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Isabelle Adjani à la BnF… De Duras à Dickinson  26/11/2017

Après une première lecture lors du Festival "La bibliothèque parlante" en mai 2017, Isabelle Adjani donnera vie à quelques grands textes de ses auteurs préférés, Marguerite Duras et Emily Dickinson, mais aussi Choderlos de Laclos, Camille Laurens, Fred Vargas… Accompagné de musique classique, ce spectacle permettra de plonger dans l’univers littéraire de l’interprète de "La Reine Margot".

"J’ai découvert le "monde" de la lecture tout récemment. Il m’était assez étranger. Non pas en tant que spectatrice mais comme comédienne. J’ai ressenti là un plaisir d’une nature inconnue. Je lisais du Racine, ou encore du Duras… Ce fut comme une révélation, qui a produit une exaltation nouvelle.

On rentre dans le texte. Cela se fait de façon vibratoire, entre le frémissement qu’il y a dans l’écoute du public et le frémissement de la diction. C’est son écoute qui vous guide. Et c’est si inattendu de sentir les gens à ce point captifs sur une voix seule, parfois seulement accompagnée, mais subtilement, de musique.

Ces lectures demeurent des moments à la fois éphémères et inoubliables. Elles s’inscrivent en nous pour toujours. Quand je parle de textes qui m’ont traversée comme ça, je n’apporte aucune preuve au public, juste mon enthousiasme. Je trouve cela très beau, et cela rejoint quelque part une tradition orale.

Si le public n’était pas là, je n’existerais pas. Alors que si je ne suis pas là, il continue d’exister !
On ne peut pas jouer sans public. Quand je suis moi-même spectatrice au théâtre, j’attends qu’il se passe quelque chose en moi, qu’on me transmette un désir, une émotion, une réflexion ou qu’on modifie ma pensée, qu’on me révèle quelque chose de moi face au monde. Un public qui vient vous voir jouer, c’est un public qui vous offre sa confiance, pour qu’au moins un peu de ce moment de théâtre fasse une différence. Qu’il permette de pénétrer une autre réalité qui met entre parenthèses la vie quotidienne. Ce sont des moments précieux.
Peut-on vivre sans ? Je ne crois pas", Isabelle Adjani.

"De Duras à Dickinson", lecture par Isabelle Adjani.
Avec la collaboration de Valérie Six.
Vendredi 8 décembre 2017.
Grand auditorium : 18 h 30 - 20 h.
BnF François-Mitterrand,
Quai François-Mauriac, Paris 13e.
Réservation au 01 53 79 49 49.
Gratuit avec le Pass BnF lecture/culture.
>> BnF En scène

Photo : © Marian Adreani.
La Rédaction

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"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

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Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
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© Pierre Gondard.
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© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

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