"Vidéopoèmes" d'Arnaud Poujol. Dans le cadre "envoûtant" du Marché de Lerme, rotonde de verre et de fonte dédiée aux expositions et performances éphémères, une quinzaine d'acteurs, musiciens et autres baladins bordelais se relaient au micro pour faire vibrer les associations libres nées des écrits fulgurants du compositeur de formes hybrides qu'est Arnaud Poujol. Participant pleinement à ce flux et reflux de mots jaillissant au rythme des corps qui semblent alors les enfanter, des images numérisées défilent sur des écrans fixes et sur les murs sans autre nécessité que le hasard présidant à leur précipitation.
Ainsi des plasticiennes comme Barbara Schroeder faisant œuvre de son regard porté sur le monde tel qu'il va, des vidéastes performeurs comme Erwin Chamard, des photographes portraitistes comme Bernard Brisé ou encore des musiciens inspirés comme Benjamin Ducroq - pour ne citer qu'eux - viennent prêter eaux fortes aux comédiennes et comédiens afin de graver dans l'inconscient du regardeur des impressions éphémères et/ou durables ; l'oxymore étant la figure "rêvée" pour accueillir en nous les variantes des possibles.
Ainsi des plasticiennes comme Barbara Schroeder faisant œuvre de son regard porté sur le monde tel qu'il va, des vidéastes performeurs comme Erwin Chamard, des photographes portraitistes comme Bernard Brisé ou encore des musiciens inspirés comme Benjamin Ducroq - pour ne citer qu'eux - viennent prêter eaux fortes aux comédiennes et comédiens afin de graver dans l'inconscient du regardeur des impressions éphémères et/ou durables ; l'oxymore étant la figure "rêvée" pour accueillir en nous les variantes des possibles.
Ce magma en fusion, tout droit sorti des abysses de l'inconscient, se nourrit de la matière vivante de films Super-8 des années d'enfance de l'auteur. Matériaux "décomposés" à l'envi pour être projetés comme des jets de peinture sur les écrans du temps présent. Ainsi ce passé recomposé sous nos yeux reprend vie, en signalant pour chacun un sens nouveau surgi d'on ne sait où, un sens qui lui appartient en propre comme s'il s'agissait de sa création à lui.
De cette huitaine de vidéopoèmes, tous saisissants d'une force suggestive contenue dans les replis de ce qui nous dépasse, on pourrait se laisser aller à distinguer celui consacré aux émois tourmentés du jeune Georg Trakl pour sa sœur Margaret. Seul écrit de ce corpus ne datant pas du temps du confinement mais de la jeunesse de l'auteur, il est reçu comme une ode sensuelle où explose le pur désir, entaché de culpabilité. Quant à l'interprétation finale à fleur de peau de Yacine Sif El Islam d'un autre superbe texte entrainant dans le tourbillon dansé d'une violence impensable, elle nous laisse étourdis, sans voix.
Ces formes, travaillées par les forces ardentes de l'urgence à dire, sont comme un baume puisant dans la mythologie tant commune que privée (les figures d'Ariane, d'Astérion, ou encore de Daphné surgissent "d'entre les arbres"), dans des plans de cinéma tant classique qu'intime ("Vertigo"), ses vivifiantes ressources. Savoir qu'elles sont destinées à s'enrichir d'autres vidéopoèmes et qu'elles serviront de supports à des ateliers créatifs ne peut qu'amplifier le plaisir vécu en direct.
"Colère Noire" de Frédéric Jouanlong. Tout encapuchonné de noir, un homme au bord de la crise de nerfs marmonne, grommelle, éructe sa colère noire. Sur le mur de moellons noirs de l'Atelier des Marches, un trait de lumière blanche, étroite fenêtre ouverte sur un monde clos, balaie l'espace de haut en bas, obsessionnellement, comme pour marquer la répétition de l'impossible évasion. De manière récurrente, l'homme brandit un doigt d'honneur rageur accompagnant sa harangue désarticulée, dont les mots explosifs sont comme des projectiles lancés à la face du monde indifférent.
À partir de l'opus éponyme de Brigitte Fontaine, la petite musique sourde de la révolte contenue s'enfle dans la pénombre, implose en vagues successives, pour venir se fracasser sur le mur des renoncements avilissants. Frédéric Jouanlong se fait le réceptacle de ces tensions qui déchirent "l'égaré" soumis à l'intolérance d'une société normée dont la violence sourde broie impitoyablement ceux et celles qui n'entrent pas dans le moule.
