La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"King Kong Théorie"… Une écriture de la sensation pour une représentation de l'émotion - 23/09/2017

Ce deuxième volet du focus "Femmes !"* est une réelle expérience émotionnelle. On peut ressentir quelque chose de l'ordre du partage lors de la représentation. Quelque chose se tisse entre le plateau et le public. Le spectateur n'a plus un statut passif. Il n'assiste pas aux paroles énoncées et aux corps exposés. Il y participe. Il est un élément à part entière. Qu'est-ce qu'être femme ?...  

Une farce retournant les propositions de Houellebecq, entre rire, poésie et ennui élégant - 19/09/2017

Au lointain, des personnages, à la table de travail. À tour de rôle, sous l'influence d'un coryphée, sosie clone d'un écrivain célèbre qui leur précise leur place dans le journal de la vie d'un raté, ils occupent la scène, ils montent à l'avant-scène. Julien Gosselin adapte à la scène les particules élémentaires de Michel Houellebecq. Et là, surprise, le spectacle est des plus surprenant et à...  

"You-You" Parcours d'une femme courageuse, histoire douce-amère d'une vie déplacée - 18/09/2017

Y-eut-il jamais une Yougoslavie et des Yougoslaves heureux ? Ce pays né et disparu dans les convulsions de l'Europe au XXe siècle. L'histoire de You-You de Jovan Atchine apporte avec beaucoup de tact quelques éléments de réponse. En assistant à la pièce jouée par Mina Poe, le spectateur ne peut, dans un premier temps, que sourire devant le pittoresque de la situation. Celle d'une employée de...  

Comme un éternel féminin… Emma, une femme qui se faisait son cinéma - 16/09/2017

Sur scène Cendre Chassanne est radieuse. Toute à son émoi depuis qu'elle a lu Emma Bovary et que, dans l'enthousiasme, elle en entreprend, à la table de travail, une adaptation filmique. Exaltée, concentrée, mais aussi coléreuse au fur et à mesure que son intimité entre en résonance avec celle d'Emma, elle parle à son public (lui bien réel), à François Truffaut (son idole), à Gustave Flaubert...  

"Les Noces de Betìa"… la Renaissance dans son essence - 15/09/2017

René Loyon nous fait redécouvrir le théâtre de l'époque de Léonard de Vinci (1452-1519) et de Michel-Ange (1475-1564). Dans le texte de Ruzante, l'amour est vu au travers de propos et de gestes autant audacieux que maladivement timides, avec des personnages en proie à une liberté des sens enchaînée par des pulsions débridées. La Renaissance (~1300-~1650), époque riche de créations artistiques où...  

Les amours de Simone de Beauvoir ou raconter la femme à travers les femmes : un exercice périlleux… - 14/09/2017

Simone de Beauvoir est une des plus grandes figures féminines françaises. On la connaît essentiellement en tant que romancière et philosophe. C'est également une femme qui a beaucoup milité pour ce en quoi elle croyait. Féministe, elle défend la liberté et les droits de la femme. Elle partage sa vie avec le réputé philosophe et écrivain qu'est Jean-Paul Sartre. Tous deux ont un accord : leur...  

"à2pas2laporte", une invitation à la métaphore du voyage immobile - 13/09/2017

C'est au fil des jours qui passent, protégé par un long mur et sa fenêtre, calme et serein, un homme en son logis. Les saisons, la pluie, le soleil, la guerre, la joie se perdent dans un infini. Celui de la rêverie. De sa rêverie. Et, de proche en proche, l'éveil d'une conscience qui comme qui dirait s'émerveillerait et pourtant serait plongée dans une intranquillité de l'être et tâtonnerait...  

Quand l'insolence devient une bouffée d'oxygène, d'intelligence et d'esprit - 12/09/2017

Le verbe haut, la verve, le langage comme arraché de la terre même avec sa poésie, sa rugosité, son franc-parler, mêlant dialectes vénitiens, idiomes padouans, expressions populaires et citations en latin tirées des évangiles ou d'Aristote, voilà la matière d'un auteur de la renaissance italienne, Ruzante, avec laquelle René Loyon découpe une fenêtre sur un monde oublié. Un monde fleuri, pimpant,...  

Novecento… un solo théâtral et jazzy talentueux ! - 11/09/2017

Dans une magnifique interprétation, André Dussollier fait revivre la vie d'un jeune prodige pianiste qui a enchanté les mers et les océans. Il prend la double casquette du metteur en scène et du comédien pour nous conter cette histoire. Novecento est ce pianiste qui jouait sur un bateau, et dont la réputation l'avait suivi jusqu'à Jelly Roll Morton (1890-1941), inventeur autoproclamé du jazz, qui...  

"Fausse Note"… Face à face entre passé et présent, entre bourreau et victime - 09/09/2017

Didier Caron signe ici un délicat face à face sur un sujet glissant qui aurait pu tomber dans le pathétisme ou le dogmatisme mais qui évite soigneusement ces écueils. L'ombre du passé visite un ancien nazi pour que soit révélée la vérité. Un sujet grave pour une pièce qui parvient à rester sur le fil de la comédie grâce à une structure narrative flirtant avec l'enquête policière. C'est la...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024