La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Eugène Onéguine" Une valse des temps à jamais enfouis - 02/04/2019

Jean Bellorini met en scène "Eugène Onéguine". Ce long récit, ce long poème d'Alexandre Pouchkine en forme de conte populaire à la fois espiègle et dramatique. Qui évoque, à travers le personnage d'Eugène Onéguine, une Russie joyeuse et mélancolique… Une Russie passée comme un souvenir d'enfance dont le poète retrouve les sensations perdues, les partage avec son lecteur qu'il sait apostropher,...  

"Darling"… Pour que cessent les violences faites aux femmes - 28/03/2019

Un destin étrange, une vie dans la fange, le malheur en bandoulière, la désespérance en guise d'horizon. Une vie de femme battue, violentée, violée… La vie de milliers de femmes encore aujourd'hui. De la pomme à la viande, elle est normande. Elle voulait qu'on l'appelle Darling et n'a pas baissé les bras. Elle s'était confiée à Jean Teulé et son histoire a été adaptée par la Cie Nosferatu. Un...  

"Les Chaises" Description d'une évaporation de la mémoire - 26/03/2019

C'est un couple âgé qui organise dans l'appartement une conférence, dispose les chaises des invités tout en se remémorant les bons moments passés. Pour rire peut-être. La pièce d'Eugène Ionesco est un classique du vingtième siècle dans la catégorie absurde et drolatique. Dans la mise en scène de Bernard Lévy jouée par Emmanuelle Grangé et Thierry Bosc (et Michel Fouquet dans un rôle silencieux),...  

"La mort d'Agrippine" Fascinant ! Un excès de réalisme des passions aveuglantes - 20/03/2019

Avec "La mort d'Agrippine" de Savinien de Cyrano de Bergerac, auteur célèbre et méconnu, Daniel Mesguich fait de cette femme appartenant à la gente d'Agrippa et d'Auguste, prétendante au trône si ce dernier ne lui était interdit, une Warrior woman, une gladiatrice de manga. Agrippine et ses consœurs, elles aussi en quête du pouvoir, avec cnémides et maniques de fils d'or et de pourpre tissées,...  

"Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée"… Phénomène atmosphérico-théâtral ! - 22/03/2019

Il fait chaud, c'est vrai. À ce propos, si on ouvrait une fenêtre ? Non ? Une porte plutôt… Deux portes ouvertes laissent passer les courants d'air. Les courants d'air, en cette période estivale, voire limite caniculaire, sont souvent très mauvais et refilent des toux et autres angines passagères. Pour contrer cela, il y a la méthode moderne : "la clim'" ou climatisation pour les puristes du...  

"Bells and Spells"… magique et poétique ! - 18/03/2019

Dans un spectacle où le mime embrasse avec passion la magie et le théâtre corporel, Victoria Thierrée Chaplin propose une création où la parole est rare, qui s'immisce dans une mise en scène où le corps est roi. Lumière sur une salle d'attente, au style un peu vieillot, avec quelques pointes d'élégance dans le décor, et quatre personnes qui attendent qu'une porte s'ouvre pour s'y glisser....  

"Bells and Spells", un art de la mélancolie et de la vitalité mêlées - 13/03/2019

Dans son dernier spectacle, Victoria Thierrée Chaplin entre dans l'imaginaire d'une jeune femme ordinaire (Aurélia Thierrée) et lui offre une manière de se dérober à l'angoisse d'une salle d'attente, une échappée libre de l'autre côté du miroir. "Bells and Spells" ou comment entre les tintements de la sonnette d'appel s'enrobent les moments qui passent et s'ouvre la porte des enchantements. La...  

"Une vie politique" procure dans l'humour partagé un plaisir discret et altruiste - 01/03/2019

Nicolas Bonneau aime à restituer dans son métier de comédien les personnages oubliés, les invisibles de la société contemporaine, les ouvriers, et dernièrement les femmes… en politique avec "Qui veut garder les enfants ?". En marge de cette pièce, dans une "une vie politique", Nicolas Bonneau présente un face à face improvisé entre lui "saltimbanque" et Noël Mamère "homo politicus" . En quelque...  

"Qui va garder les enfants ?" La parité, en politique comme ailleurs… ce n'est pas gagné ! - 27/02/2019

Découvert avec "Sortie d'usine", un récit immersif sur le monde ouvrier, Nicolas Bonneau poursuit son travail de collectage, enquêteur patient et curieux, pour découvrir le quotidien et les problématiques des femmes politiques, de gauche comme de droite, et, par effet de ricoché, met en évidence la disparité non résolue dans les cercles du pouvoir (mais pas que !) où règne encore et toujours la...  

"La Conférence des oiseaux", entre voyages intérieurs touchant à notre humanité/animalité et exploration migratoire - 21/02/2019

Un jour, tous les oiseaux, ceux qui sont connus, mais aussi les inconnus, se réunirent en conférence et déclarèrent : "cessons nos guerres intestines et cherchons Simorg, notre roi". Sous l'initiative de la huppe, ils se mirent en chemin, mais longue est la migration vers le pays désiré où un roi est espéré. Et à la fin du voyage… découvrirent que le roi, c'était eux. "La Conférence des oiseaux"...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024