De cette huitaine de vidéopoèmes, tous saisissants d'une force suggestive contenue dans les replis de ce qui nous dépasse, on pourrait se laisser aller à distinguer celui consacré aux émois tourmentés du jeune Georg Trakl pour sa sœur Margaret. Seul écrit de ce corpus ne datant pas du temps du confinement mais de la jeunesse de l'auteur, il est reçu comme une ode sensuelle où explose le pur désir, entaché de culpabilité. Quant à l'interprétation finale à fleur de peau de Yacine Sif El Islam d'un autre superbe texte entrainant dans le tourbillon dansé d'une violence impensable, elle nous laisse étourdis, sans voix.
Ces formes, travaillées par les forces ardentes de l'urgence à dire, sont comme un baume puisant dans la mythologie tant commune que privée (les figures d'Ariane, d'Astérion, ou encore de Daphné surgissent "d'entre les arbres"), dans des plans de cinéma tant classique qu'intime ("Vertigo"), ses vivifiantes ressources. Savoir qu'elles sont destinées à s'enrichir d'autres vidéopoèmes et qu'elles serviront de supports à des ateliers créatifs ne peut qu'amplifier le plaisir vécu en direct.
"Colère Noire" de Frédéric Jouanlong. Tout encapuchonné de noir, un homme au bord de la crise de nerfs marmonne, grommelle, éructe sa colère noire. Sur le mur de moellons noirs de l'Atelier des Marches, un trait de lumière blanche, étroite fenêtre ouverte sur un monde clos, balaie l'espace de haut en bas, obsessionnellement, comme pour marquer la répétition de l'impossible évasion. De manière récurrente, l'homme brandit un doigt d'honneur rageur accompagnant sa harangue désarticulée, dont les mots explosifs sont comme des projectiles lancés à la face du monde indifférent.
À partir de l'opus éponyme de Brigitte Fontaine, la petite musique sourde de la révolte contenue s'enfle dans la pénombre, implose en vagues successives, pour venir se fracasser sur le mur des renoncements avilissants. Frédéric Jouanlong se fait le réceptacle de ces tensions qui déchirent "l'égaré" soumis à l'intolérance d'une société normée dont la violence sourde broie impitoyablement ceux et celles qui n'entrent pas dans le moule.
Les personnages qui l'habitent tour à tour - il est plusieurs dans sa tête - mènent combat pour leur survie tant physique que psychique. "Je n'irai pas à votre hôpital. Je n'irai pas à votre école, à votre caserne, à votre four crématoire, à votre putain d'amour." On croit entendre les accès de révolte d'un Léo Ferré chantant sublimement "Il n'y a plus rien".
Le propos est pénétrant comme une lame aiguisée déchirant le tissu des convenances bourgeoises. La scénographie sobre est aussi parlante que les toiles de Pierre Soulages jouant subtilement avec les nuances de ses "Outrenoirs". S'il y avait une réserve à émettre - mais ce n'est là qu'une étape de travail - elle se situerait au niveau de l'interprétation. En effet, l'urgence à dire ("Urgence Crier") n'apparaît pas toujours comme une évidence absolue, de même que la diction du beau texte de Brigitte Fontaine - hormis les moments où la voix s'absente intentionnellement - mériterait peut-être d'être plus probante. À suivre… Rendez-vous est pris pour la "saison chaude".
Le propos est pénétrant comme une lame aiguisée déchirant le tissu des convenances bourgeoises. La scénographie sobre est aussi parlante que les toiles de Pierre Soulages jouant subtilement avec les nuances de ses "Outrenoirs". S'il y avait une réserve à émettre - mais ce n'est là qu'une étape de travail - elle se situerait au niveau de l'interprétation. En effet, l'urgence à dire ("Urgence Crier") n'apparaît pas toujours comme une évidence absolue, de même que la diction du beau texte de Brigitte Fontaine - hormis les moments où la voix s'absente intentionnellement - mériterait peut-être d'être plus probante. À suivre… Rendez-vous est pris pour la "saison chaude".
"Vidéopoèmes"
Créations numériques hybrides et transdisciplinaires, voix et corps.
Direction artistique : Arnaud Poujol, auteur et metteur en scène.
Montage de projet, ingénierie et médiation : C'est Carré, bureau d'accompagnement.
