songes - 09/12/2016

Jusqu'au 25 décembre, l'Opéra national de Paris programme le dernier succès français de Gluck avec la reprise de la belle et foisonnante mise en scène de Krzysztof Warlikowski, le scandale de la saison 2006. Encore six représentations pour aller entendre un superbe duo de chanteurs, Étienne Dupuis et Stanislas de Barbeyrac, ainsi que d'excellents seconds rôles issus de l'Académie. Invité à Paris...  

Rapprocher "Cavalleria Rusticana" et "Sancta Susanna", le défi réussi de Mario Martone à Bastille - 05/12/2016

Rapprocher en une soirée des opéras en un acte tels que ceux de Pietro Mascagni et Paul Hindemith constitue un beau défi qu'a réussi le réalisateur Mario Martone, à l'invitation de l'Opéra national de Paris. Deux œuvres, deux esthétiques, deux univers défendus par un admirable duo de chanteuses, Elina Garanca et Anna Caterina Antonacci. Comment éclairer de façon originale une œuvre populaire...  

"Owen Wingrave" à Bastille, l'adieu aux armes - 22/11/2016

Les artistes en résidence à l'Académie de l'Opéra de Paris ont choisi, pour cinq représentations, un opéra trop rare de Benjamin Britten, le superbe "Owen Wingrave", jusqu'au 28 novembre 2016. Une nouvelle production chambriste et percutante qui exalte le génie du compositeur britannique et, grâce à l'orchestre, ses mystères ambigus. Avant-dernier opéra du plus grand compositeur anglais du XXe...  

"L'Ombre de Venceslao", dans la lumière cruelle et fantasque du duo Matalon/Lavelli - 15/11/2016

Créé en octobre à l'Opéra de Rennes, "L'Ombre de Venceslao", un opéra commandé par le Centre Français de Promotion Lyrique, est une œuvre baroque et grinçante, fidèle à l'esprit de la pièce du dramaturge Copi, sa source. Sur une partition du compositeur Martin Matalon, Jorge Lavelli, librettiste aussi, met habilement en scène les tribulations d'une famille argentine dans les années quarante....  

"Samson et Dalila", un drame charmeur à Bastille - 17/10/2016

Après plus de deux décennies d'absence, le plus célèbre des douze opéras de Camille Saint-Saëns revient sur la scène de l'Opéra national de Paris dans une nouvelle production de Damiano Michieletto. Alors que la mise en scène se signale surtout par sa banalité, les chanteurs - singulièrement la Dalila d'Anita Rachvelishvili - les chœurs et la direction enflammée de Philippe Jordan impressionnent....  

Les ArtScènes, la belle saison des jeunes talents à Nantes - 05/10/2016

Pour cette sixième édition des ArtScènes, son directeur artistique Thierry Pillon a choisi un thème tragiquement d'actualité en donnant à voir et à entendre au public ces "Voies et voix des migrations". Un thème décliné dans douze master-classes et de nombreux concerts donnés dans divers lieux...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024