La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Avignon 2018

•Avignon Off 2018• "Adieu Monsieur Haffmann", un joyau théâtral ciselé au cordeau, d'où jaillit une réelle humanité - 13/07/2018

Paris, 1942, occupation allemande. Le port de l’étoile jaune pour les Juifs est décrété en mai et rendu obligatoire dès le 7 juin. Joseph Haffmann, bijoutier et désigné involontaire au port de l'indigne insigne, propose à son ouvrier orfèvre de lui confier sa bijouterie s’il accepte de le dissimuler aux rafles à la finalité meurtrière. Pierre prendra-t-il le risque de cacher secrètement son...  

•Avignon Off 2018• Anne Baquet, soprano libre et généreuse, distille de lyriques pierres de lune incitant au rêve - 12/07/2018

Emperruquée en diva d'opéra, en petite robe noire de chanteuse réaliste, Anne Baquet est, tout à la fois, une chanteuse lyrique et intimiste. Professionnelle à coup sûr. Artiste absolument. Attentive à son public, cette soprano aux multiples facettes se présente sur scène dans une manière bien à elle, maîtrisée, savante et populaire avec une aisance, une générosité incroyable. Son tour de chant...  

•Avignon Off 2018• "Les gravats"… Puisque nous courons vers la mort, il faut savoir se réjouir maintenant - 12/07/2018

Dans "les gravats" jouée par Clotilde Mollet, Jean-Pierre Bodin, Thierry Bosc* et Jean-Louis Hourdin*, il est question de tout et de pas grand chose. Alors quand ils ouvrent le rideau, il est question de quelque chose comme l'art de rire. De dire des balivernes enfouies et bien présentes. Oh ! Pas grand chose. De théâtre par exemple, de trois coups, de "déridoir" et de sa valse à trois temps....  

•Avignon Off 2018• "Ô ma mémoire…" Fusionner le meilleur de l'être et la mise en suspension des contingences… - 11/07/2018

Avec "Indignez-vous !", Stéphane Hessel, au crépuscule de sa vie, est devenu un peu comme un grand-père rêvé dans la mondialisation. Et les jeunes générations ont découvert dans cet homme qui avait gardé une juvénilité hors norme, un héros, un résistant déporté, un diplomate animé par un vif désir de Paix et de Réconciliation des peuples*. Il a aimé toute sa vie réciter la poésie. Sa petite fille...  

•Avignon Off 2018• Les amours de Simone de Beauvoir… Raconter la femme à travers trois amantes… - 09/07/2018

Simone de Beauvoir est l'une des plus grandes figures féminines françaises. Connue en tant que romancière et philosophe, elle milita tout au long de son existence pour ce en quoi elle croyait. Féministe, elle défendit la liberté et les droits de la femme. Elle partagea sa vie avec le philosophe et écrivain Jean-Paul Sartre... mais ils eurent chacun des aventures plus ou moins marquantes… Tous...  

•Avignon Off 2018• Quand on n’en connaît pas les codes de communication, transparaît l’absurdité du monde - 09/07/2018

Dans "Speed Leving", Laurent Brethome prend des individus (hommes et femmes) isolés dans la banalité de la vie. En bordure de désœuvrement ou d'ennui, de rêverie au mieux. Le metteur en scène emprunte les dialogues aux nouvelles d'Hanokh Levin qui décrit le quotidien, des vieilles personnes délaissées de Tel Aviv, et les transpose dans un monde jeune et contemporain. Toutes ces personnes pour...  

•Avignon Off 2018• Les Divalala… Délicieusement féminines, un rien féministe et surtout très "Femmes" - 08/07/2018

Elles sont ravissantes, taquines mais surtout leur art virtuose tient plus aux capacités de leur voix, à celle de réaliser des harmonisations réussies, le tout associées à l'espièglerie et au sérieux de leurs interprétations qu'à une quelconque fonction de cruches chantantes sur plateau télé ! C'est un trio au chœur féminin qui, durant une heure vingt, dans un univers aux reflets parfois...  

•Avignon Off 2018• "Romance", parcours coloré, rêveur et joyeux pour tous les âges - 08/07/2018

"Romance" raconte la ville et la rue. Celle d'un petit d'homme en partance à l'école et qui, baladin des mondes, fait l'apprentissage des mots reliant les choses et leurs images. Et aussi et surtout, leur migration vers un état poétique du monde. Comme un désir d'imagination qui se réalise. Le parcours coloré qui use avec précision de toutes les ressources de l'art marionnettique relie les âges....  

•Avignon Off 2018• "Noir ou blanc", s'éveiller à la compréhension du monde, à la découverte du merveilleux - 07/07/2018

Dans "Noir ou blanc", le grand père et son petit fils sont partis à la poursuite du cheval qui court à l’horizon fleuri. À la fois naïve et réaliste, la fable est gracieuse. La forme du théâtre de papier qu’il faut savoir découvrir, avec ses effets de surface, se donne à feuilleter comme un livre d’images. Un livre d’images qui, dans ses métamorphoses, se mettrait à rêver, à raconter la vie et...  

•Avignon Off 2018• "Convulsions"… La réputation, c'est sacrée et malheur à celui qui rompt le pacte - 06/07/2018

Dans "Convulsions", l'auteur guinéen Hakim Bah montre des hommes obnubilés par la vengeance, rustres, cruels, violents. Qui mentent. Préoccupés seulement par la géniture. Une histoire d'embrouille au sein de la famille. Une histoire d'embrouille entre mâles comme il y en a tant. Ces nouveaux soudards, dont le spectateur en compagnie de l'auteur plein d'humour se demande bien pourquoi il existe...  
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À Découvrir

"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024