Les tragiques rouages de cette mécanique implacable et féroce – qui font passer nos héros de la lumière à la noirceur et de vie à trépas pour l'inconsistant frère de Néron, ci-devant Britannicus, à l'innocence amoureuse – sont, comme chacun sait, un vol qualifié d'amante, d'ignominieuses trahisons assumées nourrissant moult complots et poisons, un inceste consommé, un emprisonnement avec cage à l'ancienne, un harcèlement minutieux et d'une moderne lourdeur… et autres cruelles réjouissances, initialement à la sauce romaine, mais ici transformés en un consommé riche et bariolé, burlesque et impertinent, grâce à la mise en scène audacieuse et inventive de Pierre Lericq et le jeu énergique, voire impétueux des comédiennes et comédiens de ce théâtre ambulant sous la férule despotique de Monsieur Loyal.
Chaque scène déterminante de la pièce est exprimée et construite comme un numéro de cirque, de dressage, sous l'emprise tyrannique de Monsieur Loyal – dresseur de fauves ? Qui sait ! –, ce dernier assénant un tonitruant "Admirez le dressage !", fier et satisfait, à la foule spectatrice et repris à l'envi à chaque séquence. Celui-ci, fouet en main, toujours prêt à bondir, rappelle aux protagonistes qui est le patron, orchestrant cette tragédie revisitée en cirque et fête foraine et, en adresse au public, jetant de temps en temps un bouquet imagé de commentaires moqueurs ou d'injonctions acérées, comme une expression existentialiste, un besoin d'affirmation du chef, harangue provocatrice du forain attirant le client.
Chaque scène déterminante de la pièce est exprimée et construite comme un numéro de cirque, de dressage, sous l'emprise tyrannique de Monsieur Loyal – dresseur de fauves ? Qui sait ! –, ce dernier assénant un tonitruant "Admirez le dressage !", fier et satisfait, à la foule spectatrice et repris à l'envi à chaque séquence. Celui-ci, fouet en main, toujours prêt à bondir, rappelle aux protagonistes qui est le patron, orchestrant cette tragédie revisitée en cirque et fête foraine et, en adresse au public, jetant de temps en temps un bouquet imagé de commentaires moqueurs ou d'injonctions acérées, comme une expression existentialiste, un besoin d'affirmation du chef, harangue provocatrice du forain attirant le client.
Premier numéro annoncé : "L'innocence, entre le divin et le néant". Sur la piste poussiéreuse, paraissent Britannicus et la douce, innocente, Junie, inéluctables amants contrariés. Puis tout s'enchaîne rapidement, l'une des grandes réussites de la mise en scène étant d'insuffler un rythme endiablé à la succession des différentes situations dramatiques, porté par dix chansons (compositions originales de Pierre Lericq) qui illustrent avec efficacité et pertinence la tragédie ainsi déroulée en une partition rock and roll, coloré et enthousiaste.
Suivent le discours d'Agrippine, les remarques des serviteurs de Néron, Narcisse et Albin, prônant pour l'un l'honnêteté, pour l'autre la tyrannie, le message du messager - "le mariage est compromis" -, le coup de foudre de Néron pour la compagne de Britannicus et Junie kidnappée par le despote, envoyée aux enfers. Ici sont le crime contre la vertu, la ruse et la dissimulation contre la sincérité, le pouvoir par la force, sans la justice, dans l'abjection et dans la honte.
Suivent le discours d'Agrippine, les remarques des serviteurs de Néron, Narcisse et Albin, prônant pour l'un l'honnêteté, pour l'autre la tyrannie, le message du messager - "le mariage est compromis" -, le coup de foudre de Néron pour la compagne de Britannicus et Junie kidnappée par le despote, envoyée aux enfers. Ici sont le crime contre la vertu, la ruse et la dissimulation contre la sincérité, le pouvoir par la force, sans la justice, dans l'abjection et dans la honte.
Agrippine annonce à Britannicus que Néron lui a piqué sa douce amante. Pendant ce temps, Néron met en place son chantage, poussant la belle innocente à l'aimer sinon il tue Britannicus. La tragédie se joue, inexorablement, et, au passage, l'inceste s'affirme entre Agrippine, toujours aussi branchée sur sa libido, et Néron. Elle : "aujourd'hui, tu n'as pas fait l'amour à ta mère" et lui rappelle que c'est elle qui l'a mis sur le trône. Puis vient, les retrouvailles de Britannicus et Junie, tous deux ignorant que déjà le complot se trame et que la mort frappera bientôt à sa porte.
Chaque seconde est inattendue et la mise en scène laisse une impression permanente d'imprévue, riche de surprises. Il en est de même pour l'interprétation des personnages, chaque comédienne et comédien donnant une énergie, une densité tragique à chaque protagoniste, tout en y imprimant un "cachet" burlesque, parfois clownesque du meilleur effet.
Chaque seconde est inattendue et la mise en scène laisse une impression permanente d'imprévue, riche de surprises. Il en est de même pour l'interprétation des personnages, chaque comédienne et comédien donnant une énergie, une densité tragique à chaque protagoniste, tout en y imprimant un "cachet" burlesque, parfois clownesque du meilleur effet.
Cette histoire est avant tout l'histoire de Néron, le "monstre naissant" et, sous des dehors de tragédie foraine, empreinte d'humour décalé et un rien trash dans la force de l'expression musicale notamment, il est donné "à voir et à entendre le monstre qui est en chacun de nous que nous enfermons dans notre cage thoracique et notre for intérieur à coup d'éducation et de culture".
◙ Gil Chauveau
◙ Gil Chauveau
"Britannicus Tragic Circus"
Texte et musique originale : Pierre Lericq.
Mise en scène : Pierre Lericq.
Assistante à la mise en scène : Bérangère Magnani.
Avec : Jules Fabre, Pierre Lericq, Gilles Nicolas, Marie Reache, Juliette de Ribaucourt et Tchavdar.
Scénographie : Yves Kuperberg.
Lumière : François Alapetite.
Costumes : Chantal Hocdé Del Pappas.
Production Atelier Théâtre Actuel, Louis D'or production et Arts et Spectacles production
À partir de 12 ans.
Par les Épis Noirs.
Durée : 1 h 20.
Du 27 novembre 2024 au 9 février 2025.
Du mardi au samedi à 21 h, dimanche à 18 h.
Relâche : 25 décembre 2024, 1ᵉʳ, 17 et 18 janvier 2025.
Le Lucernaire, Théâtre Rouge, Paris 6ᵉ, 01 45 44 57 34.
>> lucernaire.fr
Rencontre avec l’équipe artistique le vendredi 13 décembre à l’issue de la représentation.
Mise en scène : Pierre Lericq.
Assistante à la mise en scène : Bérangère Magnani.
Avec : Jules Fabre, Pierre Lericq, Gilles Nicolas, Marie Reache, Juliette de Ribaucourt et Tchavdar.
Scénographie : Yves Kuperberg.
Lumière : François Alapetite.
Costumes : Chantal Hocdé Del Pappas.
Production Atelier Théâtre Actuel, Louis D'or production et Arts et Spectacles production
À partir de 12 ans.
Par les Épis Noirs.
Durée : 1 h 20.
Du 27 novembre 2024 au 9 février 2025.
Du mardi au samedi à 21 h, dimanche à 18 h.
Relâche : 25 décembre 2024, 1ᵉʳ, 17 et 18 janvier 2025.
Le Lucernaire, Théâtre Rouge, Paris 6ᵉ, 01 45 44 57 34.
>> lucernaire.fr
Rencontre avec l’équipe artistique le vendredi 13 décembre à l’issue de la représentation.