"Elle" révèle les dessous pas forcément évangéliques de la pose papale, en exploitant les ressources de la farce, de la satire et du brocard. En posant cette ancienne et toujours actuelle question : l'habit, la posture, le geste font ils le moine ? Le pape en l'espèce ?
Et ce, bien avant le défilé de mode ecclésiastique de "Fellini Roma".
Alfredo Arias qui met en scène et joue le rôle principal s'en donne à cœur joie, exploitant toutes les ressources de la langue et de la situation. "Elle" est celle d'un vieil homme sénile, infantile, abruti par le rôle et la puissance qu'on lui assigne. Plein de bonne volonté pour trouver un rôle, dont il est le jouet conscient. Le pape est à jamais voué, oint, très oint, à jamais contraint à la componction et ne sait pourquoi. Dépositaire de pouvoir et ne sait pourquoi. Au centre de tout et rencontrant le vide. Sacrifié en quelque sorte. À bien y réfléchir perdu comme un enfant. Telle est Sa Sainteté.
Et ce, bien avant le défilé de mode ecclésiastique de "Fellini Roma".
Alfredo Arias qui met en scène et joue le rôle principal s'en donne à cœur joie, exploitant toutes les ressources de la langue et de la situation. "Elle" est celle d'un vieil homme sénile, infantile, abruti par le rôle et la puissance qu'on lui assigne. Plein de bonne volonté pour trouver un rôle, dont il est le jouet conscient. Le pape est à jamais voué, oint, très oint, à jamais contraint à la componction et ne sait pourquoi. Dépositaire de pouvoir et ne sait pourquoi. Au centre de tout et rencontrant le vide. Sacrifié en quelque sorte. À bien y réfléchir perdu comme un enfant. Telle est Sa Sainteté.
Ou plutôt devrait-on dire Sa Suavité tant l'homme en blanc est objet de désir. Et la solution de son problème d'image passe par une dissolution de son Être. Comme un morceau de sucre tout blanc qui disparaîtrait dans une tasse de café. Ainsi vont les métamorphoses et les instantanés rêvés. La métaphore de Genet est dévastatrice à fort pouvoir comique et provocateur.
Dans le spectacle proposé, la pièce de Genet est encadrée par deux textes qui l'éclairent et le renforcent. En guise de prologue, Marcos Montes porte un texte de Sade extrait de "Juliette ou les prospérités du vice", par lequel son Héroïne s'adresse au pape Pie VI (2) pour mieux le séduire et le pervertir. Dans la scène finale, Alejandra Radano fait éclater la rage de Pasolini qui crie et interpelle Pie XII totalement insensible au sort d'un miséreux tué par un tramway à quelques pas de la place Saint Pierre.
Assurément, l'histoire qui est racontée par Alfredo Arias file de Pie en Pie, va de Mal en Pis. Du Stupre à l'Injustice, le vice prospère. La parabole sous la fable en devient aveuglante. Genet nous montre comment ils voient et ne voient pas. Ils entendent et n'entendent pas. Combien tout est simulacre et mensongère l'image. La pièce de Genet en décrypte l'emprise comme commence à le faire son contemporain Guy Debord.
Dans cette trajectoire, Alfredo Arias affirme les tensions de la pièce . Elle miroite dans tous ses effets. Le jeu avance sans appuis forcés, ni concessions au public. Il développe dans sa rigueur et sa plastique, son esthétique, une grâce joyeuse, toute argentine. Les excès de la farce sont maîtrisées et les effets dramatiques sont projetés, (rejetés) sur un grand écran immaculé. Ces avatars dédoublent les scènes comme autant d'ombres démoniaques de soi-même dont on ne peut se défaire. Et les paillettes et les noirceurs.
Le plateau, lui, est le lieu de l'humaine condition. Stylisée ou intime. L'Homme, dans sa fragilité, trouve en effet son incarnation sous les habits de pape. Un pape qui comme tout un chacun se sait grotesque, ressent le besoin du sublime, sent passer la grâce et ne peut la saisir.
Dans le spectacle proposé, la pièce de Genet est encadrée par deux textes qui l'éclairent et le renforcent. En guise de prologue, Marcos Montes porte un texte de Sade extrait de "Juliette ou les prospérités du vice", par lequel son Héroïne s'adresse au pape Pie VI (2) pour mieux le séduire et le pervertir. Dans la scène finale, Alejandra Radano fait éclater la rage de Pasolini qui crie et interpelle Pie XII totalement insensible au sort d'un miséreux tué par un tramway à quelques pas de la place Saint Pierre.
