La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Femmes de boue"… et toujours debout ! - 26/04/2022

Dans une création pleine d'humour, le collectif "Femmes de boue", implanté à Bourges, traite de la condition féminine au travers de personnages tels que Marie, Médée, Diana ou Dorothée. Une déconstruction du regard patriarcal est effectuée, à l'aide d'un protocole de questions posées directement aux mères des comédiennes, faisant rejoindre ainsi plusieurs générations. Quatre cubes blancs parfois...  

"Novecento Pianiste" Les souvenirs, comme les feuilles mortes, se ramassent à la pelle - 29/04/2022

Comment démarrer cette chronique ? Par une citation ? "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé", Lamartine. Oui ! Qu'en dirait Laurent Orry ? Ah ! Oui. Laurent Orry, c'est l'acteur impeccable vêtu d'un vieux manteau usé et poussiéreux qui, pendant 1 h 15, déploie toute sa force, son énergie mais surtout sa palette d'émotions au service de ce délicieux texte écrit par Alessandro Baricco :...  

"Les bijoux de pacotille" Un bijou, certainement. De pacotille ? Non… Brillantissime ! - 28/04/2022

En 2018, au théâtre du Rond-Point, loin du vacarme urbain, j'ai rencontré, de loin, une comédienne. Une jolie brune au visage fin portant sur elle bien plus qu'une robe, couleur pastel. Cette fillette, devenue femme, porte surtout avec elle, un hommage vibrant à ses parents, trop vite disparus, alors qu'elle n'était qu'une enfant… Étonnant ! D’être au rond-point quand il est question d’accident...  

"Le Sang des Vivants" Mémoires à vif d'une Commune à jamais vivante - 25/04/2022

La Compagnie "Dies irae" de Matthieu Boisset enracine sa dernière création dans les plis de son patronyme, "Jour de colère". Mais comment ne le serait-on pas en colère quand notre République menacée se retrouve en ces jours bruns au bord de l'abîme ? Depuis novembre 2019, dates des premières présentations, cette performance artistique n'a de cesse d'investir des lieux aussi divers qu'un théâtre...  

"Effleurer l'Abysse" entre l'espace sidéral et la sidération de la souffrance intime - 22/04/2022

Ben et Jo s'aiment. Leur couple a survécu à la perte d'un enfant disparu à l'âge de trois mois. Tous deux s'accrochent l'un à l'autre pour ne pas tomber dans le vertige de la souffrance, de la perte. Ils sont pourtant comme deux hémisphères opposés : Ben, astrophysicien, rationaliste, ne parle que d'aller de l'avant, Jo, pianiste, créature du sensible, vit dans le souvenir permanent de cet enfant...  

"J'habite ici" Une farce (et attrape) qui laisse dubitatif, "le doute m'habite" - 20/04/2022

"Dubitatif, en un seul mot…", comme tenait à le préciser Pierre Desproges, humoriste à l'esprit acéré. Après avoir subi le flot de saynètes à la mords-moi le nœud, le doute suscité par ces morceaux choisis effectivement "m'habite"… En fait, non… Aucun doute à avoir : "J'habite ici" de Jean-Michel Ribes est à classer au rang des mièvres et sans intérêt productions boulevardières, voulant péter...  

"C'est comme ça (si vous voulez)" Un Pirandello diaboliquement en équilibre entre vrai et faux - 19/04/2022

Dans cette pièce mal connue, Pirandello pose son regard ironique et inquiet sur la rumeur, les rumeurs. Celles qui courent un peu partout, de tout temps, qui naissent on ne sait où, se répandent comme une peste, sèment le mal qu'elles doivent semer et disparaissent aussi vite qu'elles sont venues. Pour cela, il invente l'arrivée d'un couple accompagné de la belle-mère dans une petite ville. Les...  

"Augustin Mal n'est pas un assassin" Chronique d'un salaud ordinaire empreinte d'une pointe de monstruosité - 18/04/2022

L'art de la dénégation… Formuler ses désirs, ses pensées, ses sentiments jusqu'ici refoulés, édifiant les multiples frustrations… et continuer à s'en défendre en niant que ceux-ci peuvent nous appartenir. Explorer ce fossé qui sépare ce qu'on dit et ce qu'on fait. Porter un regard sur cette subjectivité qui, dans le texte de Julie Douard, est poussée jusque dans ses derniers retranchements et qui...  

"Elles vivent" Représentation d'une fiction-réalité (ou l'inverse) aux allures débonnaires - 14/04/2022

Que recouvre ce "elles" énigmatique annonçant la nouvelle performance de l'Amicale, plateforme coopérative friande d'expérimentations hybrides ? Ce pronom, porte-drapeau de la mécanique "vivante" occupant le plateau, renvoie… aux idées… non celles du cénacle d'aristocrates contemplatifs de La République de Platon, mais celles que, dans le monde commun, tout un chacun manie. Ainsi nous,...  

"L'Alchimiste" Un bien joli voyage théâtral ! - 06/09/2022

Dans une création théâtrale du célèbre roman de Paulo Coelho, le metteur en scène comédien Benjamin Bouzy réussit à créer, dans une simple mais belle scénographie, un voyage autant intérieur qu'extérieur de Santiago, en quête de sa vérité, qui découvre le monde avec ses secrets, ses trésors et ses surprises. C'est le mariage d'un conte philosophique, celui de "L'Alchimiste" ("O Alquimista", 1988)...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024