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Nomination de Maud Le Pladec à la direction du Centre chorégraphique national - Ballet de Lorraine à Nancy  24/01/2024

Madame Rachida Dati, ministre de la Culture, en accord avec Monsieur Franck Leroy, président de la Région Grand Est, Monsieur Mathieu Klein, maire de Nancy et président de la Métropole du Grand Nancy, et Madame Patricia Stibbe, présidente du Centre Chorégraphique National, donne son agrément à la nomination de Maud Le Pladec à la direction du Centre Chorégraphique National-Ballet de Lorraine.

Maud Le Pladec est une des femmes chorégraphes et danseuses les plus remarquées de sa génération. Elle se singularise par la relation qu'elle approfondit entre les musiques – savantes comme populaires – et la danse. Issue de la formation Exerce du CCN de Montpellier, elle est également une danseuse au parcours mûri depuis 1999, au service de nombreuses œuvres. En 2010, elle crée sa première pièce, "Professor", un trio sur la musique contemporaine de Fausto Romitelli, d'emblée prix de la révélation chorégraphique du Syndicat de la Critique.

Depuis, elle a élargi progressivement sa palette et a créé plus de 10 œuvres dont, en 2020, le remarqué "Static shot" avec le CCN-Ballet de Lorraine, puis pour le festival Montpellier Danse "Counting stars with you (musiques femmes)" mettant en lumière les compositrices méconnues du patrimoine musical et "Silent Legacy" en 2022 pour le festival d'Avignon. Elle transmet ses pièces à des formations supérieures et bénéficie des prochaines commandes de la compagnie Candoco avec le Sadler's Wells à Londres, ou de l'Opéra national de Bordeaux. Elle est depuis janvier 2017 directrice du CCN d'Orléans.

Durant ses mandats à Orléans, elle a offert un soutien continu exemplaire aux compagnies indépendantes, tout en affirmant la parité femmes hommes, notamment en créant le festival Femmes Modernes. Au sein du réseau des CCN, elle a été également l'une des forces motrices pour agir avec volontarisme et responsabilité en tant que dirigeante d'institution, en faveur de la parité de l'accès aux directions de structures chorégraphiques, mais aussi de reconnaissance et de renforcement des moyens offerts aux artistes femmes. Elle a agi à la tête du CCN d'Orléans pour s'adresser aux territoires ruraux et pour insérer la danse dans la ville, dans le quotidien de ses habitants. Comme un prolongement de ce travail de fond, elle a été désignée directrice de la danse et chorégraphe pour les quatre cérémonies des Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024 au côté de Thomas Jolly.

Elle propose pour le CCN-Ballet de Lorraine un programme d'activités ambitieux, valorisant son répertoire de chorégraphe, une politique de reprises et de créations. La stratégie de production et de diffusion proposée affirme une cohérence nouvelle, envisagée avec de solides partenariats, permettant ainsi le rayonnement local, national et européen de l'institution. Connaissant cet établissement où elle a été invitée récemment à créer deux pièces, elle souhaite renouer avec l'histoire du Ballet Théâtre Contemporain (BTC) matrice de ce CCN, en s'ouvrant à la musique, aux arts visuels, au cinéma.

Elle apporte les collaborations et partenariats qu'elle a noués au fil de sa carrière, en France et au-delà, pour les élargir au territoire transfrontalier de Nancy ouvrant sur le Luxembourg, l'Allemagne, la Belgique, la Suisse, en bon dialogue avec le CCN - Ballet de l'Opéra National du Rhin. Elle s'engage à développer l'action du CCN à Nancy et dans sa métropole, mais aussi dans l'ensemble de la région Grand-Est avec de multiples actions en direction des habitants dans une dynamique de coopération renouvelée avec l'ensemble des acteurs du territoire.

Le projet de Maud Le Pladec offre l'opportunité d'une riche dynamique à cette compagnie d'excellence ainsi qu'à l'ensemble de l'équipe de ce CCN qui demeure l'un des cinq plus importants ballets dotés du label Centre Chorégraphique National.

Maud Le Pladec succédera le 1ᵉʳ janvier 2025 à Petter Jacobsson qui assure la direction du Centre chorégraphique national depuis 2011.

La ministre de la Culture et les autres partenaires tiennent à saluer l'ensemble des candidates et candidats pour la grande richesse des projets présentés.
La Rédaction

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"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

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Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
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"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
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"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

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© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

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Bruno Fougniès
13/12/2024