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RV du Jour

À écouter : Tournez, tournez manège dans le "Bonheur des hommes" (épisode 1)

À cabaret, collez-y l’adjectif satirique ;
À ludique, accolez le terme lubrique ;
À rire, saupoudrez-le d’une touche grinçante ;
Enfin, remuez le tout et vous aurez la recette d’un spectacle tout sauf politiquement correct.



Au Bonheur des hommes © Serge Dangleterre.
Au Bonheur des hommes © Serge Dangleterre.
Pourtant, l’air est badin et le ton apparemment léger, l’œil brillant et la ritournelle bien paillarde. Mais dans cette boîte à malices, le chapeau claque et les langues se délient. Sur un rythme jazzy, on aime à rouler dans la fange. Le bonheur est complet et pétille sous la baguette de Jean-Marie Lecoq, car ici on trinque… "Au bonheur des hommes".

Ils disent que leur "sang est bleu, blanc, rouge", mais gare aux apparences ! Leur spectacle est en fait "un colis piégé" pour "anti-métèque". Ils ont tellement raison quand ils affirment qu’il y a urgence… L’année s’annonce chaude et Carla risque de faire des petits ! Couvons avant qu’il ne soit trop tard.

En tout cas, avant de les voir, écoutez-les donc, car entre les "sucettes du F.M.I" et l’I.S.F. ("l’impôt sur le fumier"), le rire est salvateur. Mais comme ils disent, "la chanson adoucit les mœurs"…

P.S. : Pardon à Chantal Lauby…. Elle ne m’en voudra pas, j’espère, d’avoir écorché son nom !
au_bonheur_des_hommes,_interview,_episode_1.mp3 Au Bonheur des hommes, interview, épisode 1.mp3  (6.6 Mo)


"Au Bonheur des hommes"

(Vu le 9 septembre 2011)
Texte et mise en scène : Jean-Marie Lecoq.
Avec : Véronique Ataly, Christian Gaitch, Jean-Marie Lecoq, tous à la comédie et au chant.
Et le groupe "Djazz'elles" : Clarisse Catarino (composition musicale, accordéon et chant), Eva Slongo (violon et chant), Anne Gouraud-Shretha (contrebasse et chant).
Mise en scénographie : Philippe Quillet.
Arrangements vocaux : Clémence Lévy.
Costumes : Anne Ruault.

Du 03 août au 9 octobre 2011.
Du mardi au samedi à 21 h 30 et le dimanche à 15 h.
Théâtre Lucernaire, Paris 6e.
Réservation : 01 45 44 57 34.
http://www.lucernaire.fr/

Jeudi 22 Septembre 2011


1.Posté par Jean-Noël Grosmenil le 24/09/2011 21:25
Un bain de fraîcheur et de rire intelligent :

Quand trois nouveaux maîtres du monde se retrouvent avec trois pauvresses du tiers monde, cela pouvait donner un spectacle militant et à messages. Pas obligatoirement fin et même lourd.

Mais voilà, tous ces petits et gros travers de notre humanité se retrouvent passés sous la plume ciselée de Jean-Marie Lecoq et animés par une remarquable musique de Clarisse Catarino. C'est donc un rythmé, même endiablé et on retrouve avec plaisir la tradition du VRAI cabaret.

C'est un rire à détentes et à couleurs multiples, allant du rire immédiat au rire qui fait réfléchir. Car chaque spectateur peut s'identifier à l'un des six "personnages". Il faut surtout souligner l'osmose de la troupe, les comédiens-chanteurs ne font qu'un avec les trois musiciennes actrices.

Performance stupéfiante des comédiens dans des parties vocales très travaillées, une scénographie minimaliste mais très efficace et un son d'ensemble remarquable offert en direct et en acoustique par les Djazz'Elles.

Outre Jean-Marie Lecoq déjà bien connu et toujours aussi inspiré, performance éblouissante de Véronique Ataly et de Christian Gaitch (quel improvisateur !). Les musiciennes-actrices-chanteuses sont aussi d'une grande finesse Anne Gouraud y développe encore ses talents de comédienne et son univers à elle, avec ses acolytes Clarisse Catarino et Éva Slongo qui ne sont pas en reste.. Et des chœurs très travaillés et qui sonnent juste.

Bref, une redécouverte d'un genre un peu oublié, un rire à tous les étages, mais un rire intelligent. Ici, rien n'est imposé et tout est suggéré. Vous prenez ce que vous voulez, le message - s'il existe - n'est pas imposé. Et le tout sur une musique métissée et qui vous trotte dans la tête toute la journée.

A voir sans faute ! Une fois de plus, seul Télérama a loupé le coche (on va dire - malheureusement- une fois de plus), mais l'essentiel se trouve dans le plaisir pris par le public.

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

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© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

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© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024