La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Light Falls (Am Ende Licht)" Entre la dure réalité et le monde chaotique présents dans leurs têtes - 23/05/2022

Le drame social de Simon Stephens, "Light Falls (Am Ende Licht)" prend vie dans le cadre scénique névrotique de Lilja Rupprecht dans lequel seule la tête est le refuge. La cruauté du monde et de la nature humaine est représentée de manière distanciée par les projections vidéo et les personnages masqués qui jouent une version caricaturale d'eux-mêmes. Les membres de l'ensemble du Burgtheater,...  

Sélectionné… pour toujours ! - 19/05/2022

Alfred Nakache, ce nom ne vous dit sans doute rien. Et pourtant, en plus d'être un nageur aux multiples médailles, il a vécu les horreurs des camps de concentration pour en revenir et continuer, peu de temps après, une carrière d'athlète de haut niveau. Dans une mise en scène de Steve Suissa où la scénographie est sobre avec un beau jeu de lumières, le chanteur Amir Haddad, devenu comédien pour...  

"Le Premier Sexe" Ou l'éducation des jeunes mâles dans la société moderne - 19/05/2022

Humour et dérision sont les tons qui dominent ce seul en scène, écrit et interprété par Mickaël Délis. Autodérision également, puisque l'auteur invoque sur le plateau les figures marquantes de son enfance. Une autobiographie à la fois ironique et douloureuse où le dogme de la virilité accourt sans cesse pour imposer ses lois, ses jugements, ses condamnations et bouleverser une enfance et...  

"Britannicus" Ou comment rendre compte de la naissance d'un monstre - 18/05/2022

Agrippine, mère de Néron, s'aperçoit que ce prince qu'elle n'avait élevé au trône que pour régner sous son nom, est décidé à gouverner par lui-même. Ambitieuse et affamée de pouvoir, elle consent à marier Junie à Britannicus, fils de l'empereur Claude, son premier mari, et frère adoptif de Néron, dans le but de se concilier l'affection de ce jeune prince et de s'en servir au besoin contre Néron…...  

"Contes et Légendes" L'adolescence à vif… Jeux de rôle au pays des humanoïdes associés - 12/01/2024

Si le propre d'un théâtre engagé aux côtés de l'humain est de créer un trouble distanciel afin de mieux "réfléchir" les comportements de l'homo sapiens, on peut dire alors que la focale adoptée par Joël Pommerat est - comme à son habitude - des plus adaptées à l'objectif choisi. En effet, "Contes et Légendes", sous couvert de fictions, (re)présentent une mise en abyme joyeuse du réel des années...  

"Contes et Légendes" L'adolescence à vif… Jeux de rôle au pays des humanoïdes associés - 17/05/2022

Si le propre d'un théâtre engagé aux côtés de l'humain est de créer un trouble distanciel afin de mieux "réfléchir" les comportements de l'homo sapiens, on peut dire alors que la focale adoptée par Joël Pommerat est - comme à son habitude - des plus adaptées à l'objectif choisi. En effet, "Contes et Légendes", sous couvert de fictions, (re)présentent une mise en abyme joyeuse du réel des années...  

"Kliniken"… Un peu fou ! - 16/05/2022

Dans une superbe mise en scène, Julie Duclos s'empare de la pièce du poète et dramaturge suédois Lars Norén (1944-2021) pour traiter de la folie humaine refoulée entre les murs d'un hôpital psychiatrique, comme en écho de ce que nous ne voulons pas voir dans notre monde. S'aidant de la vidéo, elle met en relief, par le biais des relations entre les différents résidents, notre rapport à eux, à...  

"Cendres sur les mains" La femme qui murmurait à l'oreille des morts - 06/05/2022

Dead Can Dance : "Les morts peuvent danser" ! Beauté, Lisa Gerrard est ma chanteuse préférée… J'ai assisté à la représentation de "Cendres sur les mains" sans avoir pris le temps de me renseigner. Bien m'en a pris ! Par les temps qui courent, j'aurais pu penser que ce spectacle allait ajouter au blues de la saison et au retour des contaminations, encore un peu plus de dépression. Et non ! Ce que...  

"Bienvenue" Frères humains qui après nous vivez… qu'avez-vous fait de notre (de votre) humanité ? - 05/05/2022

Trois textes fulgurants d'Alfred Alexandre, Erri de Luca et Michel Gendarme, interprétés par six acteurs et musiciens à la sensibilité idoine, sont à l'affiche de cette très belle soirée bordelaise dédiée aux réfugié(e)s. Au-delà des dons récoltés (participation libre du public, recettes du bar reversées au Collectif Bienvenue selon la volonté des artistes et du Directeur de L'Atelier des...  

"La lune, si possible" Quand la fiction fait effraction dans le réel… Collision gagnante ! - 03/05/2022

C'est fou ce que le théâtre peut réserver de (très bonnes) surprises… Une forme des plus modestes, un tableau conférence (où rien ne sera écrit), un acteur lunaire irradiant sa fantaisie ludique de manière imparable (Jérôme Thibault), une autrice rayonnante détournant poétiquement le réel pour mieux le donner à voir (Myriam Boudenia), de simples chaises pliantes disposées en U (celles de la Salle...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024