Macbeth, vaillant à la guerre, prend peur aux marches du pouvoir qu’il rêve (et conquiert probablement en sous-main depuis longtemps). Poussé par d’obscures forces, ainsi que par lady Macbeth, il devient roi, tout puissant et craint par ses sautes de fureur. Il commet crimes sur crimes et meurt enfin. Haï. Macbeth a le goût du sang.
La pièce de Shakespeare marque les étapes de cette montée de l’ubris dans un monde où les mots et les sorts comme autant de bulles à la surface de la raison pervertissent le jugement. Le texte, s’il fait apparaitre les forces, laisse en suspens les réponses aux questions sur les causes. Il appartient au spectateur de résoudre l’énigme et de s’interroger sur les origines du pouvoir, sa légitimité, sa folie et sa volupté.
Est-ce le milieu physique (ici les landes écossaises) qui rend fou ? Avec ses effets sur les consciences ? La peur qu’il génère et propage chez les habitants ? La superstition des habitants ? Ou bien est-ce le goût du sang, stade primitif et sauvage d’une nature humaine, qui a surpris Macbeth lors de son premier combat ? Ou bien est-ce tout simplement un état de nerf ? État de carence ? Le manque de sommeil qui fait interpréter toute parole et bruit en signe divinatoire ? Ou bien tout simplement le désir d’accaparement des richesses corrélé à la peur de manquer est-il si fort qu’il use de stratagèmes, et vise à impressionner et faire passer pour un mal sacré (ou plutôt satanique) qui ne frapperait que certains individus élus des comportements opportunistes ? Et faire croire à tous qu’ils sont des César ?
Inspiré par le monde moderne et la théâtralité la plus archaïque, le "Macbeth" du Théâtre du Soleil est brossé à fresques. À la fois léché et à la diable, tout le dispositif évacue l’aspect surnaturel des scènes de sortilèges et surexpose la réalité.
La pièce de Shakespeare marque les étapes de cette montée de l’ubris dans un monde où les mots et les sorts comme autant de bulles à la surface de la raison pervertissent le jugement. Le texte, s’il fait apparaitre les forces, laisse en suspens les réponses aux questions sur les causes. Il appartient au spectateur de résoudre l’énigme et de s’interroger sur les origines du pouvoir, sa légitimité, sa folie et sa volupté.
Est-ce le milieu physique (ici les landes écossaises) qui rend fou ? Avec ses effets sur les consciences ? La peur qu’il génère et propage chez les habitants ? La superstition des habitants ? Ou bien est-ce le goût du sang, stade primitif et sauvage d’une nature humaine, qui a surpris Macbeth lors de son premier combat ? Ou bien est-ce tout simplement un état de nerf ? État de carence ? Le manque de sommeil qui fait interpréter toute parole et bruit en signe divinatoire ? Ou bien tout simplement le désir d’accaparement des richesses corrélé à la peur de manquer est-il si fort qu’il use de stratagèmes, et vise à impressionner et faire passer pour un mal sacré (ou plutôt satanique) qui ne frapperait que certains individus élus des comportements opportunistes ? Et faire croire à tous qu’ils sont des César ?
Inspiré par le monde moderne et la théâtralité la plus archaïque, le "Macbeth" du Théâtre du Soleil est brossé à fresques. À la fois léché et à la diable, tout le dispositif évacue l’aspect surnaturel des scènes de sortilèges et surexpose la réalité.
Si les sorcières sont des paillasses et les décors réduits à des rideaux qui voilent et dévoilent les scènes au lointain, les accessoires sont naturalistes. Les tapis, lampadaires, rambardes, meubles meublant aident à composer autant d’occasions de clichés contemporains. Ces images que tout pouvoir veut imposer à la conscience des peuples par l’entremise de journalistes embedded adeptes de selfies… ou de paparazzi choisis.
Les jeux s’appuient sur la médiane axiale, partent du lointain ou bien jaillissent d’un vomitoire (situé au milieu du public) qui monte à l’avant-scène. Le centre de la scène est occupé périodiquement par des tapis, autant d’occasion de bivouacs et d’étalages de soi ; ou des bulles de terre remontées des enfers qui de simples monticules deviennent point sublime à rendez-vous secrets, tertre de commandement, piédestal ou bunker. Lieux de pouvoir. Par essence immobiles, ils statufient. Cette disposition scénique tend à immobiliser l’action et n’en mesure que les états et résultats.
C’est ainsi que, dans cette histoire, les princes offrent leur image pour les couvertures glacées des magazines à pipeolettes : les héros descendant sur le tarmac, le carré VIP, la vie paisible au jardin d’hiver, joyau de vacances digne de Baltimore, le bal de jet set pour l’intronisation du nouveau roi Macbeth, des terrasses branchées de Londres pour les exilés.
Les envers du décor sont tout aussi léchés qui présentent des chorégraphies pour clips de sorcières en zombies et des scènes de crime protégées des curieux par des paravents tachés de sang.
Cette mise en scène de "Macbeth" tend un miroir du monde actuel. Ses miroitements sculptent comme un comportement standardisé à défaut d’être rationnel, tel que le conçoit le pouvoir contemporain. En privilégiant ainsi le visible sur l’invisible, le risque est grand de voir se réduire les sortilèges propre à l’effet théâtre quand le rythme et les métamorphoses ne sont pas au rendez-vous.
