La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Petite étude de mœurs contemporaines sur les formes nouvelles du couple - 23/09/2014

Elle a le cœur bienveillant, Adèle, et son allure est celle d'un vrai fantasme vivant avec son maquillage et sa dimension mammaire assumée. Elle est une véritable sœur compréhensive et aussi une infirmière parfaitement efficace pour les trois hommes qui l'entourent et qui ont bien du mal à se mouler dans les plis de la société masculine. Il y a William le petit frère fragile et amoureux d'un...  

Un fantôme hante le plateau... serait-ce Marx ? Ou de celui de l'espoir encore espéré... - 19/09/2014

En ces temps de crise du capitalisme où triomphe la cupidité, selon les propres termes du prix Nobel d'économie Joseph E. Stiglitz, il est doux d'entendre la parole de ceux qui furent si longtemps dénigrés. Ces socialistes du XIXe siècle dont les analyses sur les écarts entre la valeur et le prix, la production et l'objet, ainsi que la part du travail de l'homme (sa part tout simplement)...  

L'érotisme arabo-musulman, entre humour et délice, gambade dans la prairie parfumée - 16/09/2014

"La prairie parfumée où s'ébattent les plaisirs" est un manuel d'éducation sexuelle des années 1420 célèbre dans le monde arabo-musulman. Commandité par un homme de pouvoir, le tout puissant souverain indépendant de Tunis, Abû Fâris `Abd al-`Azîz al-Mutawakkil. Il est rédigé par Cheikh Nafzâwi, savant en toutes choses et médecines venues de l'Antiquité. Et pour enseigner les bonnes manières de...  

"Le Capital et son singe" ou la pensée de Marx revisitée... entre décalage et humour - 15/09/2014

C'est par le biais humoristique que le metteur en scène Sylvain Creuzevault traite les valeurs d'usage, d'échange et de plus-value. Le "Capital" ainsi que les œuvres de jeunesse de Marx sont revisités avec beaucoup d'aplomb et de surprises, au prisme d'un regard décalé de l'Histoire et de ses figures révolutionnaires. La scène se déroule au "Club des amis du peuple" un 13 mai 1848, au retour...  

"La Tempête" par Grujic et Bianciotto : Quand la magie du théâtre révèle l'invisible ! - 12/09/2014

Pas de bonnes rentrées théâtrales sans un classique accessible par tous les publics. Ainsi "La Tempête" montée d'après William Shakespeare par Ned Grujic et Rafael Bianciotto, avec la seule simplicité et immédiateté du théâtre qui rendent lisibles et compréhensibles le dernier texte de l'auteur... qui est un peu son testament. Sur scène, il y a un invraisemblable orgue mécanique qui joue aussi du...  

"Mère Courage" avec Carmen-Maja Antoni pour huit dates à Paris - 09/09/2014

Soixante ans après sa première présentation en France, "Mutter Courage und ihre Kinder" de Bertolt Brecht, portée par le Berliner Ensemble, revient à Paris. Le rôle est repris par Carmen-Maja Antoni. C'est un événement. "Mutter Courage" (Mère courage en français) est un personnage populaire en Allemagne, tellement populaire que l'on a presque oublié qu'il était un personnage littéraire créé au...  

Si la connerie m'était contée... ou hommage en forme de cabaret à Jean Yanne - 04/09/2014

Jean Yanne, iconoclaste et anticonformiste notoire, dès les années cinquante, au cabaret puis à la télé, n'a jamais cessé de la fustiger. Dans une mise en scène fleurant bon le music-hall, Jean-François Vinciguerra, Éric Laugérias et Johan Farjot ont sélectionné quelques perles dans le répertoire de notre regretté amuseur impertinent et décapant et nous offre un cabaret insolent aux vertus...  

"Johnny Mangano and his astonishing dogs"... Une histoire de chien, d’art et d’amour - 25/08/2014

Le texte de Michel Tremblay traite d’une remise en question artistique, sociale et humaine. Harry Holtzman propose une mise en scène dans laquelle chants et guitare accompagnent le jeu de Catherine Le Goff et Frédéric Tellier. Nous sommes dans les coulisses du Coconut Inn, cabaret musical, dans l’envers des paillettes, du music-hall et de la scène. Nous sommes dans l’antre des coulisses, dans un...  

Béatrice Dalle est Lucrèce Borgia... Naissance d'une Pasionaria au lyrisme baroque et envoûtant - 08/08/2014

Pour son premier rôle au théâtre, Béatrice Dalle bouscule les codes du genre et donne à voir, dans une mise en scène de David Bobée, une Lucrèce Borgia pasionaria, entière et guerrière, baroque voire gothique... mais étonnamment généreuse et empreinte d'une sincérité bouleversante. Une première qui fleure bon la réussite grâce également à une distribution pleinement engagée dans le pari de Bobée...  

Via Sophiatown… Quand la danse devient un porte-voix politique - 29/07/2014

Dans sa dernière comédie musicale, la compagnie Via Katlehong Dance nous invite à découvrir deux danses venues des faubourgs de Johannesburg, la pantsula et le gumboot, danses d’expression sociale et politique qui ont émergé dans les années cinquante durant la politique d’Apartheid qui sévissait en Afrique du Sud. Sophiatown a été un quartier multiracial de Johannesburg où noirs, indiens et métis...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024