La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Kisa Mi Lé", créole et français s'accordent… dans la Réunion des cultures… - 15/03/2018

Quelquefois, l'effet théâtre se propage de la scène à la salle dans la simplicité des moyens et la présence des talents. Il suffit d'un objet, un texte qui, quelle que soit sa qualité littéraire, sache, interroge un malaise de l'humaine existence et de l'identité et que ce malaise soit porté avec conviction, distance, conscience et confiance. Que le spectateur happe au passage. Ainsi, dans "Kisa...  

Exploration de la jeunesse de Camille Claudel, femme créatrice au destin tragique - 14/03/2018

Toute la jeunesse de la géniale artiste est exposée ici, presque à nu. Son ambition artistique, ses luttes pour imposer la place des femmes dans la sculpture et plus largement dans la société française ; et ses heurts et conflits avec l'esprit étriqué de sa famille sont le fond de trame principal de l'histoire qui nous est tricotée ici. Une manière de semer tous les indices capables d'expliquer,...  

"Elle"… atteint les sommets de la béatitude, fugace et éphémère, celle de l'éternité du Théâtre - 12/03/2018

La papauté est à la recherche de l'image pieuse de la personne de son pape pour la diffuser aux quatre coins de la chrétienté. L'huissier en queue de pie a convoqué le photographe vite aveuglé par l'apparition de Sa Sainteté. Pendant que frétille le cardinal qui se prépare pour prendre la suite. Jean Genet écrit la pièce "Elle" (1) sous le pontificat finissant de Pie XII qui fut bien silencieux...  

"Le Lauréat", une comédie jubilatoire balançant entre joutes charnelles torrides et badinage plus sérieux que nature - 08/03/2018

Célébrant à l'origine le passage d'une période artistique conservatrice, un peu plan-plan, tant au cinéma, au théâtre que dans les autres expressions artistiques, à celle plus libre et libérée, plus débridée, plus fun et colorée des années soixante-dix, "Le Lauréat", dans son adaptation théâtrale cinquante plus tard, s'est transformé en une pièce pétillante, fringante et pleine de jeunesse...  

Une cavale aux allures de désarroi dans une France ressemblant aux USA des années 50 - 06/03/2018

C'est une histoire au présent qui se joue là. Deux trajectoires qui se percutent et finissent par filer dans la même direction. Un homme, la cinquantaine, une femme, jeune. On ne sait pas trop d'où ils viennent. On devine qu'il s'agit d'existants actuels. De nos contemporains. On pense qu'ils cherchent quelque chose tout en fuyant autre chose. Et pourtant, par un charme sûr de sa force, on les...  

Représenter, questionner, polémiquer… un spectacle reflet d'une certaine société - 20/02/2018

Le plateau se compose à la fois de l'espace de jeu, lieu majoritairement vide qui ne sera habité que par les comédiens lors de leurs interprétations, et à la fois des coulisses apparentes où sont entreposés des portants qui permettent les multiples changements de costumes et donc de rôles. La procession scénique nous évoque l'ambiance des défilés de mode où les tenues sont ici remplacées par une...  

Festival Traits d'Union #2 : "Cœur(s) de bouffonne(s)" - 15/02/2018

Le dimanche 28 janvier, le festival Traits d'Union a clos sa programmation avec la création de la Compagnie L'Artisan. Le jury presse avait déjà plus ou moins décidé laquelle des pièces vues précédemment remporterait le premier prix. Puis, a été inauguré sur scène "Cœur(s) de bouffonne(s)", spectacle qui a fortement ébranlé nos partis que l'on croyait déjà pris. L’œuvre tâtonne les limites de la...  

Une vie qui tangue entre vrai don et esbroufe, l'épopée humaine de forçats de l'espoir - 12/02/2018

Il a un don, Frank Hardy. Il impose ses mains et le souffreteux ne ressent plus la douleur, le boiteux danse, l'aveugle voit. Il parcourt les villages du pays de Galles et de l’Écosse pour semer ses guérisons miraculeuses comme un pèlerin. Et ceux qui espèrent viennent à lui quand il passe à travers leur campagne. Sauf que Frank est accompagné d'un impresario et d'une femme dévouée et que ses...  

"Constellations", une trajectoire humaine commune et partagée à la fois intime et universelle - 08/02/2018

Dans sa pièce "constellations", l'auteur de théâtre Nick Payne imagine la rencontre improbable entre une physicienne immergée dans la théorie des cordes et un apiculteur plongé dans l'examen du vivant. Deux personnages que tout sépare, animés seulement par une maladresse de conversation réciproque. Le récit est à la fois virtuose et plein de malice, méthodiquement fragmenté et parsemé d'indices...  

Festival Traits d'Union #2 : "À fond" - 06/02/2018

Sur scène, ils sont quatre. D'une part, il y a Alex et Rémi qui attendent que le temps passe, qui ne font pas grand-chose à part fumer et regarder les trains défiler, qui ne bougent pas. De l'autre, Luc, qui part, qui est en route vers Paris, qui avance droit vers la vie. Et Marion, qui l'entraîne. La scène se divise en deux. D'un côté, le statique. Ce qui semble être une décharge près des voies...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024