La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Cap sur Fréhel - 05/03/2015

Histoire de rendre justice à la mémoire d'une icône méconnue de la bohème montmartroise, le président de la petite association souhaite rapatrier Fréhel (illustre interprète de la java bleue) au cimetière de Montmartre. Il est un peu vrillé… Dans un arrière-plan d'humour noir, Pierre Baux pousse à son paroxysme l'art d'un comédien seul en scène face à son public : l'humour est décapant, la...  

Andromaque sonne comme un halètement de la conscience - 02/03/2015

La chaîne des douleurs et des deuils annihile la chaîne des douceurs. Dans "Andromaque" de Jean Racine, après la destruction de la ville de Troie, Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector. Le texte de Racine ne serait que comédie galante si les circonstances de la mort d'Hector ne rendaient les liens impossibles... Comme si le poids des blessures si vives ne...  

Illustre "Rouge", une histoire de famille à voir en famille ! - 04/03/2015

"Les Illustres Enfants Juste"… ça ne vous dit rien ? Et pourtant, le nom de cette compagnie est absolument à retenir. "Rouge" est leur deuxième spectacle. "Tout public" (et on tient à cette appellation !). À travers cet adjectif (devenu ici nom propre), on revisite avec finesse et truculence le conte bien connu du "Petit Chaperon Rouge". Si vous pensez ne plus rien avoir à apprendre de ce conte...  

"Le père"… Admirable Hirsch ! - 27/02/2015

La mise en scène de Ladislas Chollat met en lumière les relations entre un père et sa fille dans lesquelles les lieux, les personnages et le temps sont appréhendés par leurs points de vue différents. Le jeu de Robert Hirsch est admirable de naturel, campant un père superbe de truculence. La scène laisse apparaître l'intérieur d'une salle de séjour de couleur clair, aéré et composé d'un canapé,...  

Un hommage aux femmes résistantes qui ont surmonté la guerre et ses atrocités - 25/02/2015

"De tant d’horreurs mon cœur devint immense"… un spectacle bien vivant qui revient sur le parcours de deux femmes - deux résistantes - devenues amies pour toute une vie… un spectacle utile, nécessaire et beau. Au départ, il y a une femme : Gisèle Giraudeau. Arrêtée en 1944 pour faits de résistance à Nantes, complice de son frère - Joseph Fraud, grande figure de la résistance et ami de Libertaire...  

Fin de Partie… celui qui tient l'histoire tient le temps... - 24/02/2015

"Rien n'est plus drôle que le malheur, [...] c'est la chose la plus comique [...] mais c'est toujours la même chose [...]. C'est comme la bonne histoire qu'on nous raconte [...] nous la trouvons bonne mais nous n'en rions plus." Voilà, tout est dit ! La pièce de Samuel Beckett "Fin de Partie" raconte une bonne histoire qui garde la trace du rire au fil du temps qui lasse et délasse des tourments...  

"Anna Christie"... Le plaisir d'un théâtre traditionnel sans vérisme, sobre, stylisé et esthétique - 20/02/2015

L'histoire d'Anna Christie écrite en 1922 par Eugene O'Neill* se déroule dans une Amérique déjà marquée par la prohibition, une Amérique qui rêve de vertu et ne peut que subir le poids de la fatalité de l'alcool et de la pauvreté. La pièce qui met en valeur des caractères forts (le père, sa fille, le fiancé) a le charme et la puissance d'une chanson réaliste. L'action se déroule au port, au fond...  

"Histoire vécue d'Artaud-Mômo"… au-delà des mots - 19/02/2015

Dans une mise en scène de Gérard Gélas, Damien Rémy nous fait revivre la Conférence du Vieux Colombier où Artaud, marqué par son internement psychiatrique, est en proie à des difficultés d'élocution, perdu dans ses mots et ses propos. Artaud (Damien Rémy) est sur scène devant son bureau sur lequel deux cahiers sont disposés. Nous voilà le 13 janvier 1947 au théâtre du Vieux Colombier dans une...  

"Le Mariage de Figaro" par les Nomadesques... Le choix du burlesque pour dépeindre le grotesque des cuistres ! - 15/02/2015

Reprise S'ils œuvrent avec excellence dans l’univers des spectacles Jeune Public*, les Nomadesques savent aussi nous régaler avec quelques classiques "revisités". Après le très western "Beaucoup de bruit pour rien" de Shakespeare en 2010, les voici de retour sur la scène du Ranelagh avec un très coloré "Mariage de Figaro" de Beaumarchais à la tonicité revigorante. La fin de l'Ancien Régime est...  

Abbi Patrix, conteur néo trouvère, nous narre façon polar électro-conté les aventures du Poulpe - 13/02/2015

"Une bière, mais pas de rhum"... Accoudé au bar, Gabriel Lecouvreur alias le poulpe découvre, en page intérieure de son journal préféré, le fait divers macabre du jour. Une tête d'homme aux oreilles coupées trouvée dans la halle aux poissons de Rungis. Il subodore un règlement de comptes lié à un univers du crime tentaculaire... Il se lance aussitôt dans une enquête qui, de bagarres en crimes, de...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024