La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Le malade imaginaire" mise en scène par Michel Didym : de quoi rendre fier Molière ! - 10/11/2017

Choisir de représenter, une énième fois, une des pièces les plus réputées de Molière, c’est accepter de jouer devant un public qui vous attendra au tournant. "Le malade imaginaire" est un théâtre vu et revu. Pour conquérir des spectateurs de plus en plus exigeants, il va falloir faire preuve d’un certain talent. Le rideau s’ouvre sur André Marcon, sous les traits d’Argan, en train de faire ses...  

Un cœur Moulinex, un cœur gros comme ça, un rêve français… de qualité - 09/11/2017

Dans "Un cœur Moulinex", Claude Viala montre les coulisses de la fabrication d'un célébrissime moulin à légumes électrifié. Côté patrons, côté ouvrières. Vu sous l'angle des humbles dans la manière d'un théâtre simple et efficace. Le texte de Simon Grangeat charpenté et très documenté narre comment un bricoleur de génie normand apporta au monde entier le rêve d'un palais des arts ménagers qui...  

Interprétation passionnée de Betty Pelissou qui reprend "Le dernier jour d'un condamné" - 06/11/2017

En 1828, à l'âge de 26 ans, Victor Hugo rédige "Le dernier jour d'un condamné". Un homme dont ni le nom ni le crime ne sont explicités. Dans ce manifeste contre la peine de mort, il retranscrit tous les états par lesquels passe le futur mort. Dans cette adaptation, l'homme devient femme, à part cela tout reste semblable. Cette pièce est éligible aux P'tits Molières 2017. À jardin, négligemment...  

Un monologue où Marie-Christine Danède démontre une capacité rare à rendre palpable l'imaginaire - 08/11/2017

Certains spectacles tiennent essentiellement aux interprètes qui les font exister, c'est un peu le cas de "L'art de Suzanne Brut". Mais pas seulement. Un texte bien tenu, une mise en scène rythmée et une double thématique donnent aussi à cette pièce une pertinence large et espiègle tout en rendant hommage à un style pictural révélé par Dubuffet : l'Art Brut. Parlons d'abord de Marie-Christine...  

"La Perruche"… Un questionnement sur les relations humaines et les valeurs individuelles - 30/10/2017

"Un couple attend des amis pour le dîner, mais ceux-ci n'arriveront jamais… S'agit-il d'un accident, d'une séparation, d'un cambriolage ? À chercher les raisons de cette absence, l'homme et la femme se disputent au sujet du couple […], ils enchaînent les quiproquos absurdes et les révélations intimes, remettant en cause […] leur propre couple." C'est le résumé que l'on peut lire concernant le...  

"Pièce en plastique"… Toute la déliquescence du monde dans une pièce où l'absence d'espoir devient une vraie jubilation - 27/10/2017

Une cellule familiale bourgeoise allemande lancée comme un jeu de dés sur la piste aseptisée de l'Europe : Marius von Mayenburg cisèle les figures désabusées de la réussite sociale pour en faire ressortir toute la vacuité et la vanité de leurs existences, de leurs sentiments, de leurs idées. Cela craquelle vite. Cela cherche surtout de toutes ses forces à survivre, quitte à saborder tout idéal....  

"La main de Leïla"… La passion amoureuse comme une ultime rébellion face à tous les despotismes - 26/10/2017

Haram Cinéma, salle clandestine, refuge des étreintes langoureuses sur grand écran où Leïla, bravant les interdits, trouvera l'amour et embrassera la vie aventureuse de Samir. Aïda Asgharzadeh, dont nous avions découvert et apprécié la plume vive et efficace avec "Les Vibrants", est de retour avec "La main de Leïla" (en coécriture avec Kamel Isker), vrai succès au festival Off d'Avignon qui ne se...  

"Projection privée"… Midinettes accros à la téloche et mecton bidon qui se rêve en rockeur - 25/10/2017

Dans la pièce, "Projection privée" de Rémi De Vos, les personnages (le mari, l'épouse, la maîtresse) sont placés sous l'influence des boîtes à images, des émissions de plateau réalité, de soap opéra, de télé novellas, de photos romans ou de karaoké. Elles, ce serait plutôt "Amour, Gloire et Beauté" et peut être de manière cachée Joie et Volupté. Lui est résolument Pouvoir, Gloire et Luxure. De...  

"Intra Muros"… Une possible évasion théâtrale, entre réel et imaginaire - 23/10/2017

Donner un cours de théâtre dans une maison centrale est un pari mais, avant de créer un personnage, un prisonnier a sans doute aussi envie de construire un nouveau départ. Dans une fable qui puise ses ressources entre mémoire et reconstruction, c'est à un jeu à double miroir que nous convie Alexis Michalik. Avec Alexis Michalik, il faut toujours s'attendre à quelques surprises. L'auteur et...  

"Intra Muros"… Une possible évasion théâtrale, entre réel et imaginaire - 15/05/2018

Donner un cours de théâtre dans une maison centrale est un pari mais, avant de créer un personnage, un prisonnier a sans doute aussi envie de construire un nouveau départ. Dans une fable qui puise ses ressources entre mémoire et reconstruction, c'est à un jeu à double miroir que nous convie Alexis Michalik. Avec Alexis Michalik, il faut toujours s'attendre à quelques surprises. L'auteur et...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024