La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Je peux dire sans me vanter qu'il est question de la mort dans tous mes spectacles… et de la folie aussi" - 12/01/2020

Entretien avec Claude Régy - réalisé le 4 novembre 2016 dans son appartement parisien - à propos de "Rêve et Folie", sa dernière mise en scène. Claude Régy est décédé le 26 décembre 2019 à Paris. Lorsque l'on entre chez Claude Régy, on pénètre dans un lieu qui, à lui seul, dit quelque chose de l'homme qui vit ici. Sous les toits de ce cinquième étage du premier arrondissement - que l'on atteint...  

"Vies de papier" Road-movie immobile entre enquête et conférence passionnées - 24/03/2022

Leur nouvelle tournée passe peut-être pas loin de chez vous. Il faut aller voir Benoît Faivre et Tommy Laszlo et leur manière de rendre palpitant l'examen d'un album-photos anonyme et intrigant trouvé dans une brocante belge… Dans "Vies de papier", ces documentaristes, ces nouveaux Dupond et Dupont mènent une enquête qui, par étapes, avec ses impasses, ses indices, ses objets déconcertants,...  

"Vies de papier" Un road-movie immobile, une épopée de l'autodérision - 09/10/2020

Leur nouvelle tournée passe peut-être pas loin de chez vous. Il faut aller voir Benoît Faivre et Tommy Laszlo et leur manière de rendre palpitant l'examen d'un album-photos anonyme et intrigant trouvé dans une brocante belge… Dans "Vies de papier", ces documentaristes, ces nouveaux Dupond et Dupont mènent une enquête qui, par étapes, avec ses impasses, ses indices, ses objets déconcertants,...  

"La méduse démocratique" Rétablir la complexité et la force de la pensée d'un homme… Robespierre - 28/12/2019

Dans "la Méduse démocratique", le spectateur prend place autour d'une longue table de réunion, en chêne. Solide. De celles où l'on administre débats, où l'on plaide, motive, décide, tranche. Où se développent des arguments, des raisonnements. Dans cette cave [pièce vue et chroniquée lors de sa création au festival de Caves 2018, ndlr] se déroule l'ultime réunion, postmortem, par-delà les siècles...  

"Vies de papier" Un road-movie immobile, une épopée de l'autodérision - 08/01/2020

Leur tournée passe peut-être pas loin de chez vous. Il faut aller voir Benoît Faivre et Tommy Laszlo et leur manière de rendre palpitant l'examen d'un album-photos anonyme et intrigant trouvé dans une brocante belge… Dans "Vies de papier", ces documentaristes, ces nouveaux Dupond et Dupont mènent une enquête qui, par étapes, avec ses impasses, ses indices, ses objets déconcertants, toutes ces...  

"George Dandin ou le mari confondu" Nous aussi "confondus" nous sommes… - 23/12/2019

Déconcertés à coup sûr, nous ne manquons pas de l'être, nous spectateurs de 2019, face à cette présente proposition, laquelle - si elle est impeccable de savoir-faire académique - manque singulièrement d'audace. En effet la farce de ce campagnard au ventre repu qui, pour avoir voulu épouser un titre de noblesse, se retrouve roulé dans la farine par des aristocrates ruinés, a fait long feu. Aucune...  

"Le Pas Grand Chose" Un regard de côté pour illuminer le monde - 21/12/2019

Subvertir la pensée commune par des postures intellectuelles radicales, propres à faire passer ce pseudo conférencier circassien pour un autiste Asperger des plus performants, semble le crédo existentiel de cet artiste hors normes. Par le biais de son regard décalé, il recrée sous nos yeux un monde fabuleux, enchantant notre imaginaire et stimulant nos neurones assoupis. Johann Le Guillerm, dès...  

"Les femmes de Barbe Bleue" Désirs, désirs, étranges désirs qui défient les réalistes et fascinent les fous - 18/12/2019

On entre dans la maison de Barbe Bleue par l'entremise de l'une de ses femmes, la dernière à être tentée par cette fameuse porte close dont elle a l'interdiction d'accès malgré cette clef qui lui brûle et lui glace la paume. C'est soir de fête et le maître de maison est absent. Et la boisson commence à manquer. Et la maîtresse de maison décide de descendre l'escalier de la cave qui mène à cet...  

"Le Sang des vivants, Variations communes !" Allons enfants de la Commune… - 15/12/2019

Ils sont poète, sculpteur, acteur, metteur en scène, musicien, chanteur, peintre… mais avant tout citoyens du même pays que celui qui vit naguère fleurir l'espoir d'un monde gouverné "justement" par celles et ceux qui en constituent le socle. Sous l'impulsion de Matthieu Boisset, ces héritiers - au sens de Pierre Bourdieu - se sont réunis pour "faire Commune" et clamer avec leur arme à eux,...  

"Trois femmes (L'échappée)" Trois destins jonglant entre peur de mourir et désir de vivre - 13/12/2019

Appendice énigmatique que "L'échappée". Que l'on finit par comprendre. Car chacune de ces trois femmes tente d'échapper à quelque chose, chacune sa propre peur : l'une, son passé, l'autre, un avenir plein d'incertitude, la troisième un présent sans espoir. La première, madame Chevalier, interprétée par Catherine Hiegel, est une femme âgée, une grande bourgeoise de la ville dont la santé s'est...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024