La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"The Scarlet Letter", Angélica Liddell mouline à contre-courant en passionaria flagellée - 17/01/2019

La religion et son puritanisme fanatique sont le jus dans lequel baigne "La Lettre Écarlate", texte de Nathaniel Hawthorne datant de 1850. Cette nouvelle conte la punition d'une femme mormone qui, coupable d'adultère, voit son orgueil flétri par le port de la lettre A sur ses vêtements : A comme adultère. Dès l'ouverture, Angélica Liddell nous plonge intégralement dans cet univers religieux,...  

Retour sur l'enfance de Dolto pour une redécouverte de nos explorations intérieures enfantines - 14/01/2019

"Quand je serai grande, je ne ferai pas les mêmes choses et je me souviendrai de comment c'est quand on est tout petit." Plonger à nouveau dans cette période fondatrice qu'est l'enfance ? Pourquoi pas ! Ici, la proposition de la metteure en scène Martine Fontanille passe par une remémoration autobiographique de la jeunesse de Françoise Dolto* et nous invite à une conférence instructive, plein de...  

"Bienvenue en Corée du Nord"… Quand un pays est transformé en parade perpétuelle - 09/01/2019

De retour d'un voyage lointain et exotique, une troupe de théâtre fanfaronne. Un peu "jet larguée". Un peu tétanisée. Grimée. Fatiguée. En bordure de crise de nerfs. Elle revient d'un monde muré. Elle revient de Corée. Du Nord. Hagards et mutiques tout autant que volubiles. C'est leur état au retour d'un authentique voyage dans ce pays fermé qui a des démangeaisons de jongleries de bombes...  

"Azor" est un trésor, léger comme une plume, cahotique et frénétique comme la vie - 24/12/2018

Quand un commissaire de police d'Auteuil, un gars de la Rousse, reçoit le surnom d'un toutou à sa mémère, Azor, quand il est poursuivi des assiduités des unes et des autres, quand il se rêve en cador (qu'adorent les femmes), se découvre enjôleur plutôt qu'engeôleur, rimeur et frimeur… Quand une fille de ministre a une âme de gigolette, quand les gens de la Haute fricotent avec les marlous, quand...  

"Le Fils", une parabole contemporaine d'un roman de l'incompréhension - 04/03/2019

La jeune femme en jean et corsage bleu pâle qui monte à l'avant scène est une mère de famille. Elle parle d'elle et de son fils, raconte la montée irrésistible au fait divers. Son évolution, son glissement vers les milieux traditionalistes et le suicide de son fils homosexuel dans l'officine de ses parents. Avec tous les éléments d'un drame de l'incompréhension, le texte est une étude de...  

Une facétie burlesque teintée de féminisme et de désirs de justice, comme un succédané espiègle de l'actualité - 18/12/2018

Dans la famille des pièces en un acte de Georges Feydeau, je voudrais l'épouse la plus rebelle, la plus vigoureuse et la plus mutine sur la voie de l'émancipation féminine… J'ai nommé Clarisse ! Dans "Mais n'te promène donc pas toute nue !", Feydeau laisse la part belle aux revendications d'indépendance (de pensée et d'action), de justice de la femme. Et Charly Marty, pour notre plus grand...  

"La lettre à Helga", une forme de cantate pour voix humaine et forces élémentaires - 16/12/2018

Dans "La lettre à Helga", de l'auteur islandais Bergsveinn Birgisson et mis en scène par Claude Bonin, le spectateur se trouve immergé dans un monde rude et apaisé. Celui d'un monde de contrastes violents. Celui d'un homme qui se remémore la succession des événements de sa vie dans une lettre écrite à l'attention de celle qui fut la mère de son enfant et ne partagea pas sa vie… Roland Depauw,...  

"Sombre rivière"… Mise à nu de pensées en déroute - 10/12/2018

Lazare a trempé sa plume au plus vif de sa sensibilité pour créer une œuvre après les attentats de Paris de novembre 2015. Au travers d'un prisme qui mêle différentes tranches de vie des protagonistes, l'auteur nous convie à un parcours sinueux de ses émotions. Il y a dans cette pièce de théâtre, du chant, de la musique, de la danse, des vidéos… et des apartés. Bref un mélange de plusieurs...  

"Allers-Retours", la farce tragique actuelle des frontières éclate dans ce texte écrit il y a un siècle - 05/12/2018

Et les zones de transit, les camps de réfugiés, les périmètres de non-droit fourmillent même à l'intérieur des pays. "Allers-Retours" met ainsi en lumière le destin absurde d'un homme rejeté de partout. C'est sur un air de comédie absurde que toute la pièce chante. En 1933, Von Horváth résidait en...  

"Un Instant" donne le goût des choses aux mots par un travail méticuleux de la syntaxe - 03/12/2018

Dans "Un Instant", d'après "À la recherche du temps perdu" de Marcel Proust, Jean Bellorini est parti en exploration. Du temps. Du temps de l'écriture et de son énonciation, du temps de la scène et du temps de l'émotion. Le metteur en scène suit à la trace le roman, gommé de toutes ses mondanités, vanités, élégances et fioritures fin de siècle, ses bienséances dont témoignent seules des piles de...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024