La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Électre des bas-fonds"… Mythe indémodable - 23/10/2019

Simon Abkarian, dans sa dernière création avec sa Compagnie des 5 roues, revisite le personnage d'Électre. Autour d'une écriture poétique et acérée, il marie musiciens et danseurs pour donner à ce mythe une tonalité qui reste toujours intemporelle. D'Électre, Jung (1875-1961), ancien disciple de Freud, a bâti un complexe, non reconnu par le père de la psychanalyse, pour en faire le pendant...  

FAB 2019 "Rebota rebota y en tu cara explota" Performance anti-féminicide à mettre KO debout le machisme ordinaire - 22/10/2019

"Ça rebondit, ça rebondit et ça t'éclate en pleine face" est un manifeste sociétal à prendre au pied de la lettre tant Agnès Mateus, performeuse ibérique biberonnée à la movida de l'après-franquisme, "ne prend pas de gants" pour asséner en bête de scène des coups mortels au machisme gangrénant, à l'insu de son plein gré, la société des Hommes. Se démenant en tous sens sur le ring de la...  

FAB 2019 "Retour à Reims" Reconstitution de scènes de crime… Histoire d'identités allègrement piétinées - 22/10/2019

"Que sont mes amis devenus que j'avais de si près tenus et tant aimés. Je crois le vent les a ôtés…". Ces vers de François Villon pourraient s'appliquer à la cruelle désillusion ressentie par une classe ouvrière bafouée par la gauche qu'elle a portée au pouvoir. En adaptant, selon son angle de vue, l'essai très personnel de Didier Éribon sur son "retour sur images" de l'itinéraire d'un enfant de...  

Aux poings… Talent et talons au point ! - 18/10/2019

Le sport dans le théâtre est encore rarement traité. Dans "Aux poings", Alix Andréani et Julie Duval utilisent leur passion commune, le Muay Thaï, pour porter un regard d'introspection, sous couvert d'humour, sur une jeunesse parfois en manque de rêves et d'ambition. Véritable manifeste de combat sur soi, elles revendiquent une parole féministe d'espoir. Des spectacles autour du sport, il y en a...  

"La dernière bande" Enregistrements magnétiques… performance à donner la banane ! - 21/10/2019

Quand du noir complet, le faisceau de lumière de l'ampoule tombant des cintres coiffe le crâne dégarni et blanchi de Denis Lavant, hiératique derrière un bureau métallique fatigué, les yeux aimantés par un magnétophone à bande posé devant lui et absorbant dans la nuit magnétique toute son énergie, on se dit que la magie du théâtre est un leurre qui nous ravit au double sens… Plus rien n'existe...  

FAB 2019 "Scelŭs [Rendre beau]" Plongée dans les eaux troubles des secrets familiaux, propriétaires tentaculaires des destinées humaines - 16/10/2019

Solenn Denis et son collectif Le Denisyak affectionnent, dans leurs créations, les figures de monstres trouant notre société policée, non par penchant pervers pour la fange mais parce que, dans les replis du monstrueux, se dit l'Humanité. Après "SStockholm" et l'enfermement incestueux, il y eut "Sandre" et l'impensable infanticide. Ce troisième volet - clôturant la trilogie consacrée aux névroses...  

FAB 2019 "Concours européen de la chanson philosophique" La philosophie mise en musique dans un dispositif à faire kiffer "l'euro-vision" - 15/10/2019

Massimo Furlan, performer suisse mâtiné d'Italien, était dans ses jeunes années fan de l'Eurovision, de ses paillettes éblouissantes et de ses bluettes sentimentales réunissant joyeusement sa famille autour du petit écran. Près d'un demi-siècle plus tard, c'est la grande avant-scène du Carré qui le projette sous les sunlights en splendide ordonnateur - flanqué d'une superbe créature en robe lamé...  

"Dieu est un DJ" Expérience alternative à celle des amateurs de marathons sous les Sun lights - 13/10/2019

C'était en 1998 et déjà le monde avait basculé. Tout le monde ne le savait pas. Falk Richter écrivait "Dieu est un DJ". En faisant le portrait de deux jeunes gens adeptes/acteurs de téléréalité aux caractères diamétralement opposés - il y a la fille volubile animatrice de télé et l'ingénieur du son dj taiseux -, l'auteur délivre une analyse et une critique féroce et lucide d'une société, alors en...  

"Les Justes" Abd Al Malik adapte en slam l'écriture révoltée d'Albert Camus - 12/10/2019

Albert Camus était homme de théâtre avant de devenir philosophe. La compagnie qu'il a créée à Alger, le Théâtre de l'Équipe, prônait il y a presque un siècle, un théâtre populaire. C'est sans doute de cette expérience de plateau, en plus de sa carrière journalistique, qu'il a acquis ce sens du phrasé à la fois simple et efficace, mais également rythmé et musical. Abd Al Malik, avec son art du...  

"Sabordage" Comme une synthèse de la modernité… une implosion écologique à venir, avenir sombre de notre monde… - 11/10/2019

Elle fut riche et belle, plaisante et paradisiaque, pays de cocagne… puis devint consommatrice et opulente, industrieuse, minière et calamité écologique, pour finir mendiante et désespérée, à l'avenir destructif d'une future terre qui coule à pic… C'est la "belle" histoire de l'île de Nauru*, miroir de notre prochain anéantissement - au délicat (!) mais définitif intitulé "6e extinction de masse"...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024