La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Haskell Junction"… Entre odyssée et "réalité" théâtrale dérangeante sur l'état du monde et ses frontières - 21/10/2017

À la frontière incertaine de deux pays en devenir (États-Unis et Canada), à un siècle où les pionniers construisaient encore leurs rêves, se créent une ville du futur comté de Memphrémagog et une histoire à l'avenir épique, à la limite du romanesque si des évolutions tragiques n'en avaient pas noirci la trame… Ainsi naît Stanstead, posant ses fondations dans les années 1790, les pieds...  

Le personnage de Carmen selon Lucie Digout : une parfaite représentation de la pulsion de vie - 19/10/2017

La pièce débute par la fin : l'enterrement de Carmen. Elle remercie bien tous les invités d'être présents et est heureuse de les voir ainsi réunis. Puis elle se remémore. Elle raconte : sa vie, ses amis, sa famille, ses amours, ses rêves et ses projets. Une belle rétrospective de l'existence d'une personne qui aurait pu répondre aux prénoms Désir ou Liberté. Ce spectacle a fait partie des...  

"L'Espace furieux", un lieu de deus ex machina à la recherche d'un non-effet… pour le plus grand des plaisirs - 18/10/2017

Ici c'est où ? Ici ou ici ? Valère Novarina est un auteur amoureux du théâtre qui pose avec clarté et facéties des questions simples. Et conduit les comédiens dans les chemins escarpés, pleins de surprises, du langage. En en posant et déposant les bases, en jouant avec les sonorités familières, il les égare. Dans le jeu de ses enchaînements, les toponymies, les segments de récits et de contes,...  

"Un piano nommé désir" : une pièce drôle et légère… un petit moment de douceur dans ce monde de brutes ! - 17/10/2017

"Un piano nommé désir", le titre n'est pas sans nous rappeler le titre de la pièce de Tennessee Williams "Un tramway nommé désir". Pourtant, l'intrigue ici est d'une tout autre sorte. Ce spectacle parle d'accomplir ses rêves et, par la même occasion, de s'accomplir soi-même. Il parle également d'amour et d'amitié, de choix et de bonheur. Ce spectacle nous parle un peu de la vie en fait… Les...  

N'oubliez pas… Quelle connerie la guerre ! - 16/10/2017

Bombardements. Novembre 1942. Les filles dans le lycée des garçons. Une première ! En classe d'histoire-géo : "parler de la précédente en attendant que la présente finisse". Cours d'histoire, situation géographique, sujet du jour : bataille de la Somme. De l'influence météorologique sur la stratégie militaire et de la géopolitique de la mort guerrière. Lui est enseignant, au classicisme...  

"Carmen"… Fable moderne cyclothymique - 16/10/2017

La création originale de Lucie Digout conte le parcours passablement chaotique d'une jeune femme, dont le talent et les prédispositions auraient pu l'emmener jusqu'en haut de l'affiche. Sauf que la vie, et ses caprices, laisse parfois peu de prise aux hasards heureux. Chacun sait que Carmen est un opéra (1875) de Bizet (1838-1875) et un film (1983) de Carlos Saura avec Antonio Gades (1936-2004),...  

La pièce sismique de Strindberg mitonnée avec un humour à glacer le sang - 12/10/2017

C'est certainement la pièce la plus noire de l'auteur suédois qui tient bien les promesses de son titre. Une danse, entre un homme et une femme, un couple, qui passent sa vie depuis vingt-cinq ans à se haïr. Une vie entière faite de mépris, rancune, cruauté. On assiste comme à l'envers du décor convenu du bonheur conjugal. Ici, les époux s'entredéchirent savamment, patiemment avec gourmandise....  

"Un divan pour la scène" : une proposition maladroite entraînant une confusion des genres et des intentions - 10/10/2017

Un divan pour la scène se présente comme une pièce à tiroirs avec de multiples intrigues. Se profilent les relations sociales qui existent entre les différents personnages, mais qui questionnent également les rapports qui se nouent entre les entités représentées : la patiente avec le thérapeute, la comédienne avec le metteur en scène, la femme avec l'homme et vice-versa, etc. Une femme vient...  

"La Danse de mort"… Cette joie de vivre paradoxale n'est qu'un songe plein d'ironie - 06/10/2017

Dans "La Danse de mort" d'August Strindberg, les personnages d'Edgar et d'Alice fêtent leurs noces d'argent. Ayant passé vingt-cinq ans côte à côte dans l'aigreur des jours, au milieu des rêves de gloire éteints, ils sont à bout. C'est aux confins de la Suède. Dans la mise en scène de Stuart Seide, la scénographie est épurée, le plateau quasi nu, réduit à l'essentiel, et la conduite d'acteur...  

Deadtown… pas que des bons, des brutes et des truands ! - 05/10/2017

Les frères Forman voyagent à travers le monde, depuis une vingtaine d'années, avec leur théâtre ambulant où un univers, mariant différentes disciplines artistiques, laisse découvrir des histoires et des caractères qui frôlent le fantastique. Ce n'est pas l'hôtel du Nord mais il y a une de ces atmosphères sur scène. C'est le Far-West avec ses volutes de fumée, mélange de tabac et de pétarades....  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024