La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Après la fin"… L'homme peut être un prédateur pour la femme - 13/02/2019

Conséquence d'un préambule d'apocalypse à l'explosion atomique présumée, Mark sauve Louise en la transportant dans un abri. Alors que le chaos semble régner au-delà des murs, dans une nécessité de survivance, une amitié imaginée inébranlable va se désagréger au fil d'un combat pour contrer l'adversité, pour s'imaginer un avenir au détriment de l'autre. Dans ce huis clos à deux souterrain, petit à...  

"PSYcause(s) 3" : un effet miroir cru, cruel, entre humour corrosif et infinie tendresse ! - 11/02/2019

Pour la troisième fois, un "deux sur scène" renouvelé : le fauteuil, assise-coque accueillante aux multiples positions, protagoniste à part entière, et la comédienne auteure Josiane Pinson, tour à tour psy ou patiente, aux multiples évasions, aventurière en terrain connu dans les dédales de l'inconscient, cet autre en nous. Confessions, états d'âme, états de femmes, états de soi aussi, cette...  

"Kanata" : conjuguer la réalité et l'illusion, et faire apparaître, sous l'apparence et la fiction, le réel et son intimité - 07/02/2019

Mais que sont devenus les Hurons, la Grande Forêt, les canoës ? Tous ces rêves de Canada des petits garçons et petites filles ? Quand Ariane Mnouchkine et Robert Lepage, avec les comédiens du Soleil, envisagent de monter un spectacle sur le Canada et son Histoire, personne n'imaginait l'hostilité, la violence des réactions qu'engendrerait là-bas ce projet*. Que l'ambition affichée de montrer le...  

"Meute"… Petite chronique à vocation municipale de la monstruosité ordinaire - 06/02/2019

Justice, prévention, répression, procès, détention, incarcération, remise de peine, récidive, réinsertion, probation, réhabilitation… Mots rouages construisant la mécanique d'un système judiciaire que devrait contrôler le citoyen ? Oui, sans doute, par son vote pour des députés qui créent les lois que nous leur suggérons… C'est cette interrogation que porte le texte de Perrine Gérard et que...  

"Les Ailes du désir"… Endosser la matérialité de l'être, de l'existence et de l'amour… - 01/02/2019

Marquant le retour de Wim Wenders à Berlin, le film "Les Ailes du désir"* signe la rupture du cinéaste avec sa période américaine pour revenir à un cinéma plus intellectuel, tout aussi poétique mais plus dialogué. Marie Ballet s'empare de cette écriture (marqué de la "patte littéraire" de Peter Handke) pour nous en offrir une interprétation théâtrale augmentée d'une partition musicale sous...  

Désir amoureux ou désir du pouvoir ? Confrontation au cœur de la critique que fait Marivaux de son siècle - 29/01/2019

C'est dans un lieu unique qu'Yves Beaunesne fait jouer ce classique. Le texte d'origine situe la pièce en Espagne mais ce dernier nous invite dans un salon-vestibule d'uno palazzo italien où se déverse l'escalier monumental menant aux appartements. Deux canapés, un piano à queue et d'immenses...  

"Heptaméron", cet étrange et familier miroir de l'âme - 25/01/2019

Avec "Heptaméron, récits de la chambre obscure", Benjamin Lazar approche le mystère d'une œuvre méconnue et majeure dans l'histoire de la Littérature française. Cet "Heptaméron" que Marguerite de Navarre (femme de tête et de lettres, reine de Navarre, sœur de François 1er et grand-mère de Henri IV) a écrit à l'imitation du "Décaméron" de Jean Boccace (1) mais que la mort a interrompu à la...  

"L'absence de guerre"… Une cuisine politique anglaise peu épicée - 23/01/2019

La pièce raconte la phase finale des élections anglaises de 1992 lors de laquelle le parti travailliste, donné vainqueur jusqu'aux dernières minutes, échoua face aux conservateurs menés par John Major. L'auteur David Hare s'inspire de ces faits réels, dont il a suivi tous les événements de campagne, pour dresser un réquisitoire sans pitié sur le monde de la politique anglaise et, plus...  

"Antigone 82", comme un dépassement des rituels et des coutumes, une antichambre d'une Nation Commune - 18/01/2019

Dans "Antigone 82", Jean-Paul Wenzel adapte et met en scène avec l'aide d'Arlette Namiand "Le quatrième mur", le roman de Sorj Chalandon. Cette pièce démêle la pelote compliquée de la guerre civile du Liban en 1982, cette guerre où s'emmêlent sur une même terre les traditions et les politiques des chrétiens, sunnites, chiites, mais aussi druzes, palestiniens, israëliens, syriens… Dans un espace...  

"Convulsions"… La réputation, c'est sacrée et malheur à celui qui rompt le pacte - 22/01/2019

Dans "Convulsions", l'auteur guinéen Hakim Bah montre des hommes obnubilés par la vengeance, rustres, cruels, violents. Qui mentent. Préoccupés seulement par la géniture. Une histoire d'embrouille au sein de la famille. Une histoire d'embrouille entre mâles comme il y en a tant. Ces nouveaux soudards, dont le spectateur en compagnie de l'auteur plein d'humour se demande bien pourquoi il existe...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024