La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Chronique d'une folie douce, perception truculente et libertaire de la vie d'une femme hors normes - 05/02/2018

Seule, assise au milieu de la scène, en robe de mariée, mi-tulle mi-bulles, tout en légèreté, petit bout de femme-enfant, bouille mutine et expressive, cheveux et chaussons roses, elle attend, sous la protection de robes à l'identique vocation matrimoniale et d'une farandole d'objets aux allures vintage, et à usage phonographique, le sosie de Jean-Louis Maclaren, hypothétique ancien amant mais...  

La fable rejoint le mythe, la parodie disparaît et peut paraître toute l'humanité de Don Quichotte - 02/02/2018

L'histoire racontée par la compagnie La Cordonnerie, dans son nouveau ciné-spectacle "Dans la peau de Don Quichotte", se déroule des derniers jours de 1999 à maintenant et réunit autour du vieux roman de Miguel de Cervantès et d'un ordinateur poussif, un employé de bibliothèque tout gris, un technicien de surface un peu con-con, un méchant maire et une belle et mystérieuse médecin psychiatre....  

"Nouveau(x) Genre(s)"… Révéler l'épaisseur de mystère que recèle tout être humain - 31/01/2018

Dans une forme de confidence confiante et effrontée, la comédienne et autrice Caroline de Diesbach ne craint pas d'exprimer la densité de son inconscient, troublée qu'elle est par son état, son statut de femme. Avec beaucoup de distance amusée, elle part à la recherche de la cause de ses peurs et de ses blocages. Dans "Nouveau(x) genre(s)", elle se glisse dans l'échancrure du manteau d'Arlequin...  

"Adieu Monsieur Haffmann"… Rire et émotions mêlés dans une pièce toute en délicatesse… comme une sonate des cœurs purs - 09/10/2018

La pièce est dessinée en traits purs, comme une esquisse, une encre fine qui laisse autant de place à l'imaginaire dans les espaces laissés vides que dans les tracés. Une sorte de stylisation mêlée à une extrême pudeur pour permettre à cette histoire de briller malgré la noirceur de l'époque où elle se déroule. 1942, les nazis instaurent le port obligatoire de l'étoile jaune pour les Juifs,...  

•Molières 2018• Rire et émotions mêlés dans une pièce toute en délicatesse… comme une sonate des cœurs purs - 30/01/2018

La pièce est dessinée en traits purs, comme une esquisse, une encre fine qui laisse autant de place à l'imaginaire dans les espaces laissés vides que dans les tracés. Une sorte de stylisation mêlée à une extrême pudeur pour permettre à cette histoire de briller malgré la noirceur de l'époque où elle se déroule. 1942, les nazis instaurent le port obligatoire de l'étoile jaune pour les Juifs,...  

Fusionner le meilleur de l'être et la mise en suspension des contingences… - 29/01/2018

Avec "Indignez-vous !", Stéphane Hessel, au crépuscule de sa vie, est devenu un peu comme un grand-père rêvé dans la mondialisation. Et les jeunes générations ont découvert dans cet homme qui avait gardé une juvénilité hors norme, un héros, un résistant déporté, un diplomate animé par un vif désir de Paix et de Réconciliation des peuples*. Il a aimé toute sa vie réciter la poésie. Sa petite fille...  

Hommage jubilatoire et débridé au théâtre, aux metteurs en scène, aux comédiens et à tous les métiers de la scène - 25/01/2018

Cela se présente comme une conférence sur l'Art de la mise en scène, une conférence illustrée par l'exemple : on y annonce ainsi trois mises en scène différentes de la première scène du "Médecin malgré lui" de Molière. Mais sous cette apparence extrêmement sérieuse, aux allures universitaires, se cache une formidable démonstration de ce que le théâtre peut réaliser dans sa double exigence qui est...  

"Adieu Monsieur Haffmann", un joyau théâtral original, taillé au cordeau, aux facettes tant historiques que romanesques - 24/01/2018

Paris, 1942, occupation allemande. Le port de l’étoile jaune pour les Juifs est décrété en mai et rendu obligatoire dès le 7 juin. Joseph Haffmann, bijoutier et désigné involontaire au port de l'indigne insigne, propose à son ouvrier orfèvre de lui confier sa bijouterie s’il accepte de le dissimuler aux rafles à la finalité meurtrière. Pierre prendra-t-il le risque de cacher secrètement son...  

Festival Traits d'Union #2 : "Froid" - 24/01/2018

On entre à peine dans la salle que trois comédiens sont déjà là à nous attendre, campés sur leurs chaises. Ce qui nous interpelle d'abord, c'est le choix des costumes : un panel de vêtements de sport tel que sweat, jogging, chaussettes de foot montantes, des baskets usées, un jean déchiré au niveau du genou, des claquettes… Tous trois nous regardent avec des airs plus ou moins ahuris. Leur...  

La beauté d'un théâtre oscillant entre réalisme et idéalisation - 23/01/2018

Anne-Laure Liégeois monte les textes de deux auteurs, deux poètes incompris de leur temps, qui, à cinquante ans d'intervalle, paraissent des jumeaux en art. Jakob Lenz* avec "Les Soldats" et Georg Büchner, dans un texte sobrement intitulé "Lenz", se font écho et la metteure en scène assemble les deux œuvres en un véritable diptyque. De la belle ouvrage qui met en valeur une authentique réflexion...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024