Une mère particulière pourtant, car celle-ci, originaire d'Haïti au moment du règne des Duvalier - qui saignèrent l'île durant des décennies jusqu'en 1986 -, fuit son île natale à la suite de son mari, se retrouva au Zaïre puis s'installa seule et éleva ses deux enfants en Belgique pour enfin retourner à Haïti à la mort de son père, et y mourir, assassinée. C'est sur le fond de cette histoire violente et politique que ce fils va s'éveiller et grandir, à la fois impliqué et à distance, imprégné et étranger.
Il ne nommera cette île que sous le groupe nominal : ce pays. "À quoi pensiez-vous en quittant ce pays ?" demande-t-il à cette mère qu'il vouvoie. Et ce vouvoiement ajoute encore à l'éloignement dans lequel ces deux êtres ont vécu malgré des liens filiaux fort, mais jamais avoués. Ce pays, il ne le nomme pas dans le texte. Ce pays pourtant revient comme une figure obsédante, moitié maléfique, moitié redoutée, un pays qui d'une certaine manière lui a volé cette mère.
Pour donner vie à cette histoire tout en en élargissant la portée universelle, Alexandra Tobelaim a choisi de lui donner trois corps, trois voix. Stéphane Brouleaux, Geoffrey Mandon et Olivier Veillon seront simultanément ce fils qui apostrophe cette mère disparue en faisant renaître les souvenirs de l'enfance en une sorte de jeu choral, imbriqué, hydre où l'énergie circule de l'un à l'autre, les comédiens formant parfois un seul corps puis s'échappent ailleurs en errances supposées, moments de fulgurances, moments d'incertitudes.
Il ne nommera cette île que sous le groupe nominal : ce pays. "À quoi pensiez-vous en quittant ce pays ?" demande-t-il à cette mère qu'il vouvoie. Et ce vouvoiement ajoute encore à l'éloignement dans lequel ces deux êtres ont vécu malgré des liens filiaux fort, mais jamais avoués. Ce pays, il ne le nomme pas dans le texte. Ce pays pourtant revient comme une figure obsédante, moitié maléfique, moitié redoutée, un pays qui d'une certaine manière lui a volé cette mère.
Pour donner vie à cette histoire tout en en élargissant la portée universelle, Alexandra Tobelaim a choisi de lui donner trois corps, trois voix. Stéphane Brouleaux, Geoffrey Mandon et Olivier Veillon seront simultanément ce fils qui apostrophe cette mère disparue en faisant renaître les souvenirs de l'enfance en une sorte de jeu choral, imbriqué, hydre où l'énergie circule de l'un à l'autre, les comédiens formant parfois un seul corps puis s'échappent ailleurs en errances supposées, moments de fulgurances, moments d'incertitudes.
Avec ces trois comédiens, trois musiciens - Astérion à la contrebasse, Yoann Buffeteau à la batterie et Lionel Laquerrière à la guitare et voix - occupent un plateau à la scéno spartiate, faite de matières (sable, bois, tissus qui renvoient à la Terre) et de clarté (sol et tentures blanc pâle). Un univers presque vierge qui adoucit le propos du spectacle et apaise. La musique très belle, précise, aux accents rock, et la présence des musiciens sont essentielles dans cette mise en scène. Ceux-ci interviennent tout au long, jouent avec les comédiens, portent et développent émotions, sentiments, ruptures.
Difficile d'émettre un commentaire critique face à un tel spectacle et un tel texte. La démarche est généreuse, l'ambition apaisante ; et la réalisation présente ses interprètes comme des absolus de sincérité contre lesquels il serait vraiment mal venu d'émettre des doutes. Toute la conception du spectacle ainsi que la direction d'acteurs sont également estampillés du sceau : "rien n'est caché". Pourtant, le système extrêmement bien rodé de travail choral, de dialogue musical, de circulation des interprètes sur scène étouffe souvent le sens des mots et fait tendre le rythme vers la répétition, un système dont on aurait aimé que le spectacle sorte pour mordre mieux.
Difficile d'émettre un commentaire critique face à un tel spectacle et un tel texte. La démarche est généreuse, l'ambition apaisante ; et la réalisation présente ses interprètes comme des absolus de sincérité contre lesquels il serait vraiment mal venu d'émettre des doutes. Toute la conception du spectacle ainsi que la direction d'acteurs sont également estampillés du sceau : "rien n'est caché". Pourtant, le système extrêmement bien rodé de travail choral, de dialogue musical, de circulation des interprètes sur scène étouffe souvent le sens des mots et fait tendre le rythme vers la répétition, un système dont on aurait aimé que le spectacle sorte pour mordre mieux.
"Face à la mère"
Texte : Jean-René Lemoine.
Mise en scène : Alexandra Tobelaim.
Création musicale : Olivier Mellano.
Avec : Astérion (contrebasse), Yoann Buffeteau (batterie), Stéphane Brouleaux, Lionel Laquerrière (guitare et voix), Geoffrey Mandon, Olivier Veillon.
Scénographie : Olivier Thomas.
Lumières : Alexandre Martre.
Travail vocal : Jeanne-Sarah Deledicq.
Costumes : Joëlle Grossi.
Son : Émile Wacquiez.
Durée : 1 h 30.
Vu au Théâtre de la Tempête, Paris 12e, le 20 janvier 2021 dans le cadre de représentations réservées aux professionnels et à la presse.
>> la-tempete.fr
Mise en scène : Alexandra Tobelaim.
Création musicale : Olivier Mellano.
Avec : Astérion (contrebasse), Yoann Buffeteau (batterie), Stéphane Brouleaux, Lionel Laquerrière (guitare et voix), Geoffrey Mandon, Olivier Veillon.
Scénographie : Olivier Thomas.
Lumières : Alexandre Martre.
Travail vocal : Jeanne-Sarah Deledicq.
Costumes : Joëlle Grossi.
Son : Émile Wacquiez.
Durée : 1 h 30.
Vu au Théâtre de la Tempête, Paris 12e, le 20 janvier 2021 dans le cadre de représentations réservées aux professionnels et à la presse.
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Tournée
1er février 2022 : Anthéa, Antibes (06).
4 février 2022 : Bords 2 Scènes, Espace Simone Signoret, Vitry-le-François (51).
24 et 25 février 2022 : Centre Dramatique National de l'Océan Indien, Théâtre du Grand Marché, Saint-Denis, La Réunion.
1er février 2022 : Anthéa, Antibes (06).
4 février 2022 : Bords 2 Scènes, Espace Simone Signoret, Vitry-le-François (51).
24 et 25 février 2022 : Centre Dramatique National de l'Océan Indien, Théâtre du Grand Marché, Saint-Denis, La Réunion.