Création visuelle : Erwin Chamard, vidéaste.
Création musical : Benjamin Ducroq, musicien.
Artistes partenaires : Barbara Schroeder (plasticienne), Hervé Rigaud (musicien), Jane KL (vidéaste), Serge Korjanevski (musicien), Cécile Delacherie (comédienne), Vincent Nadal (comédien), François Robert (plasticien), Bernard Brisé (photographe), Olivier Spécio (plasticien), Jean-Luc Terrade (metteur en scène), Steph Goodger (plasticienne), Jonathan Hindson (plasticien), Élise Servières (comédienne), Yacine Sif El Islam (comédien), Aline Le Berre (comédienne).
Entre 2 et 6 minutes.
Présentés aux professionnels dans le cadre d'une sortie de résidence, le mercredi 27 janvier 2021 à 16 h 30, au Marché de Lerme de Bordeaux.
Interview live sur la page facebook Trente Trente - Les Rencontres, le 29 janvier 2021 à 13 h 30. Par Stéphanie Pichon.
Spectacle programmé en juin 2021 lors de la "saison chaude" du Festival Trente-Trente.
Une itinérance, dans différents lieux de diffusion partout sur le territoire (théâtres, médiathèques, salles d'expositions, halls d'institutions, hôpitaux, centre pénitenciers, etc.) où l'exposition sera mise en place par le biais de tablettes numériques. Déambulation d'un vidéopoème à l'autre à écouter au casque.
Direction artistique : Arnaud Poujol, auteur et metteur en scène.
Montage de projet, ingénierie et médiation : C'est Carré, bureau d'accompagnement.
Création visuelle : Erwin Chamard, vidéaste.
Création musical : Benjamin Ducroq, musicien.
Artistes partenaires : Barbara Schroeder (plasticienne), Hervé Rigaud (musicien), Jane KL (vidéaste), Serge Korjanevski (musicien), Cécile Delacherie (comédienne), Vincent Nadal (comédien), François Robert (plasticien), Bernard Brisé (photographe), Olivier Spécio (plasticien), Jean-Luc Terrade (metteur en scène), Steph Goodger (plasticienne), Jonathan Hindson (plasticien), Élise Servières (comédienne), Yacine Sif El Islam (comédien), Aline Le Berre (comédienne).
Entre 2 et 6 minutes.
Présentés aux professionnels dans le cadre d'une sortie de résidence, le mercredi 27 janvier 2021 à 16 h 30, au Marché de Lerme de Bordeaux.
Interview live sur la page facebook Trente Trente - Les Rencontres, le 29 janvier 2021 à 13 h 30. Par Stéphanie Pichon.
Spectacle programmé en juin 2021 lors de la "saison chaude" du Festival Trente-Trente.
Une itinérance, dans différents lieux de diffusion partout sur le territoire (théâtres, médiathèques, salles d'expositions, halls d'institutions, hôpitaux, centre pénitenciers, etc.) où l'exposition sera mise en place par le biais de tablettes numériques. Déambulation d'un vidéopoème à l'autre à écouter au casque.
"Colère Noire"
Performance musique voix théâtre.
Textes : Brigitte Fontaine.
Conception, interprétation : Frédéric Jouanlong.
Durée : 35 minutes.
Présentée aux professionnels dans le cadre d'une sortie de résidence, le vendredi 29 janvier 2021 à 15 h, à l'Atelier des Marches du Bouscat (33).
Interview live sur la page facebook Trente Trente - Les Rencontres, le 28 janvier 2021 à 13 h 30. Par Stéphanie Pichon.
Spectacle programmé les 25 et 26 juin prochains à l'Atelier des Marches du Bouscat (33), lors de la "saison chaude" du Festival Trente-Trente.
Textes : Brigitte Fontaine.
Conception, interprétation : Frédéric Jouanlong.
Durée : 35 minutes.
Présentée aux professionnels dans le cadre d'une sortie de résidence, le vendredi 29 janvier 2021 à 15 h, à l'Atelier des Marches du Bouscat (33).
Interview live sur la page facebook Trente Trente - Les Rencontres, le 28 janvier 2021 à 13 h 30. Par Stéphanie Pichon.
Spectacle programmé les 25 et 26 juin prochains à l'Atelier des Marches du Bouscat (33), lors de la "saison chaude" du Festival Trente-Trente.