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Théâtre

Histoire d'une chute annoncée... Du monarque au tyran...

Reprise 2013, "Marie Tudor", Le Lucernaire, Paris

Dans "Marie Tudor" de Victor Hugo, une reine et son amant sont emportés par le tourbillon mortel du désir et du pouvoir. Au rythme talentueux d’un bonimenteur, d’un bateleur, l’auteur, qu’il faut savoir découvrir hors de tout fatras patrimonial, enchaine les scènes et livre une extraordinaire lecture de la société. Le mépris exercé par la caste aristocratique, les ostracismes ordinaires, la foule instrumentalisée. L’auteur sait comme personne conjuguer archétypes et réalisme dans une tension dramatique croissante qui n’exclut pas le rire et la beauté.



© David Krüger.
© David Krüger.
Le spectateur découvre comment, des salles du palais royal aux places de Londres plongées dans la nuit et le brouillard, se tissent les liens entre des personnes que tout sépare, découvre les effets de démultiplication dévastateurs que provoque l’idéal de vertu qui fonde un peuple... lorsque se cristallisent les forces de la raison d’État, de l’Amour confrontés à la jalousie, la cupidité, la voracité et la vengeance. L’histoire de Marie Tudor est celle d’une chute annoncée. Du monarque au tyran.

Marie Tudor se présente comme un conte populaire qui dévoile le dessous des cartes. Précis et toujours actuel…

Victor Hugo théorisa le drame, enfanta le théâtre populaire, le roman populaire et le roman policier. Il rêva peut-être le cinéma.

C’est cette intuition que Pascal Faber concrétise dans sa mise en scène. Avec une grande justesse et délicatesse dans la forme.

Dans cette mise en scène, les images obéissent à un dispositif simple, dépouillé mais non dénué de sophistication. Les rideaux de scène et de fond tendus, noirs, facilitent les entrées et les sorties ; les rais de lumière au halo précis fondent le mystère et le drame, donnent aux scènes de transitions fluidité et aux postures des personnages relief. Le code couleur simple adopté pour les costumes fonde la hiérarchie et souligne les champs de force. La reine, l’orpheline, le traitre, le comploteur, le persécuté…

La distribution juste (les comédiens sont tous épatants) apporte émotion, netteté et lisibilité au récit ainsi qu’aux passions représentées. Le jeu naturel procure un plaisir immédiat. Étonnamment contemporain comme une prescience de cinéma.

"Marie Tudor"

© David Krüger.
© David Krüger.
Texte : Victor Hugo.
Mise en scène : Pascal Faber.
Assistante mise en scène : Sophie Lepionnier.
Avec : Pierre Azema, Stephane Dauch, Christophe Borie, Pascal Guignard, Frédéric Jeannot, Flore Vannier-Moreau, Florence Lecorre, Séverine Cojannot, Sacha Petronijevic.

Spectacle du 12 octobre au 27 novembre 2011.
Relâche le 23 octobre et le 6 novembre 2011.
Du mardi au samedi à 21 h 30, dimanches à 15 h.
Le Lucernaire, Paris 6e, 01 45 44 57 34.
>> lucernaire.fr

Du 7 mars au 22 juin 2013.
Du mardi au samedi à 21 h 30, dimanche à 17 h.
Relâches : 11, 12, 19, 25, 26, 27, 28 avril et 2, 4 ,12, 16 et 17 mai.
Le Lucernaire, Paris 6e, 01 45 44 57 34.
>> lucernaire.fr

Jean Grapin
Mercredi 26 Octobre 2011

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

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Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

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Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
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On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

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© Philippe Hanula.
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N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024