Pour le principe ? Il s'agit d'inviter une ou un journaliste et une ou un metteur en scène à embrasser un sujet médiatique, mais surtout une question sociale contemporaine. Ils n'ont qu'une semaine pour créer un spectacle qui ne se jouera que quelques représentations. Un challenge qui, pour ce "Grand Reporterre #5", repose sur une question : faut-il séparer l'homme de l'artiste ?
On sait la pertinence de cette interrogation donnée par le mouvement Metoo, Metoo Théâtre et surtout l'embrasement de la cérémonie des Césars autour de Roman Polanski. Effectivement, l'affaire Polanski est comme une traînée de poudre que vont suivre Giulia Foïs et Étienne Gaudillère, les deux concepteurs du spectacle, comme un fil rouge brûlant. Mais cette affaire n'est pas la seule à être mise à la question et à peser d'un côté de la balance : les figures de Wajdi Mouawad et de la manière dont il a défendu la présence de Cantat sur sa mise en scène, celles de Woody Allen, de Michael Jackson, de Verlaine, de Gauguin… la liste est longue de ces artistes dont les vies sont notoirement tâchées d'ombres dissimulant pédophilie, agression, viol.
On sait la pertinence de cette interrogation donnée par le mouvement Metoo, Metoo Théâtre et surtout l'embrasement de la cérémonie des Césars autour de Roman Polanski. Effectivement, l'affaire Polanski est comme une traînée de poudre que vont suivre Giulia Foïs et Étienne Gaudillère, les deux concepteurs du spectacle, comme un fil rouge brûlant. Mais cette affaire n'est pas la seule à être mise à la question et à peser d'un côté de la balance : les figures de Wajdi Mouawad et de la manière dont il a défendu la présence de Cantat sur sa mise en scène, celles de Woody Allen, de Michael Jackson, de Verlaine, de Gauguin… la liste est longue de ces artistes dont les vies sont notoirement tâchées d'ombres dissimulant pédophilie, agression, viol.
Mais faut-il jeter l'œuvre avec l'homme, car il n'est question ici que du prédateur masculin ? Et peut-on garder l'une tout en condamnant leur auteur ? Dilemme complexe que va tenter d'éclairer cette performance en tentant de ne pas fournir une réponse catégorique, mais en argumentant le pour et le contre. Ceci n'est pas un procès, mais une interrogation en profondeur que les deux créateurs du spectacle ont construite comme un dialogue illustré par de courtes scènes jouées.
Quelques arguments au passage : faut-il que ces artistes qui, comme Verlaine, comme Cantat, qui ont payé leurs forfaits à la société, reprennent une vie normale ? Contrairement à ceux qui ont échappé à la justice ? Que faire des œuvres des pédophiles et autres criminels ? Et surtout cette habile pensée au sujet des droits d'auteur : l'artiste et l'homme ont le même compte en banque…
Giulia Foïs, journaliste et productrice sur France Inter, en charge de l'émission "Pas son genre", est fortement interpellée par ce sujet, elle qui a écrit "Je suis une sur deux" où est révélé le viol qu'elle a subi dans sa jeunesse. Elle est sur scène installée comme dans son bureau à la Maison de la Radio. Le metteur en scène, Étienne Gaudillère, lui aussi au plateau, recrée ainsi la situation des rencontres qu'ils eurent pour concevoir ce spectacle. Ce dialogue entre elle, riche de toutes les références, de tous les chiffres concernant les violences faites aux femmes, aux enfants, et lui, comme découvreur de l'ampleur du problème, un peu naïf, sera le fil conducteur de la pièce. Et sa prise de conscience de l'ampleur du problème, la progression de la représentation.
Ce sera aussi le cas de la plupart des spectateurs, un peu étourdis par une telle avalanche d'informations, mais surtout par une telle prolifération d'œuvres aux auteurs suspects. Quant à répondre à la question initiale, la balance pèse lourd vers le oui, mais "que faire de ces œuvres" demeure une question ouverte.
Vu au Théâtre du Point du jour, Lyon, lors de la création qui s'est déroulée du 20 au 23 janvier 2022.
Quelques arguments au passage : faut-il que ces artistes qui, comme Verlaine, comme Cantat, qui ont payé leurs forfaits à la société, reprennent une vie normale ? Contrairement à ceux qui ont échappé à la justice ? Que faire des œuvres des pédophiles et autres criminels ? Et surtout cette habile pensée au sujet des droits d'auteur : l'artiste et l'homme ont le même compte en banque…
Giulia Foïs, journaliste et productrice sur France Inter, en charge de l'émission "Pas son genre", est fortement interpellée par ce sujet, elle qui a écrit "Je suis une sur deux" où est révélé le viol qu'elle a subi dans sa jeunesse. Elle est sur scène installée comme dans son bureau à la Maison de la Radio. Le metteur en scène, Étienne Gaudillère, lui aussi au plateau, recrée ainsi la situation des rencontres qu'ils eurent pour concevoir ce spectacle. Ce dialogue entre elle, riche de toutes les références, de tous les chiffres concernant les violences faites aux femmes, aux enfants, et lui, comme découvreur de l'ampleur du problème, un peu naïf, sera le fil conducteur de la pièce. Et sa prise de conscience de l'ampleur du problème, la progression de la représentation.
Ce sera aussi le cas de la plupart des spectateurs, un peu étourdis par une telle avalanche d'informations, mais surtout par une telle prolifération d'œuvres aux auteurs suspects. Quant à répondre à la question initiale, la balance pèse lourd vers le oui, mais "que faire de ces œuvres" demeure une question ouverte.
Vu au Théâtre du Point du jour, Lyon, lors de la création qui s'est déroulée du 20 au 23 janvier 2022.
"Grand Reporterre #5 : Faut-il séparer l'homme de l'artiste ?"
Conception et mise en pièce de l'actualité : Étienne Gaudillère et Giulia Foïs.
Jeu : Jean-Philippe Salério et Marion Aeschlimann.
Lumières, vidéo, son : Romain de Lagarde.
Scénographie : Étienne Gaudillère, Romain de Lagarde, Claire Rolland.
Régie : Sandrine Sitter.
Collaboration artistique : Angélique Clairand et Éric Massé.
Collaboration technique : Quentin Chambeaud, Bertrand Fayolle, Thierry Pertière.
Production Théâtre du Point du Jour • Compagnie des Lumas.
Durée : 1 h 15.
>> pointdujourtheatre.fr
Tournée
14 avril 2022 : Villefranche-sur-Saône (69).
Jeu : Jean-Philippe Salério et Marion Aeschlimann.
Lumières, vidéo, son : Romain de Lagarde.
Scénographie : Étienne Gaudillère, Romain de Lagarde, Claire Rolland.
Régie : Sandrine Sitter.
Collaboration artistique : Angélique Clairand et Éric Massé.
Collaboration technique : Quentin Chambeaud, Bertrand Fayolle, Thierry Pertière.
Production Théâtre du Point du Jour • Compagnie des Lumas.
Durée : 1 h 15.
>> pointdujourtheatre.fr
Tournée
14 avril 2022 : Villefranche-sur-Saône (69).