La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Paroles & Musique

La Revue Du Spectacle a 22 ans et trois mois… Bientôt une Révolution s’annonce !

Il y a tout juste 22 ans (le 1er avril 1989), La Revue Du Spectacle naissait. Un "fou-passionné", du nom de Gil Chauveau, avait décidé, avec une équipe composée d’abord d’une poignée de personnes, de créer le premier magazine destiné à l'ensemble du spectacle vivant.



La Revue Du Spectacle a 22 ans et trois mois… Bientôt une Révolution s’annonce !
Jusque-là, un même support ne parlait pas à la fois de théâtre et de cirque, de chanson et d’arts de la rue. Disons qu’en 1989, ce n’était pas encore une pratique entrée dans les mœurs que de considérer une pièce de la Comédie Française au même titre que les spectacles du clown Buffo. Dès les premiers numéros, elle s'adressa à la fois aux professionnels du Spectacle et au grand public, ce dernier se trouvant plus concerné lorsque le magazine fut diffusé en kiosque. Depuis quelques années, le support papier n’existe plus et la RDS est devenue un site (loi du marché oblige !).

Aujourd’hui, la RDS s’est offert un lifting, anciens et nouveaux rédacteurs ont concocté quelques bonnes surprises prévues pour la rentrée de septembre : entre autres s’annonce la création de nouvelles rubriques passionnantes, interactives et surtout… innovantes ! Entre web radio et vidéo, contenu de qualité et coups de gueule, la rentrée va être riche.

Enfin, l’avantage de la maturité, c’est qu’on a une histoire et surtout des archives qu’on a envie de vous faire partager. Pour fêter cet anniversaire du 1er juillet, un article (à titre exceptionnel sous cette forme) vous est présenté. Plus tard, une rubrique "archives" sera mise place.

Il s'agit ici d'une interview, accompagnée d'un article sur Léo Ferré, à l’occasion d’un numéro spécial sorti entre décembre 1990 et janvier 1991. Comment résister au plaisir de fêter notre anniversaire en compagnie d'un tel Monsieur ? On espère que vous partagerez avec autant d'émotion que nous cette (re)lecture... Sheila Louinet.

"Léo Ferré : le vieux copain"

Première de couverture du magazine La Revue du Spectacle, n°spécial de décembre 90 et janvier 91
Première de couverture du magazine La Revue du Spectacle, n°spécial de décembre 90 et janvier 91
Léo Ferré est de nouveau présent sur tous les tableaux. Un récital au TLP Dejazet, un nouvel album quasi lyrique avec l'Orchestre Symphonique de Milan et son "Opéra du pauvre" mis en scène par le Zygom Théâtre.
Avec dans l'âme le souvenir de ses vieux copains.


Égal à lui-même, le lion s'est à nouveau dressé sur la scène du TLP qu'il fréquente régulièrement "par amour et amitié" depuis 1983.
Son nouveau spectacle comprend l'intégralité des chansons du compact et commence avec un texte en forme de règlement de compte : Vison l'éditeur. Comme toujours Ferré passe des chansons au piano et aux chansons accompagnées par bande. Le travail effectué avec l'orchestre symphonique est colossal et une ré-écoute des chansons chez soi, après le spectacle, est un véritable plaisir.
Le discours de Léo Ferré est toujours plein d'amour et de respect, du respect de l'autre, du respect de la poésie et de l'amitié.
Rencontré, il y a quelque temps à Tours, par Christian Panvert, celui-ci nous livre les réflexions de cette entrevue.




Pages 4 et 5 du magazine La Revue du Spectacle, n°spécial de décembre 90 et janvier 91
Pages 4 et 5 du magazine La Revue du Spectacle, n°spécial de décembre 90 et janvier 91
CP. - On vous a dit un jour "Léo, tu es anarchiste et pourtant tu t'arrêtes au feu rouge". Être anarchiste, c'est respecter ceux qui passent au vert ?

Léo Ferré - Je me respecte et je respecte l'autre avant toute chose. Si je décide de vivre en cité, il faut que je fasse attention à l'autre. Je ne suis pas anarchiste, je suis quelqu'un qui aime. C'est tout et c'est différent. Ça ne perd rien de faire l'effort d'aimer l'autre, et ça arrange tout.

C P. - Si Rimbaud existait encore, ferait-il du rock ?

L. F. - Je crois plutôt qu'il cracherait dessus avant de s'en aller. Le rock n'est qu'une musique à la gloire du percussionniste. Je dis percussionniste parce que je suis musicien. Mais certains disent batteur. C'est péjoratif … Le rock n'est qu'une musique à la gloire du batteur.