Les jeux s’appuient sur la médiane axiale, partent du lointain ou bien jaillissent d’un vomitoire (situé au milieu du public) qui monte à l’avant-scène. Le centre de la scène est occupé périodiquement par des tapis, autant d’occasion de bivouacs et d’étalages de soi ; ou des bulles de terre remontées des enfers qui de simples monticules deviennent point sublime à rendez-vous secrets, tertre de commandement, piédestal ou bunker. Lieux de pouvoir. Par essence immobiles, ils statufient. Cette disposition scénique tend à immobiliser l’action et n’en mesure que les états et résultats.
C’est ainsi que, dans cette histoire, les princes offrent leur image pour les couvertures glacées des magazines à pipeolettes : les héros descendant sur le tarmac, le carré VIP, la vie paisible au jardin d’hiver, joyau de vacances digne de Baltimore, le bal de jet set pour l’intronisation du nouveau roi Macbeth, des terrasses branchées de Londres pour les exilés.
Les envers du décor sont tout aussi léchés qui présentent des chorégraphies pour clips de sorcières en zombies et des scènes de crime protégées des curieux par des paravents tachés de sang.
Cette mise en scène de "Macbeth" tend un miroir du monde actuel. Ses miroitements sculptent comme un comportement standardisé à défaut d’être rationnel, tel que le conçoit le pouvoir contemporain. En privilégiant ainsi le visible sur l’invisible, le risque est grand de voir se réduire les sortilèges propre à l’effet théâtre quand le rythme et les métamorphoses ne sont pas au rendez-vous.
Les entrées-sorties des protagonistes sont encadrées par des changements de décors à vue. Effectuées avec vivacité par les figurants, petit peuple des serviteurs qui devrait être affairé ou effaré selon l’ambiance, et des "kogen" sont comme autant de coups de ballet sur la musique de Jean-Jacques Lemêtre.
Dans l’état des premières représentations, l’ensemble donne la sensation d’un systématisme et souffre d’un manque de personnification des rôles secondaires dans les effets collectifs qui nuit au développement dramatique des scènes. Ce qu’Ariane Mnouchkine avait si bien réussi avec la mise en scène des "Atrides".
À l’évidence, les comédiens dans ce dispositif doivent aller au fond d’eux même, conquérir le rythme de l’élasticité, faire montre de nervosisme, entrer dans l’état d’ubris que déjà approchent Serge Nicolaï dans la traversée de son rôle de Macbeth, Nirupama Nityanandan dans la scène au bain de lady Macbeth, Maurice Durozier dans la jouissance égotiste de roi bourgeois, Vincent Mangado en Banquo devenu spectre, Duccio Bellugi-Vannuccini en fils de roi imberbe qui fantasme déjà toutes ses turpitudes…
* En mai 1964, dix étudiants (Georges Donzenac, Myrrha Donzenac, Martine Franck, Gérard Hardy, Philippe Léotard, Ariane Mnouchkine, Roberto Moscoso, Jean-Claude Penchenat, Jean-Pierre Tailhade, Françoise Tournafond) fondent la "Société coopérative ouvrière de production, le Théâtre du Soleil" à laquelle chacun verse une participation de 900 Francs.
Dans l’état des premières représentations, l’ensemble donne la sensation d’un systématisme et souffre d’un manque de personnification des rôles secondaires dans les effets collectifs qui nuit au développement dramatique des scènes. Ce qu’Ariane Mnouchkine avait si bien réussi avec la mise en scène des "Atrides".
À l’évidence, les comédiens dans ce dispositif doivent aller au fond d’eux même, conquérir le rythme de l’élasticité, faire montre de nervosisme, entrer dans l’état d’ubris que déjà approchent Serge Nicolaï dans la traversée de son rôle de Macbeth, Nirupama Nityanandan dans la scène au bain de lady Macbeth, Maurice Durozier dans la jouissance égotiste de roi bourgeois, Vincent Mangado en Banquo devenu spectre, Duccio Bellugi-Vannuccini en fils de roi imberbe qui fantasme déjà toutes ses turpitudes…
* En mai 1964, dix étudiants (Georges Donzenac, Myrrha Donzenac, Martine Franck, Gérard Hardy, Philippe Léotard, Ariane Mnouchkine, Roberto Moscoso, Jean-Claude Penchenat, Jean-Pierre Tailhade, Françoise Tournafond) fondent la "Société coopérative ouvrière de production, le Théâtre du Soleil" à laquelle chacun verse une participation de 900 Francs.
"Macbeth"
Texte : William Shakespeare.
Traduction et mise en scène : Ariane Mnouchkine.
Musique : Jean-Jacques Lemêtre.
Avec l'ensemble de la troupe du Théâtre du Soleil.
À partir du 30 avril 2014.
Mercredi, jeudi, vendredi à 19 h 30, samedi à 13 h 30 et à 19 h 30, dimanche à 13 h 30.
Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes, Paris 12e, 01 43 74 24 08.
>> theatre-du-soleil.fr
Traduction et mise en scène : Ariane Mnouchkine.
Musique : Jean-Jacques Lemêtre.
Avec l'ensemble de la troupe du Théâtre du Soleil.
À partir du 30 avril 2014.
Mercredi, jeudi, vendredi à 19 h 30, samedi à 13 h 30 et à 19 h 30, dimanche à 13 h 30.
Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes, Paris 12e, 01 43 74 24 08.
>> theatre-du-soleil.fr