Assurément, l'histoire qui est racontée par Alfredo Arias file de Pie en Pie, va de Mal en Pis. Du Stupre à l'Injustice, le vice prospère. La parabole sous la fable en devient aveuglante. Genet nous montre comment ils voient et ne voient pas. Ils entendent et n'entendent pas. Combien tout est simulacre et mensongère l'image. La pièce de Genet en décrypte l'emprise comme commence à le faire son contemporain Guy Debord.
Dans cette trajectoire, Alfredo Arias affirme les tensions de la pièce . Elle miroite dans tous ses effets. Le jeu avance sans appuis forcés, ni concessions au public. Il développe dans sa rigueur et sa plastique, son esthétique, une grâce joyeuse, toute argentine. Les excès de la farce sont maîtrisées et les effets dramatiques sont projetés, (rejetés) sur un grand écran immaculé. Ces avatars dédoublent les scènes comme autant d'ombres démoniaques de soi-même dont on ne peut se défaire. Et les paillettes et les noirceurs.
Le plateau, lui, est le lieu de l'humaine condition. Stylisée ou intime. L'Homme, dans sa fragilité, trouve en effet son incarnation sous les habits de pape. Un pape qui comme tout un chacun se sait grotesque, ressent le besoin du sublime, sent passer la grâce et ne peut la saisir.
Assurément, les comédiens, eux, en tiennent le fil fermement. Comme un souvenir, une trace des Fratellini.
Alfredo Arias saisit les instants fugaces que lui font valoir ses partenaires et en fait son miel pour le bonheur du spectateur. Son pape quand il apparaît et s'esquive en habit d'un carnaval argentin est bien une image des Comédiens, le Roi des Fous, débarrassé de tous les oripeaux sacramentels. Tout en majesté et humilité, amour et gravité. Il atteint les sommets de la béatitude. La vraie. Fugace et éphémère. Celle de l'éternité du Théâtre.
(1) Courte et inachevée, elle est le creuset des grandes pièces de Jean Genet. "Elle" ne fut créée qu'en 1989 par Maria Casarès.
(2) Dont le goût du faste fut critiqué par ses contemporains.
Alfredo Arias saisit les instants fugaces que lui font valoir ses partenaires et en fait son miel pour le bonheur du spectateur. Son pape quand il apparaît et s'esquive en habit d'un carnaval argentin est bien une image des Comédiens, le Roi des Fous, débarrassé de tous les oripeaux sacramentels. Tout en majesté et humilité, amour et gravité. Il atteint les sommets de la béatitude. La vraie. Fugace et éphémère. Celle de l'éternité du Théâtre.
(1) Courte et inachevée, elle est le creuset des grandes pièces de Jean Genet. "Elle" ne fut créée qu'en 1989 par Maria Casarès.
(2) Dont le goût du faste fut critiqué par ses contemporains.
"Elle"
Texte : Jean Genet.
Mise en scène : Alfredo Arias.
Assistants à la mise en scène : Olivier Brillet, Luciana Milione.
Avec : Alfredo Arias, Marcos Montes, Adriana Pegueroles, Alejandra Radano.
Scénographie : Alfredo Arias.
Collaboration à la scénographie : Elsa Ejchenrand.
Costumes : Pablo Ramirez.
Lumière : Jacques Rouveyrollis.
Assistante lumière : Jessica Duclos.
Vidéo : Alejandro Rumolino.
Son : Thierry Legeai.
Musique : Diego Vila
Durée : 1 h 15.
Du 7 au 24 mars 2018
Mardi à 19 h, du mercredi au samedi à 20 h, dimanche à 16 h.
Athénée théâtre Louis-Jouvet, Grande Salle, Paris 9e, 01 53 05 19 19.
>> athenee-theatre.com
Mise en scène : Alfredo Arias.
Assistants à la mise en scène : Olivier Brillet, Luciana Milione.
Avec : Alfredo Arias, Marcos Montes, Adriana Pegueroles, Alejandra Radano.
Scénographie : Alfredo Arias.
Collaboration à la scénographie : Elsa Ejchenrand.
Costumes : Pablo Ramirez.
Lumière : Jacques Rouveyrollis.
Assistante lumière : Jessica Duclos.
Vidéo : Alejandro Rumolino.
Son : Thierry Legeai.
Musique : Diego Vila
Durée : 1 h 15.
Du 7 au 24 mars 2018
Mardi à 19 h, du mercredi au samedi à 20 h, dimanche à 16 h.
Athénée théâtre Louis-Jouvet, Grande Salle, Paris 9e, 01 53 05 19 19.
>> athenee-theatre.com