C P. - La folie est-elle la marque indélébile de la vérité ?

L. F. - La folie, c'est de ne pas être dans la rue avec les autres, c'est de ne pas être dans le texte, c'est aussi croire au Père Noël de l'intelligence.

CP. - Pour Léo Ferré "la musique est la charrette qui véhicule la poésie dans l'oreille de tous" ?

L. F. - Je m'en suis rendu compte en 1957 lorsque j'ai sorti un disque pour le centenaire des "Fleurs du mal". Beaucoup de gens ont découvert Baudelaire grâce à ce disque. Actuellement plus personne ne lit la poésie. Si Baudelaire, Rimbaud, Verlaine vivaient à l’heure actuelle, on les aurait appelés des auteurs-compositeurs-interprètes. (rire) "

CP. - Un jour Victor Hugo a pourtant écrit "interdit de déposer de la musique le long de mes vers"

L F. - C'est pour cela que je n'ai jamais chanté Hugo. Je crois qu'il avait fait ça contre Béranger (le chansonnier) parce qu'il avait mis de la musique sur ses vers. Je n'étais pas content quand je l'ai appris. Il m'emmerde ce type. Ce que j'aurai eu à lui répondre serait "défense de mettre des vers sur ma musique".

"L'opéra du pauvre"

Pages 4 et 5 du magazine La Revue du Spectacle, n°spécial de décembre 90 et janvier 91
Pages 4 et 5 du magazine La Revue du Spectacle, n°spécial de décembre 90 et janvier 91
Léo Ferré, lui, semble beaucoup plus tolérant. L'Opéra du pauvre dont "la mise en scène n'était pas à envisager" en est l'exemple flagrant. Cet opéra, que Ferré avait enregistré sur disque, n'avait jamais été monté. Un jour, Franck Ramon vient lui demander l'autorisation de le mettre en scène. Ferré, séduit par la passion du toulousain donne son accord. Commence, là, une longue aventure qui enthousiasmera Ferré et qui aboutira sur la scène du TLP du 27 novembre au 9 décembre.
"Ils ont réinventé mon œuvre !" déclara-t-il. Pour en arriver là, Frank Ramon et le Zygom Théâtre ont remué ciel et terre. Après avoir obtenu l'autorisation de Ferré accompagnée d'une seule consigne, ne toucher ni au texte, ni à la musique, ils vont se battre pendant quatre ans pour monter l'opéra avec de superbes décors, des costumes appropriés à l'ambiance du spectacle et une vingtaine de comédiens et techniciens. La première aura lieu, en présence de Léo Ferré, le 29 mars 1989 à Castres. C'est le succès et le pari est gagné. Ferré est convaincu et il écrira à Hervé Trinquier, le directeur du TLP pour lui faire part de son sentiment et pour essayer de monter la pièce à Paris.
Mais qu'est-ce que cet opéra hors du commun que Ferré n'imaginait pas sur scène ?

La Nuit, soupçonnée d'avoir supprimé la Dame Ombre, est amenée devant le juge d'instruction aux fins d'inculpation de meurtre. Elle ne peut répondre qu'en présence de son avocat, le Hibou, bien sûr ... Il y a plusieurs témoins à charge qui affirment avoir vu la Dame Nuit supprimer la Dame Ombre, juste comme le soleil se couchait entre chien et loup. L'ennui pour l'instruction est qu'on ne retrouve pas la disparue - morte ou vive - et qu'on ne peut faire supporter à la Nuit que des présomptions, très lourdes, certes, mais insuffisantes. Les témoins à décharge viennent, nombreux, dire tout le bien que leur fait Dame Nuit, et ce sont eux qui finalement l'emporteront, au petit jour, dès que le soleil pointera et que l'ombre réapparaîtra s'enfuyant avec eux ... empaillés comme des hiboux ...

La mise en scène de F. Ramon donne à ce texte une véritable dimension de théâtre poétique. Tout est construit autour d'une même ambiance, celle d'un jugement où la nuit est à la barre des accusés. Le décor composé de volumes cubiques permet aux comédiens d'évoluer, monter et descendre suivant le jeu et leur position hiérarchique du moment. Les costumes de Marithe et François Girbaud donnent une seconde peau à chacun des personnages-animaux qui interviennent tout au long du procès. Tous ceux qui aiment Ferré et son œuvre retrouveront dans cette adaptation son univers. Le parti de proposer cette pièce à Paris est forcément risqué puisque Ferré ne fait pas parti du spectacle. C'est là le pari du Zygom théâtre, du TLP et de Léo. Alors pari tenu !
G. CHAUVEAU et C.PANVERT pour l'interview.

Vendredi 1 Juillet 2011

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024