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Les Vêpres de Saint-Jacques par l'ensemble Vox Cantoris, c'est l'Amérique !

L'hiver dernier est paru un disque tout à fait passionnant animé par l'esprit de découverte et de transmission habituel à l'ensemble Vox Cantoris. Un CD consacré aux trésors de la polyphonie religieuse composés dans la Nouvelle Espagne (ou Mexique) des XVIe et XVIIe siècles.



L'ensemble Vox Cantoris du ténor et chef Jean-Christophe Candau, fondé en 2000, se consacre au patrimoine musical monodique et polyphonique du Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle. La spécialité de cet ensemble est de déchiffrer et chanter à partir de la notation originale avec ornementation, et ce, autour d'un lutrin. Leur travail de recherche avec des musicologues précède le chant, et leur travail choral s'enrichit des usages du passé, non sans avoir aussi recueilli des traditions orales encore vivantes.

Après avoir redonné vie aux six livres des "Trésors" des couvents et cathédrales mexicains (donc de Nouvelle Espagne) du XVIIe siècle, mêlant hiératisme espagnol et ferveur du Nouveau Monde dans leur précédent opus, l'ensemble livre aujourd'hui ces "Vêpres de Saint-Jacques" (en version originale : Vispera de Santiango). C'est au septième livre découvert au Couvent de Santa Inès à Mexico que nous devons ce nouvel album. Et son écoute est fascinante.

Certes le fonds musical - fait de chants en faux bourdon, polyphoniques (avec des chœurs jusqu'à onze voix) et monodiques - de ces couvents "conceptionnistes" (ou soumis à l'ordre de l'Immaculée Conception) semble d'une richesse inégalée et non encore épuisée, mais la redécouverte d'offices religieux témoigne de surcroît d'impressionnantes œuvres issues de la christianisation du Nouveau Monde. Cela aussi ne laisse pas d'intriguer.

Antiennes et orgue (dont l'œuvre du compositeur Juan de Lienas) alternent encore ici pour fêter Saint-Jacques Le Majeur, ressuscitant la splendeur mystique qu'offraient des novices recrutées pour leur talent de musiciennes ou de chanteuses - quand elles n'avaient pas de dot. Ces offices parfois mixtes (les moniales pouvaient chanter avec les chapelains) étaient donc d'une exceptionnelle qualité. Et c'est à ces fantômes d'un lointain passé dont les ancêtres étaient arrivés avec Hernan Cortez, à leurs traditions chorales et instrumentales que rend aujourd'hui idéalement justice l'excellent Vox Cantoris et ses onze chanteurs.

● Vox Cantoris "Vêpres de Saint Jacques - Nouvelle-Espagne XVIe & XVIIe siècles".
Jean-Christophe Candau, directeur artistique.
Anne-Marie Blondel, orgue historique Fresnes.
Label : Psalmus.
Sortie : novembre 2021.

>> vox-cantoris.com/boutique

Christine Ducq
Vendredi 18 Mars 2022

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

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Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

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Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

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© Philippe Hanula.
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